«Croisée des mots avec...» François Baril Pelletier, auteur du recueil de poésie «La soif de la soie» – Bible urbaine

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«Croisée des mots avec…» François Baril Pelletier, auteur du recueil de poésie «La soif de la soie»

«Croisée des mots avec…» François Baril Pelletier, auteur du recueil de poésie «La soif de la soie»

Une causerie littéraire gratuite à regarder en rediffusion dès maintenant!

Publié le 24 janvier 2025 par Éric Dumais

Crédit photo : Tous droits réservés @ AAOF

Dans cette série, Bible urbaine pose 5 questions à un∙e auteur∙e franco-ontarien∙ne qui a été l’invité∙e d’Hugues Beaudoin-Dumouchel à l’émission «Croisée des mots», une causerie littéraire gratuite proposée par l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français (AAOF) et ses partenaires. Au menu: lecture, entrevue et discussions en direct avec le public! Aujourd’hui, on vous propose de faire la connaissance du second invité, l’auteur François Baril Pelletier, lequel a été jumelé à la poétesse et écrivaine québécoise Denise Desautels dans le cadre d'une discussion passionnante et instructive qui s'est tenue virtuellement le mercredi 22 janvier à 19 h. Vous avez raté ce rendez-vous? Il n'y a pas de souci, puisque vous pouvez la regarder en rediffusion dès maintenant!

François, c’est un plaisir de vous accueillir à cette tribune! À étudier de près votre parcours, on peut dire sans se tromper que vous aimez suivre votre instinct! Vous avez grandi à Montréal, puis vous avez habité à Regina, en Saskatchewan, avant de revenir au Québec pour étudier les arts visuels au Cégep de Saint-Laurent, à l’UQAM et à l’Université d’Ottawa. Par la suite, votre soif de savoir vous a attiré vers les études anciennes, lesquelles vous ont mené en France et en Italie. Dites-nous: êtes-vous satisfait du chemin parcouru jusqu’à aujourd’hui?

«Je suis sur un nuage. Je peux dire, avec mon parcours de voyages et de silences, de défis –immensurables – surmontés, que je suis fier de mon parcours. Immensément. Chaque goutte de sueur, métaphoriquement parlant, est devenue comme un baptême pour une vie grandie par l’espoir et l’amour.»

«Je suis parti de loin, et j’ai tant parcouru (dans le registre humain) que ça en donnerait le vertige. Mais ce que je sens, avec ces deux nouveaux recueils, c’est une profonde reconnaissance, ayant déjà vécu la communion profonde, si on peut dire, une réconciliation avec la vie, en tous ces aspects, avant, pendant et après un combat amer avec le système. J’en sors maintenant profondément heureux et comblé.»

«En ce qui a trait à la question plus géographique de ma vie personnelle, Joséphine Bacon m’aura déjà dit, autour d’un verre de scotch, chose qui m’a marquée, que j’étais en quelque sorte moi aussi un peu nomade… Une chose est à dire: je crois que le voyage humain – ou même céleste – est la clé du parcours.»

Il faut le dire: rien n’arrive pour rien dans la vie. La preuve, au terme de ce parcours fort enrichissant, vous avez trouvé une forme d’aboutissement, si on peut s’exprimer ainsi, à travers l’écriture poétique. Votre démarche esthético-poétique a d’ailleurs donné vie à bon nombre d’ouvrages publiés aux Éditions David et aux Éditions L’Interligne, tels que Déserts bleus, Dans le mortel palace, Les gorges fiancées, Levants ou encore La soif de la soie, votre plus récent ouvrage paru le 15 janvier. Parlez-nous de la place centrale qu’occupe l’écriture dans votre quotidien, et aussi des thèmes qui vous tiennent à cœur.

«Tous les thèmes, ultimement, pourraient me concerner d’une façon ou d’une autre, car nous vivons dans un monde ouvert où toutes les questions sont importantes. Ceux que je me plais à explorer sont ceux qui semblent arriver à moi, comme par une craque lumineuse, mais qui sont profondément gravés en moi. Parmi eux, l’Écrit, justement: toute marque laissée par le Vivant. Je suis passionné de l’histoire humaine, avec ses liens secrets, sacrés, ses mystères, ses caches. Donc, j’aime le silence et la lumière des cryptes, mais je suis friand aussi du terroir, de la nature indéchiffrable et omniprésente, de la présence humaine ou divine, du chemin parcouru, justement, de l’ouverture vers l’étendue, vers le ciel.»

«Et j’essaie, surtout, d’éclairer les vieilles plaies et de me laisser inspirer par la grandeur de la beauté, de la lumière, qui nous contaminent si l’on s’y rend et s’y donne.»

«De 2009-2015, période durant laquelle j’ai écrit plus d’une vingtaine de recueils, d’essais, de récits, j’écrivais quasiment toute la journée. Maintenant, je me suis un peu calmé. Les périodes d’urgence créatrice arrivent de façon plus séquencée et durent quelques minutes, mais j’écris alors des dizaines de pages au même moment. Sinon, je suis toujours à travailler un recueil précédemment écrit, en le respectant.»

Suivant la parution de votre dernier recueil de poésie, vous avez été convié, par l’AAOF et ses partenaires, à participer, aux côtés de la poétesse et écrivaine Denise Desautels, à la seconde Croisée des mots de cette 7e édition, un rendez-vous en ligne où le public est invité à joindre, durant une heure, une causerie littéraire inspirante à souhait. Dites-nous tout: comment avez-vous initialement accueilli cette proposition, et comment s’est déroulée la discussion? On est curieux!

«J’avais déjà lu, en présence de Denise au Festival international de Poésie de Trois-Rivières de 2019, si je ne me trompe pas, ma fameuse suite poétique Grand fleuve, grande rivière, laquelle a été publiée, après coup, dans la revue Possibles, mais nous ne nous étions pas rencontrés.»

«Je dois dire que j’ai eu une certaine appréhension lorsqu’on m’a révélé le nom de l’auteurice invité∙e, car je ne connaissais pas tant l’œuvre ni la personne. Et avec des titres comme Disparaître, ou encore L’angle noir de la joie, je dois dire que cela m’avait quelque peu rebuté, comme j’avais senti cela comme une froideur sobre très distante de ma propre philosophie, qui est une ouverture à l’au-delà (et je percevais ses œuvres comme plutôt existentielles). Mais à la lecture de son plus récent recueil de poésie, toutes mes illusions ont été dissipées, puisque, malgré la gravité du sujet, une profonde humanité se dégage de cette conversation complice entre l’artiste Sylvie Cotton et elle-même, et on y perçoit toute la force de cette solidarité et de cette intimité entre les deux artistes.»

«J’ai compris que Mme Desautels avait un peu la même quête que moi, sauf qu’elle l’a exprimée et vécue différemment. Elle œuvre dans la lumière, bien que ses titres, et ses sujets, soient graves.»

Vous qui avez lu, pour l’occasion, Disparaître, le recueil de poésie de Denise Desautels paru aux Éditions Noroît en 2021 – dont chaque chapitre est magnifiquement illustré par l’artiste Sylvie Cotton – pouvez-vous nous révéler ce qui a éveillé vos sens lors de votre lecture?

«Comme exprimé dans la rencontre, j’ai trouvé les œuvres de Sylvie Cotton percutantes. Il y a une profonde richesse dans les textures, dans la matière et dans le côté très hardcore de la réalité, de la vie, qui est véhiculé, mais cela est fait très doucement, dans cette correspondance entre le visuel et l’écrit.»

«Bien entendu, l’intimité entre les deux artistes, comme je crois l’avoir déjà souligné, nous en dit long sur l’espoir. C’est un recueil que je vais me procurer très bientôt, si j’en ai l’occasion, car c’est définitivement un livre à lire et à relire. Un coup de cœur, même si je ne crois pas en la disparition, car toute chose était contenue en germe, non seulement dans le fœtus et dans l’ADN de nos ancêtres, mais depuis l’origine de la vie, et même avant, lors de la formation de l’Univers.»

«Donc, le voyage ne fait que commencer.»

Il n’y a pas à dire: c’est une chance inouïe qu’on ait accès, gratuitement en plus!, à ces Croisées des mots. Cette rencontre virtuelle est l’occasion rêvée, rappelons-le, de rassembler des auteurs et auteures de la francophonie – et leurs fidèles lecteurs – pour engager un dialogue passionnant et enrichissant autour de notre littérature, de notre culture, de nos valeurs. Qu’aimeriez-vous dire à notre public pour l’inviter à regarder en rediffusion ce rendez-vous incontournable?

«Je crois que c’est une rencontre où, même si nous étions timides, car nous nous connaissions peu, nous nous sommes tout de suite apprivoisés et avons pu échanger sur des thèmes universels, dont le voyage et le chemin parcouru, grâce entre autres à l’animateur Hugues Beaudoin-Dumouchel, qui nous a permis de mieux nous connaître et de nous exprimer chacun∙e à notre façon. Un moment mémorable, je crois.»

«Si on rassemble l’œuvre de Denise Desautels et la mienne, on devrait se retrouver devant une grande diversité de thèmes et de sujets. Et les questions philosophiques (pour ma part, les réponses, car Denise dit préférer les questions) devraient foisonner dans cette alliance comparative.»

«Pour ma part, les sujets abordés sont définitivement des choses passionnantes que je voudrais creuser. Par exemple, les raisons d’écrire. Denise disait que l’écriture, selon Nicole Brossard, venait soit des blessures ou des revendications adolescentes. Pour ma part, mon écriture naît de la beauté du monde, et de l’inspiration – qui, elle, naît des liens spirituels entre le tout et moi.»

«Comme quoi nous pourrions encore nous rencontrer de nombreuses fois et toujours avoir une nouvelle histoire. Et après tout, n’est-ce pas cela la vie, le voyage, et même, encore, l’Écrit?»

Chers lecteurs, ne ratez pas la seconde Croisée des mots de cette 7e saison qui s’est tenue le mercredi 22 janvier dernier avec François Baril Pelletier et Denise Desautels, qui ont répondu en direct aux questions de l’animateur Hugues Beaudoin-Dumouchel – et les vôtres, bien sûr! – lors d’une causerie littéraire gratuite et accessible par Zoom. Profiter de l’occasion pour la regarder en rediffusion en cliquant ici!

*Cet article a été produit en collaboration avec l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français (AAOF).

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