«Dans la peau de...» Marine Sibileau, fière Franco-Ontarienne qui aime se perdre dans son imagination – Bible urbaine

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«Dans la peau de…» Marine Sibileau, fière Franco-Ontarienne qui aime se perdre dans son imagination

«Dans la peau de…» Marine Sibileau, fière Franco-Ontarienne qui aime se perdre dans son imagination

Adeptes de true crime, son roman «L'assainisseur» est fait pour vous!

Publié le 13 février 2025 par Éric Dumais

Crédit photo : Mathieu Taillardas

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur d’être dans sa peau, l’espace d’un instant. Aujourd'hui, on s'est glissé dans la peau de l'auteure Marine Sibileau, fière Franco-Ontarienne qui vit aujourd'hui à Toronto et qui se plaît à faire vivre notre belle langue française à travers ses écrits. Récemment, les Éditions David ont levé le voile sur sa plus récente parution, «L'assainisseur», un roman choral inspiré de séries télé telles que «Dexter» ou «You» et au sein duquel elle explore «les méandres ténébreux de l'âme humaine» par le biais d'échanges entre un journaliste et un tueur en série sadique.

Marine, on te souhaite la bienvenue à cette série d’entrevues! Tu es originaire de France, mais depuis dix-neuf ans – le temps passe, n’est-ce pas! – tu as choisi de poser tes valises de l’autre côté de l’Atlantique, à Montréal d’abord, puis depuis dix ans à Toronto, où tu t’épanouis dans l’écriture en tant qu’écrivaine, mais aussi comme scénariste à la création de séries télévisées éducatives en français. Parle-nous brièvement des faits marquants de ton parcours professionnel, et aussi de l’importance que revêt pour toi la langue française au Canada.

«C’est en utilisant moins le français au quotidien à Toronto que je me suis rendu compte que j’avais le besoin viscéral d’utiliser ma langue maternelle, car elle traduit mon identité. J’ai toujours adoré imaginer des histoires. Venir à l’écriture a été très naturel dans mon parcours.»

«J’ai d’abord étudié dans une école de cinéma à Paris, puis à l’Université York à Toronto, où j’ai obtenu un baccalauréat en littérature française. Je finalise en ce moment un mémoire de maîtrise sur la littérature franco-ontarienne.»

«L’attachement à la langue française de Franco-Ontarien∙ne∙s me touche beaucoup, et la cause est devenue très réelle pour moi. Aujourd’hui, je ne peux plus dissocier le français de ma vie professionnelle. Je m’investis de plus en plus dans la communauté littéraire franco-ontarienne, notamment en étant présidente du Prix Jeune talent littéraire du Salon du livre de Toronto pour la deuxième année consécutive.»

«En étant scénariste et écrivaine en français, j’apporte ma pierre à l’édifice identitaire franco-ontarien, et j’espère inspirer un jour ma petite fille bilingue à être fière de sa langue maternelle.»

Lorsque ton esprit n’est pas occupé à vagabonder dans les tiroirs de ton imaginaire à la recherche d’une bonne histoire à raconter – comme celle de Francis Jego dans Les nuages du métro (L’Interligne, 2023), tu te plais à peindre des tableaux inspirés du pointillisme, un courant artistique popularisé vers la fin du XIXe siècle par des peintres tels que Seurat, Signac et Pissarro. Par curiosité, est-ce que cette technique caractérisée par ces petits points serrés que tu aimes tant est révélatrice d’un trait de caractère chez toi?

«Ah ah, c’est une excellente question! J’aime me perdre dans mon imagination, comme le personnage de Francis, c’est vrai.»

«Ma fascination pour les mouvements de peinture dont le pointillisme est très symbolique, je crois, de mon imaginaire intérieur. Ce que j’aime de ce style, c’est qu’en fonction du point de vue, on peut y voir un éclatement de la réalité, ou au contraire une reconstitution du monde à sa façon. C’est beau, fou, coloré. Complètement unique! Comment ne pas tomber amoureux de ce style de peinture si hypnotisant?»

«Je travaille d’ailleurs en ce moment avec un illustrateur sur un livre pour enfants qui intègre le pointillisme. Je crois qu’il n’est jamais trop tôt pour éveiller les jeunes à la magie artistique.»

Le 11 février dernier, les Éditions David ont dévoilé l’une de leurs premières nouveautés de la saison d’hiver 2025, ton roman L’assainisseur, publié dans la collection «Indociles». À travers ce récit qui procurera un frisson de plaisir aux amateurs et aux amatrices de true crime, le lecteur plonge dans «les méandres ténébreux de l’âme humaine» en suivant un face-à-face à deux voix entre le journaliste chevronné Ajay Kapoor et le tueur en série sadique P. Comment t’est venue l’inspiration pour l’écriture de cette histoire, et qu’est-ce qui t’a donné l’envie d’explorer le thème de la folie… à deux?

«J’ai toujours eu de la curiosité pour le true crime. J’ai longtemps écouté les podcasts de la Québécoise Victoria Charlton, qui vulgarise des enquêtes de meurtres ou de disparitions résolues ou non. J’ai aussi dévoré, lorsque j’étais plus jeune, la série Dexter. Le personnage est la représentation d’une dichotomie très intéressante: un psychopathe qui utilise ses pulsions meurtrières pour tuer des criminels et non des innocents. Ça renverse la tendance et ça change notre paradigme sur le sujet.»

«J’ai rédigé mon roman L’assainisseur en regardant la série You. Comme pour Dexter, j’ai été captivée par la personnalité du protagoniste, qui est aussi son propre antagoniste. C’est un meurtrier qui est persuadé d’être victime de la situation. Et c’est vrai que l’on ressentirait presque de l’empathie pour lui à certains moments. J’aime ce contraste qui explore la complexité humaine avec brio.»

«J’ai également adoré les multiples voix dans le roman La fille du train de Paula Hawkins. Je trouvais que le format du roman choral avec plusieurs points de vue était parfait pour la thématique de L’assainisseur et permettait de rentrer vraiment dans la tête des deux protagonistes pour comprendre leur façon de penser.»

Obnubilé par son désir de percer la psyché déviante de cet être d’une grande noirceur qui dit vouloir rendre «service à l’humanité en éliminant ces parasites qui rendent notre monde moins beau», Ajay, au fil des entretiens, en vient à avoir de la difficulté à discerner le bien du mal, comme si la frontière s’était floutée et que la folie était devenue… contagieuse. Très, très intrigant! Que peux-tu nous dire – sans trop nous divulgâcher la surprise – sur cette ambiguïté qui finira par envelopper nos certitudes telle une épaisse couche de brouillard?

«Je ne crois pas que tout soit noir ou blanc dans une société. C’est une vision trop simple et réductrice du monde. Ajay, le journaliste, et P., le meurtrier, cristallisent toute cette ambiguïté. Le premier fait face à ses propres défis du quotidien qui lui font parfois perdre pied, et le second est persuadé d’être un sauveur qui aide l’humanité.»

«J’aime l’idée d’avoir un “méchant” qui n’est pas effrontément mauvais, mais qui croit en sa propre bonté d’être, et d’un «gentil» qui n’est pas blanc comme neige, car… qui l’est vraiment?»

«Le monde de la réalité a ses limites; le monde de l’imagination est sans frontières», disait le philosophe genevois Jean-Jacques Rousseau. Et c’est d’autant plus vrai chez l’écrivain, qui a sans cesse de nouvelles idées en tête. Est-ce qu’il y a un thème qui te tient à cœur et dont tu aimerais parler lors d’une prochaine publication? On l’avoue, on est curieux, mais on ne le dira à personne, promis!

«Je suis en train d’écrire un roman dont l’action se déroule à Toronto et à travers lequel j’explore une autre facette de la psyché humaine. L’histoire se focalise sur une femme qui recommence à zéro après le décès de son mari. Sauf qu’elle se met à constater des choses bizarres dans sa nouvelle maison. Est-ce que le fantôme de son défunt mari la hante, ou frôle-t-elle la folie?»

«Une chose est certaine, j’explore une nouvelle faille psychologique dans ce nouveau roman, et je trouve que l’ambiance victorienne de certains quartiers de Toronto est le cadre parfait pour cette thématique!»

L’assainisseur de Marine Sibileau, publié aux Éditions David, est présentement disponible en librairie au coût de 24,95 $ (papier). Pour découvrir nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/nos-series/dans-la-peau-de.

*Cet article a été produit en collaboration avec les Éditions David.

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