Le 20e anniversaire de l’album homonyme de Garbage

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«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire de l’album homonyme de Garbage

«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire de l’album homonyme de Garbage

Où la pop intelligente prend tout son sens

Publié le 26 mars 2015 par Isabelle Lareau

Crédit photo : Almo Sounds

Lorsque le groupe a fait son apparition sur la scène musicale, la presse artistique affirmait déjà que Garbage attirerait l’attention, et ce, grâce aux membres qui le composaient. Pour ma part, je n’en connaissais aucun, sauf le batteur. Étant une admiratrice inconditionnelle de Nirvana, j’étais immensément curieuse d’entendre Butch Vig, le réalisateur de Nevermind (paru en 1991, définitivement l’un des meilleurs albums de tous les temps), derrière la batterie.

En fait, Vig était, à l’époque du moins, celui qui possédait la plus grande notoriété puisqu’il avait également réalisé Gish et Siamese Dream (The Smashing Pumpkins), ainsi que Dirty et Experimental Jet Set, Trash and No Star (Sonic Youth).

Le groupe prend forme dès 1993. Tout d’abord un trio, Garbage est, à l’origine, composé de deux ex-membres de Spooner, soit Duke Erikson (guitariste) et Butch Vig (batteur), ainsi que de Steve Marker (guitariste). Musiciens qui aiment la complexité et le bidouillage technique, ils sont également des réalisateurs talentueux. Quant à la chanteuse, Shirley Manson, c’est Marker qui, après l’avoir remarquée sur les ondes de MTV, insiste pour qu’elle passe une audition.

À cette époque, elle était la leader d’Angelfish. Après une première audition ratée, elle retourne auprès de sa formation, qui se sépare en 1994. Elle décide donc de recontacter le groupe afin de passer une deuxième audition, qu’elle réussit haut la main. Un an plus, Garbage est lancé et remporte un vif succès; il s’écoule à quatre millions de copies.

L’ajout de Manson a été déterminant pour le son et l’image de Garbage. Et un soulagement aussi, puisque les gars n’étaient pas à l’aise avec l’idée de chanter et espéraient plutôt qu’une voix féminine complète le trio. En fait, ils désiraient s’éloigner de la tendance punk qui était omniprésente dans les années 90. Ils voulaient quelqu’un qui puisse chanter et non pas crier. Par ailleurs, ce souhait – s’éloigner du son punk – était aussi valable pour la musique. La formation a fait un effort conscient de créer des chansons de type pop noire.

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À ce sujet, Vig affirma qu’il affectionnait la musique pop et que, selon lui, les meilleurs groupes sont ceux qui parviennent à incorporer des éléments punk, funk, techno et hip-hop à leur musique. L’ambition de Garbage était donc d’emprunter cette voie. Et bien que l’on peine à discerner des rythmes hip-hop sur ce premier disque, on entend clairement l’influence du trip hop et de l’électro dans leur son. Le rôle du punk, quant à lui, se matérialise au niveau des textures sonores. Aviez-vous remarqué que «Stupid Girl» contient des échantillons de «Train in Vain» de The Clash?

Quoi qu’il en soit, Garbage possédait une formule gagnante. Il y a une certaine aura intello-cool qui émane de la formation grâce à ses trois musiciens-réalisateurs. Et, bien sûr, il y a Manson, la rebelle à la voix enchanteresse et à la chevelure de feu, dont l’attitude rock fascine. Gargabe renferme des pièces mélodiques, complexes et étoffées, et ce, sans aucune lourdeur. Le jeu de guitares est intéressant et savamment dosé, on le remarque, mais il ne porte pas ombrage au rythme ou à la voix de Manson. Les titres tels que «Supervixen», «Vow» et «Stupid Girl» sont grinçants et captivants à la fois, tandis que les morceaux «Not My Idea» et «My Lover’s Box» sont d’une tristesse ensorcelante. L’extrait «Milk», à saveur trip hop, est particulièrement voluptueux et éthéré!

Et c’est ainsi que, grâce à Garbage, faire de la pop intelligente prend tout son sens.

Prochaine chronique à surveiller le 16 avril prochain: «Bringing It All Back Home» de Bob Dylan. Consultez toutes nos chroniques précédentes au labibleurbaine.com/Les+albums+sacrés.

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