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Crédit photo : Mathieu Pothier
Le chemin du combattant: l’arrivée sur le site
Avis à ceux qui se rendront à HEAVY MONTRÉAL ce week-end: comme l’été passé, le site est temporairement situé sur l’île Notre-Dame et, pour s’y rendre, du métro, ça semble prendre une éternité. On doit passer la Biosphère à la sortie du métro Jean-Drapeau, puis un «pseudo» viaduc tout en escaliers. Ensuite, il faut traverser un pont, puis enfin on y est… presque! Il reste juste une petite marche de 5 à 10 minutes, selon votre rythme, pour se rendre aux scènes. Ouf!
L7: les mamies savent toujours rocker!
En début d’après-midi, il y avait tout de même pas mal de monde pour voir les premiers bands de la journée. Et quand L7 s’est présenté sur scène, le parterre était déjà bien rempli pour accueillir la formation californienne qui a connu un franc succès dans les années 1990. On chantait en chœur sur le parterre, surtout les filles. Et même si la chanteuse Donita Sparks a perdu un peu de sa voix, son groupe et elle n’ont rien perdu en énergie. La formation entièrement féminine en a encore dedans. Elles ont évidemment joué «Pretend We’re Dead» et nous ont prouvé que les mamies savent toujours rocker. Elles nous ont aussi présenté deux nouvelles chansons, dont la pas mal bonne «I Came Back to Bitch», réponse de Sparks quant à la reformation du groupe.
Du ska sous le soleil
On retrouvait ensuite les chouchous de la foule, les Montréalais de Planet Smashers, tous vêtus de noir (on avait chaud pour eux!), et leur ska punk dansant. Il faisait beau, il faisait chaud, tout le monde souriait, tout le monde dansait, et certains chantaient sur les rythmes contagieux du groupe, qui faisait aller sa section de cuivres. L’ambiance familiale et bon enfant qui régnait sur le parterre, devenu une piste de danse, contrastait un peu avec des chansons comme «Super Orgy Porno Party», mettons… Ou avec l’odeur constante de pot qui flottait dans l’air.
En fin d’après-midi, c’était au tour de The Interrupters de nous faire danser avec son mélange de ska et de pop-punk californien. Ça grouillait d’enfants, des petits punks de la relève avec leur mohawk coloré ou leur t-shirt des Ramones ou encore des Misfits, qui se dandinaient au son du ska punk efficace de ce band familial, composé de deux frères jumeaux, Bovina à la basse et à la batterie, avec le grand frère à la guitare. Seule la chanteuse Aimee Interrupter n’est apparemment pas de la famille.
Protester en choeur
Entre les deux groupes ska, on est passé au punk politique américain d’Anti-Flag, qui a pris la scène d’assaut. Et les gars du groupe sont fâchés. Et les sourires de la foule ont fait place aux doigts d’honneur brandis lors du morceau «Fuck Police Brutality». D’ailleurs, on aime peut-être plus leurs positions politiques que leur musique, mais peu importe, on ne pourra pas leur enlever le fait qu’ils donnent vraiment un bon show et que les fans ont été comblés.
Finalement, la journée s’est terminée sous une pleine lune avec le groupe américain Rise Against, qui fait plus dans le rock d’aréna que dans le punk à proprement parler. Le parterre semblait divisé, l’avant criant et chantant avec le band, l’arrière, plus tranquille, certains commençant déjà à quitter le site. Les vrais amateurs de punk ont peut-être été rebutés par le côté très corporate du groupe, qui a tout de même réjoui ses amateurs.
Le punk est-il mort?
Le festival ’77 Montréal devrait peut-être être rebaptisé Punk ’97, car il restait très peu de vrais punks en ce 27 juillet, mis à part The Rezillos et D.O.A, ainsi que le jeune Jeff Rosenstock, tous coups de cœur et tous relégués sur la petite scène du Jardin. Le festival se situe plus dans la mouvance du punk métal des années 1990-2000 ou du pop-punk américain, un style du punk très édulcoré. Dommage, car il existe encore plusieurs formations qui donnent dans un punk à l’esprit ’77. Et même là, à part les enfants des vieux punks, il ne semblait pas vraiment y avoir de relève chez les spectateurs. Le punk est mort? Vive le punk!
Ce que nous avons vu et entendu à ’77 Montréal:
- En début d’après-midi, le gars devant moi est déjà en train de fumer un quatre papiers.
- Un gars fait aller sa canne dans les airs en suivant le rythme, il ne doit pas être trop handicapé…
- Une fille se promène avec un cône orange sur la tête, guidée par ses amis.
- Les bands ne disent plus «Achetez nos albums», mais plutôt «Achetez nos t-shirts»