SortiesHumour
Crédit photo : Louis Longpré
Sept interprètes s’alternent les visages de deux personnages borderline, pris dans leurs contradictions générationnelles. Un gars et une fille. Une rencontre qui défie la normalité donne lieu à un huis clos sous la lumière froide d’une buanderie, un rayon X pour les imperfections, comme le dit le texte. De cette rencontre nait une attraction qu’ils choisissent de mettre à l’épreuve en restant cloitrés dans ce lieu où laver son linge équivaut à se laver soi-même, à se vider de ce monstre qu’on a tous en nous et qu’on essaie de faire paraitre plus beau qu’il ne l’est réellement.
La visée artistique des acteurs qui viennent de Montréal et de Québec tend à un jeu d’acteur ancré dans le moment présent. Le Monstre adopte ce code en étant constitué d’une suite de séquences performatives qui mettent en valeur le côté un peu schizophrène des personnages. Dans les répliques teintées d’autodérision et de confrontation, on a l’image d’une génération qui carbure à la vitesse, la consommation et aux questions en perte de sens. Puis on a la séduction, associée à l’amour autrefois, devenue aujourd’hui artifice. Comment démêler le vrai du faux, surtout dans les rapports sociaux?
L’auteur et metteur en scène Olivier Arteau-Gauthier offre un texte coup-de-poing qui nous met face à face avec cette insécurité qui pousse à jouer des jeux, à endosser des rôles. Porté par cette distribution énergique, on contemple l’absurde et la complexité derrière notre approche à notre corps et à celui des autres. La performance scénique est éclatée et décadente. Présentée comme «un théâtre-performatif-olfactif-qui-jute», l’exploration des sens liés au désir laisse nos acteurs sales, haletants, montrant un visage réel. Le monstre est en chacun de nous.
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de la rédaction