Sorties
Crédit photo : Élizabeth Delage
Pour ce dernier concert de la saison, le quatuor mettra en opposition des pièces de deux compositeurs très différents, encore vivants, et tout aussi intéressants l’un que l’autre. «John Zorn est un compositeur et musicien new-yorkais que nous avons déjà joué à quelques reprises. Pour cette soirée nous avons choisi de l’opposer à R. Murray Schafer, dont nous sommes les spécialistes mondiaux, explique Olga. Les “Quatuors no 4 et 5” de Schafer, qui sont des œuvres très lyriques et d’une grande beauté, ont une esthétique très différente de celles de Zorn qui, lui, explore plutôt avec les sons, et passe de thèmes très drôles à des thèmes très dramatiques dans son œuvre.»
Le monde de Zorn
On remarque facilement ces variations de thème dans les pièces de Zorn qui seront jouées. Selon Olga, la première de la soirée, «Cat O’Nine Tails», est une bonne façon d’entrer dans l’univers du compositeur. «C’est une œuvre très drôle où les sections se succèdent comme dans un collage, ou une mosaïque. On y passe d’une musique plus agressive à une musique comique, country ou même tango. C’est un peu comme un voyage musical à travers les styles.» Tandis que la deuxième, «The Dead Man», est beaucoup plus exploratoire. «Là, ce n’est plus drôle du tout. Les sections sont comme treize petits textes où Zorn explore différentes sonorités.» On passe donc de sons très purs à d’autres plutôt sombres et grinçants; sons que la violoniste décrit comme étant «très imagés», presque comme une bande dessinée, avec ses petites sections racontant chacune une histoire.
La beauté de Schafer
Le quatuor entretient depuis près de vingt ans une véritable histoire d’amour avec R. Murray Schafer. Dès sa fondation, l’ensemble a joué les pièces du compositeur canadien. Pour leur performance du 26 mai, ils présenteront les «quatuors no. 4 et 5», en alternance avec les morceaux de Zorn. «Le “Quatuor no. 4” est d’une grande vigueur; c’est une pièce très lyrique, avec une section centrale rapide et énergique. Même les gens qui n’ont jamais entendu de musique classique sont au bout de leur chaise en l’entendant. C’est une musique qui touche les gens droit au cœur», s’enthousiasme Olga. Et le «no. 5» lui? «Il y a toujours quelque chose de très spécial dans ses quatuors. Celui-ci est aussi très lyrique, mais peut-être un peu plus complexe rythmiquement que l’autre. À la fin, nous avons des percussions faites avec l’archet qui crée des sons très aigus d’une grande beauté.»
Un effet qui risque de rester en mémoire très longtemps puisqu’il terminera la prestation.
Le Quatuor Molinari offre également, comme à son habitude, une soirée «préparatoire» au concert gratuit à la Chapelle historique du Bon-Pasteur quelques jours avant l’évènement. «Les gens connaissent habituellement moins ces œuvres-là, donc nous allons jouer des extraits, parler des compositeurs, expliquer les différentes techniques, et inviter les gens à nous poser des questions, nous explique Olga. Ça ouvre un dialogue avec les musiciens et ça fait toujours des discussions intéressantes!»
Une bonne option pour les néophytes qui aimeraient s’initier à la musique nouvelle tout en douceur.