«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire de Mellon Collie and the Infinite Sadness – Bible urbaine

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«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire de Mellon Collie and the Infinite Sadness

«Les albums sacrés»: le 20e anniversaire de Mellon Collie and the Infinite Sadness

La démesure poétique de Billy Corgan

Publié le 29 janvier 2015 par Isabelle Lareau

Crédit photo : Virgin

Il y a vingt ans cette année, la formation The Smashing Pumpkins faisait paraître l‘un des albums les plus ambitieux des années 90: Mellon Collie and the Infinite Sadness. Pourquoi le terme ambitieux? Premièrement, il s’agit d’un disque double, ce qui est rarissime dans l’industrie de la musique. Deuxièmement, parce que Billy Corgan, qui est reconnu pour son franc-parler et son égo démesuré, avait dit à l’époque que cette offrande serait le The Wall (Pink Floyd) de la génération X. Eh bien, il avait peut-être raison!

Mellon Collie and the Infinite Sadness est le troisième album de The Smashing Pumpkins. La formation a d’abord vu le jour en 1988 à Chicago et comprenait Billy Corgan (chanteur, guitare), D’arcy Wretzky (basse), James Iha (guitare) et Jimmy Chamberlin (batterie). Cela a bien changé depuis, Corgan est désormais le seul membre original!

Bien qu’ils aient obtenu un certain succès auprès des radios étudiantes suite à la sortie de leur premier opus, Gish, c’est grâce à Siamese Dream, leur deuxième effort studio, qu’ils ont solidifié leur place dans le courant alternatif. Influencé par le métal, le rock progressif, le rock classique et le new wave, le groupe se distinguait d’emblée de ses contemporains.  

Il faut dire qu’en 1995, la génération sacrifiée (Gen X) était particulièrement éprise (sans, bien sûr, démontrer un quelconque enthousiasme!) des groupes grunge et autres retentissants punk-rock de l’époque. Au lieu de privilégier une musique qui soit brute, ou moins raffinée, les Pumpkins ont préféré rechercher la beauté dans la complexité. Il y a un véritable effort au niveau du jeu de guitare, ou devrais-je dire, des multiples couches de guitare, tandis que la batterie est percutante, sans jamais être excessive. Et malgré la voix plaintive, voire nasillarde, de Corgan, les paroles et les sentiments qu’il exprime, la rage, la douleur, l’amour ou la contemplation, semblent sincères. S’identifier aux Pumpkins était donc naturel.

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Par ailleurs, Corgan, réputé pour être très contrôlant, avait accepté, pour Mellon Collie and the Infinite Sadness, d’accorder plus de liberté à Iha et Wretzky. Ils ont été en mesure de jouer leur propre instrument, ce qu’ils n’avaient pas pu faire lors des parutions précédentes.

En tout, l’album contient 28 chansons réparties sur deux disques (Dawn to Dusk et Twilight to Starlight), et offre une variété de styles, tout en formant une entité cohérente et empreinte d’émotions. L’équilibre entre les titres ultrarock, quasi métal par moments, et les ballades est irréprochable. Je tiens à souligner que ces dernières sont à la fois jolies et solides, et ce, sans sombrer dans la pop facile et mielleuse!

Cette offrande a définitivement bien vieilli; les chansons sonnent toujours aussi bien et la réalisation de Flood et d’Alan Moulder est impeccable. Mais, surtout, les titres possèdent toujours la même énergie. Certains, plus doux, ont su séduire le grand public, comme ce fut le cas avec «1979», «Thirty-Three» et «Tonight, Tonight», tandis que d’autres, plus pesants, sont devenus des classiques auprès des fans du groupe, dont «Bodies» (ma préférée), «Zero» et «Bullet With Butterfly Wings».

Prochaine chronique à surveiller le 12 février: «Horses» de Patti Smith.

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