«The Green Inferno» d'Eli Roth – Bible urbaine

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«The Green Inferno» d’Eli Roth

«The Green Inferno» d’Eli Roth

Un film de cannibales qui sent la viande pourrie

Publié le 28 septembre 2015 par Alexandre Beauparlant

Crédit photo : Variety.com

Le réalisateur américain offre un hommage édulcoré aux films d'exploitation italiens d'antan, mais plus particulièrement à Ruggero Deodato, l'homme responsable de l'infâme Cannibal Holocaust.

Eli Roth jouit d’une cote d’amour enviable dans le cercle de l’horreur. Son premier film Cabin Fever, sans être révolutionnaire, laissait entendre une nouvelle voix rafraîchissante et sympathique. Par la suite, il entamait une collaboration étroite avec Quentin Tarantino. Ce dernier agissait à titre de producteur sur les projets de Roth (la série Hostel) ou bien lui permettait de réaliser de courts segments dans ses propres longs-métrages (Grindhouse et Inglourious Basterds). Un écart de presque 15 ans sépare The Green Inferno et Cabin Fever, deux films réalisés sans l’aide et les conseils du mentor influent. Force est d’admettre que la réputation d’Eli Roth est surfaite et devrait être révisée à moins d’un revirement inattendu de situation.

Justine (Lorenza Izzo), une étudiante naïve, tombe sous le charme d’Alejandro (Ariel Levy), le meneur d’un groupe d’activistes environnementaux. Bien que peu passionnée par ce genre d’occupation, notre héroïne se laisse entraîner dans une cause folle et dangereuse. L’objectif? Protéger une tribu aux prises avec l’avancée inexorable de machinistes forestiers armés de mitraillettes. Une jeune femme racontera à la blague avoir peur des petits avions, car ceux-ci lui semblent plus susceptibles de s’écraser. Elle n’aura su mieux dire!

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Il faut attendre un peu moins d’une heure avant de faire la connaissance d’un premier cannibale, suite au crash. Un long préambule, donc, qui absorbe près des deux tiers de la durée du film. Verra-t-on alors le déferlement de violence graphique tant attendu? On aurait pu y croire en observant le sort réservé à la deuxième victime des mangeurs d’hommes. Le pauvre diable se fera retirer les globes oculaires, couper la langue, démembrer à coups de machette artisanale puis décapiter. Tout ça alors qu’il est conscient et agonisant, bien sûr. Une scène assez éprouvante et répulsive, qui constitue à proprement parler le seul moment choquant du film. Les autres horreurs seront commises hors champ, discrètement, ou bien se verront affliger par une pauvre animation 3D. On osait davantage il y a 40 ans déjà, époque où Deodato avait commis son film sensation, émulé tristement en version diète aujourd’hui.

On reconnaît la touche Eli Roth ici et là, au moyen de certains détours étonnants et autres cabotinages scénaristiques qui font office de diversion mineure et non pas d’une sortie en grande pompe des sentiers battus. La formule classique du slasher est ainsi adoptée, nos jeunes idéalistes se faisant charcuter un à un, sans tambour ni trompette. D’où une impression accrue de remâché. La finale ne fait aucun sens et passe même à un cheveu de reproduire le pire cliché que tous les écrivains, cinéastes et raconteurs dignes de ce nom vous diront éviter comme la peste. Devinez lequel? À noter, la participation de la chanteuse Sky Ferreira dans le rôle de la meilleure amie de Justine. Parions qu’elle n’abandonnera pas le micro au profit de la caméra de sitôt.

Trop extrême dans sa violence pour les néophytes, trop fade pour les connaisseurs, The Green Inferno semble s’adresser à une niche inexistante. Dommage.

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