MusiqueL'épopée musicale de
Crédit photo : Tous droits réservés @ Page Facebook de Kendrick Lamar
Mentions honorables: The Kendrick Lamar EP et les mixtapes (2003 à 2010)
Section.80 est peut-être le premier album du chanteur, mais plusieurs sorties ont précédé cet effort. Du lot, quatre mixtapes sortis sous le pseudonyme K.Dot entre 2003 et 2009 ne sont pas vraiment des essentiels.
The Kendrick Lamar EP (2009), première sortie sous le nom officiel Kendrick Lamar, et son dernier mixtape, Overly Dedicated (2010), sont des écoutes plus intéressantes sur lesquelles le génie de l’artiste commence à poindre.
Mention honorable: Black Panther: The Album (2018)
On ne peut évidemment pas compter cette trame sonore dans la discographie du rappeur, puisqu’il n’est pas l’artiste principal sur toutes les chansons. Il est cependant crédité comme auteur et chante sur chacune d’elles, même si parfois ses contributions vocales sont minimes.
Cependant, cette parution devait être mentionnée dans cette liste, puisqu’elle contient certaines de ses chansons les plus incontournables, telles qu’«All The Stars» avec SZA, «King’s Dead» avec Future, Jay Rock et James Blake, ainsi que «Pray for Me» avec The Weeknd.
7. Section.80 (2011)
Sur ce premier album officiel, K.Dot se présente comme un jeune homme en pleine découverte de sa voix et de son langage.
Avec ses cors et ses tambours militaires, Section.80 nous montre un jeune Lamar qui observe le monde qui l’entoure et qui tente de donner un sens à ce qu’il voit. Bien qu’il soit par moments un peu trop sérieux, le rap de Kendrick y est bien ficelé et intelligent.
Cela peut s’avérer être une expérience extrêmement satisfaisante que de voir quelqu’un accomplir sa destinée, et écouter Kendrick Lamar rapper sur «Rigamortus», c’est comme regarder un oiseau s’envoler pour la première fois: c’est tout à fait naturel.
Bien sûr, il avait encore une marge de progression. Sur Section.80, il a déjà l’ambition de faire une œuvre importante, mais c’est sur ses efforts suivants qu’il va réussir à y parvenir.
6. untitled unmastered. (2016)
Si untitled unmastered. avait été développé au-delà de sa courte durée de 34 minutes, il serait probablement parmi les meilleurs opus de K.Dot. En plus d’être son projet le plus dépouillé et le plus brut, c’est ironiquement l’un de ses plus cohérents.
Les huit morceaux, dont les dates d’enregistrement font office de titres, sont techniquement des rejets de To Pimp a Butterfly. Ils ont d’ailleurs la même facture sonore jazz et funk. Cependant, plusieurs rappeurs aimeraient compter sur d’aussi solides compositions.
Même sous forme d’esquisses, ces chansons sans titres contiennent plus de puissance et démontrent une plus grande capacité technique que la plupart de ses pairs en sont capables. Ce sont des rejets qui méritent notre attention.
5. GNX (2024)
Alors que plusieurs s’attendaient à ce que le rappeur profite de sa présence au Super Bowl pour lancer un nouvel opus en grande pompe, il l’a plutôt sorti sans avertissement à la fin novembre 2024.
Connu pour ses paroles complexes et ses thèmes conceptuels lourds, Kendrick Lamar propose ici un projet plus direct et plus viscéral. Bien qu’il s’agisse indéniablement de K.Dot, avec des jeux de mots intelligents, des rythmes percutants et des moments de génie, GNX n’a pas l’ambition de chefs-d’œuvre comme To Pimp a Butterfly ou good kid, M.A.A.D city.
C’est une collection de morceaux qui reflètent l’état d’esprit actuel de Kendrick – en colère, réfléchi et moins soucieux de la perfection. S’il n’est pas aussi révolutionnaire, ça n’en fait pas un mauvais album pour autant.
«Squabble Up» et «TV Off» accrochent immédiatement et sont dans la même lignée que son mégasuccès «Not Like Us», alors que des chansons plus introspectives, telles que «Heart Pt. 6» ou «Reincarnated» amènent une profondeur à la proposition.
4. Mr. Morale & the Big Steppers (2022)
Aucun autre rappeur n’aurait pu sortir une œuvre comme celle-ci. Volontairement inégal et expérimental, Mr. Morale & the Big Steppers est l’album le plus personnel de Kendrick Lamar et sur lequel il se montre le plus vulnérable.
L’impétuosité et la bravade que l’on retrouvait sur DAMN. sont ici remplacés par des appels à l’universalité semblables à des prières sur «Purple Hearts», des représentations artistiques de relations amour-haine sur «We Cry Together», ou encore des leçons thérapeutiques basées sur l’introspection sur «Count Me Out».
Contrairement à ses autres projets, Kendrick se présente sous sa forme humaine la plus accessible, ne cachant pas ses travers ni ses défauts. Il fait preuve d’une fragilité courageuse et sans précédent.
C’est un album qui gagne à être écouté au complet et dans l’ordre, même s’il est un tantinet long.
3. DAMN. (2017)
DAMN. conclut ce qui est sans doute la meilleure trilogie du hip-hop moderne. Du lot, il est sans doute le plus accessible. Les succès «DNA», «HUMBLE.» et «LOYALTY.» sont des vers d’oreille indéniables, mais en toute franchise, c’est le cas pour la plupart des chansons de l’album.
Cependant, cela ne signifie pas que c’est un simple disque pop. Il y aborde des sujets lourds, tels que les relations raciales dans une Amérique post-Obama et sa foi personnelle en déclin.
Musicalement, DAMN mélange les éléments plus doux de Section.80 avec les aspects d’hymne rap de good kid, m.A.A.d. City, ainsi que la prose plus mature de To Pimp a Butterfly, tout en y attaquant de nombreux territoires inédits, comme sur la magnifique «LOVE», ou la collaboration avec U2, «XXX.».
2. good kid, m.A.A.d city (2012)
Pour bien des gens, good kid, m.A.A.d city, est le premier véritable album de Lamar. C’est du moins avec cet effort que beaucoup l’ont découvert (je m’inclus dans ce groupe!) D’ailleurs, la différence entre Section.80 et ce deuxième opus est immense.
Plus âgé et plus sage, et avec un budget plus conséquent, Kendrick prend de plus grandes respirations et de plus grands virages pour aborder les questions et les sujets qu’il effleurait sur Section.80.
De plus, des producteurs de renom comme Pharrell, Just Blaze et Dr. Dre se joignent à lui pour l’aider à créer des chansons amusantes, touchantes, tapageuses et éloquentes, qui composent un album qui parvient à ne pas s’effondrer sous le poids de ses ambitions.
«Backseat Freestyle», «Bitch Don’t Kill My Vibe» et «Swimming Pools (Drank)» ne sont que quelques-unes des excellentes pièces qui ont fait de cet opus le nouveau standard d’excellence dans le hip-hop auquel il fallait à présent se mesurer, du moins jusqu’à ce que Lamar le surpasse lui-même…
1. To Pimp a Butterfly (2015)
Il y a plusieurs gros morceaux dans la discographie de Kendrick Lamar, mais c’est difficile de ne pas mettre au sommet une œuvre qui lui a valu le prix Pulitzer en musique. Il demeure à ce jour le seul artiste qui ne soit pas issu de la musique classique ou jazz à avoir remporté ce prix!
To Pimp a Butterfly n’est pas seulement le meilleur album de Lamar; c’est aussi l’un des meilleurs opus de tous les temps, tous genres confondus. Ce n’est pas pour rien qu’il a été une influence majeure sur le superbe testament musical de David Bowie, Blackstar.
Bien sûr, Kendrick est avant tout reconnu comme un fabuleux parolier, mais la facture musicale n’est pas en reste ici. Un savant amalgame de hip-hop, jazz, funk et soul tapisse une toile de fond parfaite pour les textes incroyables du rappeur.
De «Wesley’s Theory» jusqu’à «Mortal Man», chaque seconde est importante dans la trame narrative. «Alright» et «The Blacker the Berry» capturent de belle façon la délicate balance entre rage et espoir qui est au centre de l’œuvre, alors que «King Kunta» et «i» s’assurent que les auditeurs qui souhaitent bouger un peu plus ne soient pas en reste.