Marina and the Diamonds et Christine and the Queens au Métropolis

Trois actes révélateurs

Sur une scène à deux étages avec ses musiciens la surplombant, Marina est apparue, splendide dans son ensemble à deux couleurs, le tout agrémenté d’un serre-tête Mickey. Elle a commencé tout de suite avec «Mowgli’s Road», une pièce tirée de son premier album The Family Jewels. Même avant qu’elle nous explique la structure de son spectacle, on devinait que ce ne serait pas la promotion que d’un seul album.

C’est ainsi qu’elle a interprété cinq chansons tirées de ce premier opus avec une énergie adolescente qui allait à merveille avec les animations visuelles enfantines et colorées. Un moment d’émotion perceptible s’est fait ressentir lors d’«Obsessions», qu’elle a chantée assise derrière son clavier. Cela a permis au public de prendre conscience de toute la puissance de la voix de la jeune femme.

Le passage de l’Acte 1 à l’Acte 2 s’est fait sur un solo de son bassiste particulièrement entraînant. Elle est revenue dans un body rose très dénudé et a lancé Electra Heart avec son succès «Bubblegum Bitch». On a vu la femme résolument sexy et forte. Le visuel est resté dans la même veine que l’Acte 1 et la foule était plus délurée que jamais. La conclusion qui nous venait à la fin de ces deux premières parties est que Marina and the Diamonds avait un style qui ne pouvait laisser ses spectateurs dans un entre-deux: on aime ou on n’aime pas. Cependant, elle assume son univers comme nulle autre.

Après un troisième changement de costume survenu durant une transition très bien orchestrée, la chanteuse a lancé l’Acte 3 avec «Froot», chanson dont son plus récent album porte le nom. Le changement d’ambiance a été immédiat. Les projections sont apparues plus sobres et minimalistes. La voix de la chanteuse se faisait plus entendre. Même son one-piece bleue transpirait une certaine maturité. Et il en faut de la maturité et du recul pour construire un spectacle évolutif tel que celui-ci. Comme si elle voulait montrer le chemin parcouru pour devenir l’artiste qu’elle était. 

Une première partie pas comme les autres

On peut dire que c’est l’année montréalaise de Christine and the Queens, car c’est la troisième fois qu’elle foule le sol de notre ville. D’abord surpris de la voir qu’en première partie – alors qu’elle est capable de remplir à elle toute seule le Métropolis – on en vient à se rendre compte de la logique d’une telle collaboration. En effet, la jeune Française vient de se lancer à la conquête de nos voisins du sud. Pourtant, elle a pris le temps d’adapter son spectacle en y insérant plus de chansons françaises. Rien que pour nous faire plaisir.

Avec son charme indéniable, c’est avec «It» qu’elle a lancé sa prestation. Ses danseurs l’ont rejointe sur «Science-fiction». Et ils ont du bouger dans un espace plus petit que la dernière fois, mais qu’importe! C’est qu’ils n’ont besoin ni d’écran ni de décor. L’espace de jeu, c’est leurs corps qui épousent l’électro-pop et le groove de leur univers.

La quarantaine de minutes a passé en un clin d’oeil, mais elle a pris le temps de nous parler, à sa manière intime de le faire, avant d’enchaîner avec une nouvelle édition de «Paradis perdus». C’était un savoureux mélange de Christophe et de Kanye West. On a eu droit à plusieurs chansons inédites, dont «Intranquillité» qui ne l’est pas vraiment, mais qui se retrouve uniquement sur le vinyle qu’elle a sorti en février dernier.

Elle a conclu sa prestation en revenant à l’une de ses toutes premières chansons, «Loving Cup» et on s’est dit que c’est véritablement une artiste accomplie. Elle a laissé entendre qu’elle revenait bientôt nous voir, et on a très hâte.