«Goodnight Mommy» de Severin Fiala et Veronika Franz – Bible urbaine

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«Goodnight Mommy» de Severin Fiala et Veronika Franz

«Goodnight Mommy» de Severin Fiala et Veronika Franz

Maman, je m'occupe de maman

Publié le 10 octobre 2015 par Alexandre Beauparlant

Crédit photo : dejantesducine.canalblog.com

L'enfance est une période propice à l'émerveillement. À travers le jeu et les explorations, les enfants découvrent le monde extérieur, laissant s'imprégner en eux l'imaginaire. Les premiers cauchemars font aussi leur apparition... Heureusement, maman n'est jamais bien loin pour soulager les peurs. Mais que se passe-t-il lorsque maman représente la source du cauchemar? La réponse de Fiala et Franz ne rassurera personne.

C’est le problème auquel doivent faire face les jumeaux Elias et Lukas (Elias et Lukas Schwarz, deux frères ayant conservé leurs prénoms réels). Maman (Susanne Wuest) n’est plus la même depuis son retour de l’hôpital. Son visage recouvert de bandelettes laisse à peine voir ses yeux injectés de sang. Il s’agit d’une opération, dit-elle, en ajoutant qu’elle aura besoin de repos. Beaucoup de repos.

À sa demande, la maison familiale baigne dans une obscurité constante. Les garçons doivent aussi éviter les excès de bruit. Cette demande s’applique plus particulièrement à Elias, car maman ignore complètement Lukas. Elle ne lui parle pas, ne le nourrit pas et s’offusque lorsque son nom est mentionné. C’est cet oubli majeur qui incitera les jumeaux à trouver des réponses à leurs questions. Selon eux, leur vraie mère ne peut agir de la sorte. Quelqu’un l’a remplacée, à n’en point douter! Quelqu’un, ou quelque chose… 

Leur enquête, d’abord timide, prendra peu à peu une tournure violente, avant de carrément basculer vers le sadisme. Esprits sensibles s’abstenir; Goodnight Mommy saura alimenter vos mauvais rêves.

Plus connue en tant que scénariste des trois volets de la série Paradise (Love, Faith et Hope), Veronika Franz s’offre une incursion réussie dans le créneau de l’horreur en cosignant, en compagnie de Severin Fiala, une belle surprise destinée aux amateurs de frissons. On jurerait que Goodnight Mommy est issu de l’imagination tordue d’un maître du genre. Comme quoi les apparences peuvent se révéler trompeuses.

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L’atmosphère générale du film est lancée dès le premier coup de barre. Un clip vintage des années 1950 présente une famille allemande récitant une douce berceuse. La musique se veut apaisante, mais l’image donne des sueurs froides. Un malaise nous gagne. Les regards inexpressifs y sont assurément pour quelque chose. Prenez-en une habitude, car ce mélange entre le beau et le laid ne quittera plus la pellicule. Une randonnée innocente en forêt devient source d’inquiétude à la découverte d’un tunnel vétuste. Un jeu de cache-cache impliquant une barque et un lac laisse planer un sentiment de danger. Un minet ronronnant, juché au sommet d’une pile d’ossements humains au fond d’une crypte sans nom, est recueilli par les jumeaux. Les exemples pleuvent.

Susanne Wuest, Elias et Lukas Schwarz habitent tous leurs rôles à merveille. On assiste à un jeu du chat et de la souris, sans trop savoir qui tient le rôle du chat. L’affrontement a de quoi fasciner.

On pourrait croire jusqu’ici à un film exceptionnel dépourvu de la moindre tare. Mais, il y a un mais… Jusqu’à sa conclusion cauchemardesque, Goodnight Mommy s’évertue à semer des indices permettant de deviner un «gros» punch scénaristique, pourtant clair comme de l’eau de roche. Quiconque apprécie les thrillers et énigmes en aura fait la découverte en un temps ridicule. Peut-être l’avez-vous même décelé en lisant les quelques lignes qui composent cet article. Plusieurs cinéphiles ressentiront donc une certaine déception, venu le moment de son dévoilement. D’autres, au contraire, à l’aide de cette information, savoureront l’ascension de violence avec un niveau d’angoisse accru.

Quel que soit votre camp, le chemin emprunté pour se rendre au bout de la route vaut le détour et constitue assurément la trame de l’un des films d’horreur les plus mémorables de l’année 2015.

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