«Non finito» de Claudine Robillard et Anne-Marie Guilmaine au Théâtre aux Écuries – Bible urbaine

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«Non finito» de Claudine Robillard et Anne-Marie Guilmaine au Théâtre aux Écuries

«Non finito» de Claudine Robillard et Anne-Marie Guilmaine au Théâtre aux Écuries

Voyage au bout de la vie

Publié le 26 avril 2017 par Pierre-Alexandre Buisson

Crédit photo : Jonathan Lorange-Millette

Des projets inachevés, on en a tous. Je ne compte plus les idées qui me semblaient de prime abord stupéfiantes, et qui ont été abandonnées en cours de route faute d’énergie, de temps ou de pertinence. Des balbutiements prometteurs qui se sont retrouvés aux oubliettes, mis de côté pour de multiples raisons, que ça soit par manque de collaborateurs ou de moyens.

Né d’une idée commune de Claudine Robillard et Anne-Marie Guilmaine, Non finito est un étrange hybride théâtral, à mi-chemin entre l’installation et la performance, qui se penche sur la fâcheuse tendance qu’a l’humain à procrastiner, et qui s’interroge sur ce que deviennent nos projets inachevés.

La prémisse fait rêver, et l’introduction, où Claudine Robillard nous présente un diaporama en énumérant ses multiples projets avortés (de l’herbier au voyage transcanadien, en passant par plusieurs projets de roman restés au stade de l’ébauche) est douce-amère et fort amusante. Ce sont d’excellents préliminaires qui nous mettent dans l’ambiance et, une fois qu’on est prêts à passer à l’acte, on nous propose un changement de décor et de ton plutôt drastique.

D’autres intervenants, qui étaient jusque-là assis parmi le public, se joignent à notre maîtresse de cérémonie à une table de conférence, pour parler de leurs projets abandonnés et des regrets qu’ils éprouvent (ou pas). Il y a Richard, qui aurait voulu être rockeur; Evangelos, qui n’a pas pu profiter de conseils paternels dans son adolescence; et un couple formé de Niloufar et Abolfazl, deux ressortissants iraniens – Niloufar consigne par catégories les projets dont elle n’est pas venue à bout, et Abolfazl rêve encore de construire une immense maison pour sa famille.

À travers tout ça, Robillard nous parle d’un projet de performance, Faire de grandes choses, qu’elle ne sait pas comment terminer, et dont l’installation demeure sur scène, baignée d’une lumière féérique et trempée dans une brume artificielle.

Passer à la loupe nos espoirs interrompus peut s’avérer décourageant, mais les artisans qui font ici le point préfèrent en rire, et tenter de trouver la motivation, avec un public pendu à leurs lèvres, de finalement aller au bout de leur ambition. Ça donne des moments assez surréalistes – et qui s’éternisent malheureusement un peu trop – où tous les acteurs et non-acteurs posent des petits gestes qui semblent un peu dissimuler une absence de propos et meubler le temps. Il y a tellement à dire à propos de la procrastination, et de la vie rêvée des œuvres inachevées, que le propos de la pièce semble lui-même incomplet.

Peut-être est-ce une bonne blague métaphysique que nous n’avons pas saisi, qui cherche à souligner le message de la pièce en faisant vivre à son spectateur un certain vide, mais nous sommes ressortis de l’expérience un peu insatisfaits, avec la cuisante impression qu’un sujet aussi potentiellement riche méritait un peu plus de contenu, et moins de performances démonstratives et d’éclairages tapageurs.

L'événement en photos

Par Jonathan Lorange-Millette

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