LittératureDans la peau de
Crédit photo : Éditions David
Mathieu, à quel moment de ta vie as-tu eu le déclic et l’envie de te lancer dans l’écriture?
«Sous différentes formes, j’ai toujours été un passionné de création d’histoires. Par exemple, je fais de l’improvisation depuis une quinzaine d’années: je crée donc de courts scénarios de façon spontanée. J’adore cette forme de spectacle, mais les histoires que l’on invente se volatilisent aussitôt. J’organise aussi des soirées de théâtre interactif, où une aventure se tisse au fil des rencontres des comédiens.»
«Encore une fois, les scènes qui y sont produites ne restent que dans l’imaginaire des gens qui étaient présents. Je me suis dis un jour: et si je mettais sur papier une histoire qui restera, que mes enfants pourront lire. C’est d’ailleurs en cours d’écriture que ma première fille est née. Je l’imagine déjà, adolescente, tenir mon livre en main.»
Tu as passé 10 ans de ta vie à rédiger L’ère de l’Expansion: quelles ont été tes sources d’inspiration et comment l’histoire a-t-elle mûri durant cette décennie?
«Je suis un grand amoureux des voyages et des relations humaines. Toutes les villes que j’ai vues et tous les gens que j’ai croisés au fil de ces années ont été des sources d’idées. La plupart des lieux de mon roman sont des endroits que j’ai visités et la plupart des personnages sont inspirés de gens que j’ai rencontrés. Un excellent exemple est lors de mon passage en Nouvelle-Calédonie. J’y étais pour offrir une formation en réduction des émissions de gaz à effet de serre au groupe d’environnement d’une mine en construction. Après la formation, j’ai fait un tour en Sea-Doo autour de la barrière de corail et je me suis arrêté sur l’îlot Amédée. L’endroit était paradisiaque, parfait. En regardant le phare au centre de l’îlot, je me suis immédiatement dit: une scène de mon roman va se dérouler ici.»
Quels sont les codes du genre littéraire qui t’ont attiré pour que tu te lances dans la science-fiction?
«Ce que j’adore le plus dans la création, c’est d’imaginer un monde, construire un univers. C’est d’ailleurs les romans qui prennent place dans un monde inventé par leur auteur qui m’ont le plus marqué dans ma vie. Deux choix principaux s’offraient donc à moi: créer un monde fantastique ou prédire un monde futuriste. J’ai choisi la science-fiction pour m’amuser à deviner ce que deviendra le monde. L’intrigue de mon roman est centralisée sur une nouvelle technologie (que je vous laisse découvrir!) et les impacts de celle-ci autant dans la vie de tous les jours que sur l’avenir de l’humanité. On parle, entre autres, de nouvelles avenues pour la conquête de l’espace.»
«Je travaille aussi présentement sur un autre projet d’écriture qui plonge justement dans l’autre voie: un univers réaliste, mais avec une tendance légèrement fantastique. Ce prochain roman se déroulera au Québec, à notre époque. Il nous fera faire le tour de la province dans une ambiance d’enquête policière, mais on découvrira rapidement qu’il y a un peu de magie dans l’air!»
Dans ce premier roman qui se déroule en 2208, l’environnement est au cœur des préoccupations. Toi qui es détenteur d’un baccalauréat en génie chimique et d’une maîtrise en environnement de l’Université de Sherbrooke, de quelle façon tes connaissances en science ont-elles servi la trame de l’histoire?
«Je travaille dans beaucoup de facettes de l’environnement, mais principalement avec tout ce qui touche les changements climatiques et les émissions de gaz à effet de serre. Je suis conscient de l’importance de la menace climatique et qu’il s’agit de la plus grande problématique mondiale de notre ère. Sans parler des impacts engendrés: la désertification, le dépeuplement, la hausse du niveau des océans et les phénomènes météo extrêmes.»
«Il était donc naturel que le monde futuriste que j’allais imaginer aurait comme prémisse les impacts (inévitables?) de l’inaction actuelle. Mon roman débute justement suite à un traité signé à Tokyo qui interdit l’immigration entre les quatre pôles de l’époque: l’Étoile d’Amérique, le Soleil d’Orient, l’Union transeuropéenne et l’Alliance du Sud. La surpopulation devient donc un enjeu majeur qui sera au cœur de l’intrigue.»
Comment décrirais-tu une séance d’écriture typique et, selon toi, quelles sont les conditions idéales pour laisser libre court à ton imagination?
«Avant même de débuter l’écriture, il y a un long processus de gestion du flux des idées, de la création de la structure. Cette étape préalable à la rédaction se fait en tout temps, quand je croise des gens, quand je découvre des lieux. Quand je finis par m’asseoir pour formuler mes idées, ma structure narrative est déjà bien claire dans ma tête. Ensuite, les conditions d’écriture peuvent varier: tranquille chez moi ou dans un café au cœur du tumulte. Les révisions et les réécritures se font dans le calme total par contre!»