«Les artistes sacrés»: l’héritage musical de Scott Weiland

Scott Weiland était un chanteur fantastique et, en quelque sorte, un artiste complet. Il avait un charisme incroyable et il était séduisant. Sa présence sur scène et à l’écran était remarquable et il savait danser! Personne ne sait bouger comme il le faisait; il apparaissait si souple, si agile et si naturel! Cependant, ses deux principales forces étaient probablement sa voix et son grand talent de parolier.

Chanteur doué, il fut le leader de Stone Temple Pilots, du «super groupe» Velvet Revolver et de The Wildabouts, son dernier groupe, celui avec lequel il était en tournée au moment de son décès. Je crois que l’héritage de Weiland, son plus significatif, est l’oeuvre qu’il a créée avec son tout premier groupe. Malgré le succès immense que Velvet Revolver a connu, je n’ai pas été en mesure d’apprécier leur musique, je percevais un certain manque de sincérité…

Peut-être était-ce parce que ce groupe était également constitué de la majorité des anciens membres de Guns N’ Roses (et du guitariste Dave Kushner), et qu’il y avait une réputation à protéger. Quoi qu’il en soit, il y avait une impression de restriction qui émanait de leur musique, comme si la liberté artistique avait été mise de côté au profit de chansons rock de type format radiophonique.

En ce sens, Stone Temple Pilots était un bien meilleur groupe, bien que je ne sois pas certaine qu’il aura une influence incontournable sur les prochaines générations de musiciens. En fait, c’est plutôt une formation avec laquelle les mélomanes des années 90 ont pu établir une connexion émotionnelle. La voix de Weiland, un baryton, lui permettait de chanter avec une certaine profondeur et, surtout, avec émotion.

Il pouvait cependant changer de registre et atteindre des notes plus hautes, ou encore chanter de façon beaucoup plus rauque, et ce, au gré des chansons. Comme le fait remarquer le magazine Rolling Stones, il s’est distingué par sa signature vocale; il chantait les couplets avec une voix grave et les refrains sur un ton beaucoup plus haut, un style qui a marqué la musique rock des années 90. De plus, son utilisation du mégaphone, tel un instrument, a certainement forgé l’identité sonore de la formation de San Diego.

Peut-être que Stone Temple Pilots n’a pas réussi à atteindre un degré de renommée similaire à celle de ses comparses de l’époque, Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden et The Smashing Pumpkins, parce que le son n’était pas le même. Bien qu’étiqueté comme l’un des groupes de mouvement grunge, du moins à leurs débuts, Stone Temple Pilots était un vrai groupe rock, tout simplement. Ceci étant dit, ils ont vendu des millions de disques (des six albums sur lesquels Weiland a participé).

Cependant, Scott Weiland avait une personnalité publique plus flamboyante qu’Eddie Vedder ou Kurt Cobain. Puisant son inspiration à même des icônes associées au psychédélique, au glamour et au rock des années 60 et 70 telles que David Bowie, Mick Jagger et Jim Morrison, il avait une présence que peu de chanteurs peuvent se prévaloir.

Étonnamment, certains des compliments les plus touchants, et justes, proviennent de chanteurs reconnus pour aimer critiquer. Fred Durst a proclamé, il y quelques années: «Scott Weiland, the melody man. If you can’t sing it, nobody can», tandis que Billy Corgan a admis être un fan (vraiment). Ce dernier a même avoué sa profonde admiration dans une lettre ouverte, écrivant: «And that is if you asked me who I truly believed were the great voices of our generation, I’d say it were he, Layne [Staley], and Kurt [Cobain]. So it goes beyond tragedy to say it is we who lost them, and not the other way round…».

Comme plusieurs autres musiciens, il nous a quittés trop tôt. Il s’agit d’une mort infiniment triste… En guise de réconfort, il nous reste son héritage tout en musique.