«Shrew’s Nest» de Juanfer Andrés et Esteban Roel – Bible urbaine

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«Shrew’s Nest» de Juanfer Andrés et Esteban Roel

«Shrew’s Nest» de Juanfer Andrés et Esteban Roel

Un drame meurtrier tout en crescendo

Publié le 27 août 2015 par Éric Dumais

Crédit photo : www.fantasiafestival.com et www.action-cut.com

À chaque édition du Festival international de films Fantasia, il y a toujours une poignée d’œuvres réussies qui dérangent. Parmi celles-ci se retrouve Shrew’s Nest du tandem de réalisateurs Juanfer Andrés (également scénariste aux côtés de Sofia Cuenca) et Esteban Roel, qui a notamment été salué par la critique en sélection officielle aux festivals international du film de Toronto 2014, de Bruxelles et de Hong-Kong en 2015. Dans ce drame tout en crescendo, Montse (une Macarena Gome angoissée à l’os) perd littéralement les plombs après le décès de sa mama tant aimée.

Dans ce décor espagnol des années 1950 vivent deux sœurs endeuillées suite à la mort récente de leur mère et à l’abandon de leur père respectif. Comme dans toute bonne famille, l’aînée deviendra la mère de substitution pour la sœur benjamine (jouée par l’éblouissante Nadia de Santiago). Or, Montse est aux prises avec une agoraphobie majeure la forçant à demeurer chez elle tout le jour durant, tandis que sa seule famille n’a que 18 ans et toute la fougue de la jeunesse devant elle. Un jour, un voisin d’un palier supérieur déboule les escaliers et se retrouve en piètre état devant la porte de Montse. La jambe droite cassée, le prénommé Carlos a besoin de soins d’urgence s’il ne veut pas voir son état aggravé.

Mais plus le temps passe, et plus sa blessure devient alarmante; on s’entend que des produits de beauté 100% organiques n’auront aucun effet sur lui! Il risque l’amputation s’il ne réussit pas à se sortir des griffes de cette sorcière.

Ainsi, seule à la maison ce jour-là, Montse va donc traîner l’inconnu jusqu’à son lit d’invité, non sans avoir eu toute la misère du monde à le cueillir – comme elle n’ose sortir de chez elle, c’est difficile! – et lui prodiguer les soins de base au mieux de sa connaissance. Or, elle ne téléphonera ni à la police et ni à l’hôpital; pire encore, elle cachera la présence de Carlos à sa sœur cadette et aux inspecteurs qui cogneront à sa porte. Plus les jours passent et plus Montse devient fébrile, possessive et alimentée d’une folie meurtrière. Il ne fait aucun doute: l’arrivée de cet homme dans la demeure familiale a réveillé un instinct de meurtre que Montse ignorait jusqu’à présent. En même temps qu’un sentiment de désir malsain se forme peu à peu une bulle de violence dans laquelle elle entraînera tous ses proches. Comment réussiront-ils à sortir des griffes de la bête?

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Shrew’s Nest est un récit violent qui conjugue la relation amour-haine du couple mère-fille dans The Pianist et l’agressivité sans mot qui anime Kathy Bates dans Misery. Ce drame espagnol a été présenté en première québécoise dans le cadre de la 19e édition du Festival international de films Fantasia, après avoir fait la course des festivals à l’étranger. Ce premier opus du tandem Andrés-Roel fait montre d’une parfaite maîtrise des codes du suspense, jusqu’à un dénouement plus ou moins prévisible qui agit comme un coup de théâtre après cette avalanche de péripéties à faire perdre l’haleine à quiconque. Et l’idée fuit très bonne de faire apparaître le père disparu tel un fantôme qui agit en quelque sorte comme catalyseur de la folie qui tend à entraîner Montse dans ses ténèbres, prénom qu’il serait trop facile de mettre côte à côte avec le substantif «monstre». Avec une distribution hors pair et, surtout, une performance ahurissante de Macarena Gomez, Shrew’s Nest est l’une des plus belles surprises du festival et parions que vous aurez retenu votre respiration plus d’une fois durant le visionnement!

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