De plus en plus de festivals comme le FEQ font le choix de mettre l’inclusivité et donc la diversité culturelle au centre de leur programmation, montrant par le fait même qu’ils sont à l’écoute et prêts à faire un effort pour faire monter sur leur podium toutes les communautés d’artistes afin qu’ils ou elles se sentent représenté.es et accepté.es.
Le vent commence à tourner en ce sens et c’est bien tant mieux, car cela permet à des artistes et groupes de qualité de faire entendre leurs voix.
Pour sa 54e édition, le Festival d’été de Québec fait une fois de plus honneur à la diversité en faisant monter sur ses scènes plusieurs femmes et artistes issus de la diversité de genre et culturelle, ainsi que de la communauté LGBTQ2S+.
Notre photographe Emmanuel Gagné était sur place pendant deux jours pour profiter de cette belle programmation… et pour voir Rage Against the Machine, bien sûr!
15 juillet
NOBRO
Quelle joie que celle de commencer notre festival avec le punk énergique de NOBRO! Le quatuor de Montréal était en grande forme et nous a gâtés avec une poignée généreuse de pièces tirées de son plus récent album, Live Your Truth Shred Some Gnar, pour le bonheur de tous les spectateurs qui commençaient rapidement à s’amasser devant les scènes SiriusXM et Loto-Québec.
THE OBGMS
Le trio torontois The OBGMs, qui pourrait être décrit comme un croisement entre Nirvana et Jimi Hendrix, a offert une prestation de feu, mélangeant des titres de son album paru en 2020, The Ends, mais surtout d’excellent nouveaux singles d’un plus récent disque à paraître d’ici la fin de l’année.
THE BEACHES
Impossible de ne pas reconnaître immédiatement les quatre femmes de The Beaches, notamment en raison de leurs tenues vestimentaires toujours choisies avec soin (et goût!), avec leur couleur primaire respective.
Une chose est certaine, les musiciennes ont pris la grande scène Bell d’assaut, tout sourire, avec un set aux sonorités garage rock qui en a impressionné plus d’un. Les chansons étaient accrocheuses, livrées avec aplomb et brio.
GARBAGE
Après 30 ans de carrière,
Garbage était finalement de passage pour la première fois à Québec! Alors qu’ils sont présentement en tournée avec Alanis Morissette, il n’y a pas à dire: Shirley Manson et sa troupe nous ont fait revivre de beaux souvenirs des années 1990!
Plusieurs se souviendront d’ailleurs de la marque que le groupe a laissée sur la scène alternative à l’époque et, depuis, le groupe n’a jamais cessé d’être actif et il a même sorti un excellent album l’an dernier, intitulé No Gods No Masters, son septième en carrière.
C’est suite à un accueil chaleureux que les guitaristes Duke Erikson et Steve Marker, le bassiste Eric Avery (ex-Jane’s Addiction) et le batteur Butch Vig (celui a produit Nevermind de Nirvana) on prit place sur scène, suivit de l’iconique Shirley Manson. Enchaînant des pièces de leur plus récent opus, c’est «Stupid Girl» qui a été le premier succès à être joué, suivi peu de temps après par leur premier hit, «Queer», avant lequel Shirley a prit le temps de saluer la communauté LGBTQ2S+ qui supporte la formation depuis ses débuts. D’autres succès ont été joués tels que «I Think I’m Paranoid», «Only Happy When it Rains» et «Push it».
En somme, Garbage a livré une superbe performance avec une exécution chirurgicale de la part de ses musiciens.
SUM 41
Le groupe ontarien Sum 41 avait le mandat de clôturer la soirée à saveur punk du côté de la scène Loto-Québec, laquelle était remplie au maximum de sa capacité (et il faut dire que bon nombre de gens se sont fait refuser l’accès au site avec comme seule consolation de regarder le concert, debout dans la rue, sur des écrans géants!)
Avec ses vingt ans de carrière au moins, Sum 41 est une machine bien huilée, il va sans dire. Ça allait de soi qu’on allait être bien servi en matière de punk rock à saveur pop.
Enchaînant des hits comme «The Hell Song», «We’re All to Blame» et «In Too Deep», il n’en fallait pas plus pour que les 15 000 personnes réunies sur place se mettent à chanter en coeur, à se lancer en crowd surfing, sans oublier les rituels punk que sont les moshpits et les circle pits.
L’énergie du groupe était constante, leur charisme aussi, et on a particulièrement apprécié les effets visuels qui ajoutaient du poids à leur prestation. Pour terminer la soirée, on a eu droit à «Pieces», une reprise de «We Will Rock You», le classique punk «Fat Lip» et bien sûr le succès «Still Waiting».
16 Juillet
MARILYNE LÉONARD
La chanteuse originaire de la Rive-Sud de Montréal était en nomination cette année pour le prix Espoir FEQ, et nous avons vite compris pourquoi.
Marilyne Léonard chante et rap sur des airs
indie pop, et on se laisse immédiatement emporter dans son univers.
L’auteure-compositrice-interprète a sorti son premier mixtape, Vie d’ange, il y a quelques mois, où elle nous parle de sa vie, de ses émotions et de ses relations, entourée d’artistes de talent.
Sans contredit notre découverte du week-end!
MAGI MERLIN
La chanteuse, qui a sorti un nouvel EP en mai, intitulé Gone Girl, est arrivée tout feu tout flamme sur la scène Loto-Québec, accompagnée de deux choristes, d’un batteur et d’un bassiste, tous extrêmement efficaces.
Ses pièces aux rythmes funk, soul, R&B et rap lui ont valu une belle réponse de la part de la foule.
JAY SCOTT
Le chanteur, accompagné d’un laptop et de sa guitare, était attendu de pied ferme par les spectateurs réunis devant la scène SiriusXM. À défaut d’avoir une présence sur scène à tout casser, Jay Scott arrive à charmer avec sa simplicité et son talent brut.
La preuve, dès la première chanson, la foule s’est mise à chanter en cœur avec lui et elle s’est époumonée ainsi jusqu’à la toute fin.
VULGAIRES MACHINS
Les Vulgaires Machins étaient présents à titre de groupe remplaçant, et ce, pour notre plus grand bonheur! Le groupe a mis fin à ses vacances estivales pour nous offrir une solide leçon de punk rock, directement sur la grande scène. Grand favori de la scène alternative locale depuis plus de 25 ans maintenant, leur présence au FEQ a fait le bonheur de plusieurs.
Après avoir enchainé des succès comme «Arrachez-moi les yeux» et «Triple meurtre et suicide raté», le chanteur Guillaume Beauregard a fait référence au fait que Rage Against the Machine allait bientôt jouer, et ils nous a demandé: «Savez vous comment on traduit Rage Against the Machine en français? On dit “anéantir le dogme”, qui est le titre d’une de leurs pièces les plus appréciées.
Au final, c’est à une performance sans faille qu’on a eu droit, pleine d’énergie avec une mention spéciale à la merveilleuse chimie qui opérait entre le chanteur et la guitariste Marie-Ève Roy.
Surveillez bien leur prochain album, leur premier en dix ans, à paraître cet automne.
ALEXISONFIRE
On peut dire qu’on a été gâtés de voir la formation canadienne
Alexisonfire deux fois en deux jours, une première fois au MTELUS jeudi soir dernier et, cette fois, devant des dizaines de milliers de personnes au Festival d’été de Québec!
C’est d’ailleurs la quantité de gens réunis pour les voir qui a visiblement laissé le chanteur George Pettit pris d’une réelle émotion dès son arrivée sur scène: «Des dizaines de milliers de personnes qui sont réunis pour la musique rock, c’est quelque chose. C’est unique au Canada et ça se passe ici au Québec. Vous devez être fiers de ça!» C’est après avoir repris ses esprits que ses musiciens et lui ont débuté le concert avec la pièce inaugurale «Accidents», avant d’enchaîner avec d’autres hits de leurs anciens albums, comme «Old Crows» et «Pulmonary Archery». On a ensuite eu droit à «Committed to the Con», une pièce de leur tout nouvel album, Otherness.
Dix chansons ont été jouées au total, c’est un peu court, bien sûr, mais quelle performance c’était! Une ambiance électrique du début à la fin, une énergie incessante et un réel désir de donner tout ce qu’ils ont, c’est ça, Alexisonfire. Le concert s’est terminé avec l’immense «Young Cardinals».
RAGE AGAINST THE MACHINE
On y arrive enfin. On savait qu’un concert légendaire était sur le point d’avoir lieu et on avait peine à y croire!
Après leur dernier passage en 1996 à l’auditorium de Verdun,
Rage Against the Machine n’est jamais revenu en sol québécois et il s’est même séparé en 2000. C’est sept ans plus tard qu’une lueur d’espoir apparaît avec une tournée-réunion, mais elle ne se rendra jamais jusqu’au Canada, et les gars se sont ensuite retirés pour s’investir dans d’autres projets. Après avoir annoncé leur réunion en 2019, une présence au FEQ en 2020, qui a été reportée à ce week-end en raison d’une certaine pandémie de COVID-19, on a eu chaud lorsqu’on a appris que le chanteur
Zach de La Rocha s’était blessé à une jambe lors d’un concert à Chicago. La blessure est bel et bien réelle, mais le groupe a confirmé sa présence. Avec un Zach assis, mais bien là. Fiou! Nous y voilà, donc. Et là, c’est vrai!
Comment décrire l’énergie et la fébrilité qui émanaient du public juste avant l’entrée sur scène du groupe? C’est du jamais vu. L’électricité dans l’air laissait entrevoir une tempête de bras levés dans les airs, de chants hurlés à tue-tête, de mosh pit forts en intensité, de crowd surfing continu, d’un peu de chaos et… de rage.
C’est dans cette ambiance survoltée que le groupe a fait son entrée sur scène. Zach de La Rocha au bras de deux gardes de sécurité, pour venir s’asseoir au-devant de celle-ci.
«Fear is your only God», pouvait-on lire en grosses lettres en arrière-plan. C’est alors que les premières notes de «Bombtrack», pièce d’ouverture de leur premier album paru en 1992, se sont fait entendre, et c’était maintenant parti pour 90 minutes de pur bonheur.
Sans relâche, RATM a enchaîné les knock outs, avec des chansons comme «People of the Sun», «Bulls on Parade» et «Bullet in the Head». Le batteur Brad Wilk martelait sa batterie avec une immense autorité, Tim Commerford était plus tranquille avec sa basse, mais tout aussi efficace. Le jeu de guitare de Tom Morello n’a plus besoin de présentation: ses riffs sont tranchants, ses solos sont créatifs à souhait, avec l’utilisation de plusieurs techniques et d’effets iconiques, et tout ça est livré avec une énergie qui compense pour son chanteur qui est en position assise.
D’ailleurs parlons-en de Zach. Il avait l’air d’une bête forcée de rester en place. Avec ses dents sorties, on voyait son désir de se joindre à nous. On y entrevoyait sa rage. Son body langage était sans équivoque, et ça paraissait que ce dernier était animé par chacun des mots qu’il chantait.
Avec des paroles qui sont tout aussi pertinentes des décennies plus tard, il est difficile de ne pas être en furie contre le système!
Après nous avoir gâté avec des pièces comme «Know Your Enemy», «Sleep Now in the Fire» et «Freedom», le groupe a clôturé sa performance avec la légendaire «Killing in the Name».
C’est sur cette note que «le meilleur show de l’année» pour plusieurs fans a pris fin. C’était une performance magistrale qui sera imprégnée à vie dans la mémoire de ceux et celles qui étaient présents.
Parions qu’on se remémorera à nouveau cet événement grandiose, et ce, des années plus tard, toujours avec ce large sourire sur le visage!