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Crédit photo : Émilie Hébert
«Honnêtement, je pense que l’expression “Oh My God”, c’est ce que j’ai le plus dit depuis l’année dernière. Il y a tellement de choses bizarres et traumatisantes qui se sont produites!»
Comme le commun des mortels, Laurence Nerbonne a grandement été impactée par la crise sanitaire de COVID-19. Par chance, elle a un don pour exprimer ses émotions à travers la musique, et elle a utilisé tout ce temps libre en confinement pour explorer plus en profondeur son univers musical.
En effet, elle en a profité pour faire naître un projet qui reflète la période que nous traversons, de même que les multiples facettes de sa personnalité et de son art. «OMG, c’est une expression qui représente à merveille cette année, mais qui représente aussi le “côté risque” que j’aime prendre avec mes chansons. Ce titre représente le ton et le style de l’album, mais aussi toutes les facettes de ma personnalité qui sont représentées à travers les chansons.»
L’auteure-compositrice-interprète s’est lancée corps et âme dans ce projet avec une idée en tête: Laurence a décidé que, cette fois-ci, elle allait réaliser, écrire et composer l’album elle-même, ce qui témoigne bien de son esprit créatif singulier, qui ne recule jamais devant les défis. «Sur mes autres projets, j’étais en coréalisation avec Philippe Brault. Sur cet album, j’ai décidé de porter le chapeau de réal seule. Ça l’a vraiment été le fun, parce que ce que j’ai imaginé dans ma tête, j’ai réussi à le mettre en musique par moi-même!»
La capitaine de son propre navire
L’expérience a été très enrichissante pour Nerbonne, qui a vu une opportunité, avec cet album, à savoir celle de repousser ses limites et de peaufiner ses compétences musicales. «Je me suis vraiment perfectionnée au niveau de la production. Ce projet m’a permis d’apprendre beaucoup et d’évoluer, et je crois sincèrement que je suis devenue meilleure en le faisant seule. Ça l’a été un beau défi!»
Cependant, la création, de son propre aveu, n’est jamais un long fleuve tranquille, et elle avoue avoir rencontré quelques difficultés. Sauf qu’au final, il en ressort que du positif, puisqu’elle a gagné en assurance. «Il y a beaucoup de doutes, de remises en question dans un processus créatif: “Est-ce que je suis dans la bonne direction?”, “Est-ce que ce beat-là est bon?” Il n’y a personne qui est certain à 100% en création, en tous cas, pas moi!»
«Honnêtement, je pense que le fait de ne jamais se remettre en question est le pire ennemi de la création. Il y a des moments plus difficiles, mais je n’ai pas lâché le morceau! Je suis assez fière d’avoir mené à terme ces chansons. Je me donne toujours comme mission de donner la chance à chacun d’elles de vivre leur vie. C’était un peu ça mon leitmotiv durant la création de l’album», renchérit-elle.
Des influences pop assumées
Avec OMG, Laurence Nerbonne explore plusieurs styles musicaux, dont le trap, le R&B et la pop, le tout agrémenté d’une touche latine. Avec une cadence dans le rythme qui s’approche plus du rap que du chant traditionnel, l’artiste est capable d’explorer plusieurs palettes sonores, et ce, sans jamais perdre sa signature artistique. «Je pense que c’est ça qui est le fun avec la pop, c’est que tu peux un peu toucher à tout! C’est ça que j’aime le plus avec ce style, car on peut toujours y rajouter des saveurs différentes.»
Cet opus se rapproche plus du son abrasif de son deuxième album, Feu, que de la pop-électro de ses débuts avec XO. Ce virage témoigne de son évolution, certes, mais aussi du fait qu’elle s’écoute davantage et qu’elle laisse une place plus importante à ses envies et à ses goûts personnels à travers son processus créatif. «J’ai embrassé mes instincts de plus en plus en évoluant en tant qu’artiste, et je me suis rapprochée de mon essence de base. Je me suis toujours retrouvée dans ce son que j’écoutais en boucle quand j’étais jeune. Je pense à Missy Elliott, Destiny’s Child, etc.»
«Plus on évolue, plus on se définit et plus on se trouve. Ce son est définitivement plus proche de moi, parce que ça ressemble davantage aux influences qui ont formé ma vie et mon oreille de musicienne», conclut-elle.
Forte et confiante
Au sein de cet album, et dans sa musique en général, on retrouve de nombreux messages féministes d’empowerment, avec des textes qui exsudent la confiance et une attitude de Girl Boss, ce qui est, selon l’artiste, une nécessité. «Je n’ai pas toujours confiance en moi chaque jour de ma vie, et c’est pour ça que j’essaie de faire transparaître ce sentiment à travers ma musique, que je brag et que je répète que je suis capable de faire tout ce que je veux.»
Elle ajoute: «Je pense que la personne qui va entrer en contact avec ma musique, que ce soit une infirmière, une enseignante, peu importe son milieu et son genre, va pouvoir utiliser cette confiance pour pouvoir passer à travers sa journée. Pour moi, la musique est une façon de donner ce cadeau, cette motivation aux gens, et je pense que plusieurs personnes la reçoivent de cette façon.»
Étant donné que sa musique est souvent basée sur ses expériences personnelles ou sur des histoires qu’elle a entendues de ses ami(e)s, les textes de la chanteuse sont naturellement féministes, puisque l’égalité entre les sexes est encore un combat qui est en cours dans notre société, et pour Nerbonne, il est essentiel d’en parler et de le mettre de l’avant. «Ma musique est aussi le fruit de mes expériences et de ma réalité, donc c’est sûr que je vais mettre en lumière les inégalités qui sont malheureusement encore trop présentes dans mon milieu et dans la société en général.»
De nature travaillante et animée d’une passion sans borne pour la musique, Nerbonne a déjà, sans grande surprise, une année 2021 remplie de nouveaux projets. «J’avais dans l’idée de faire un concert virtuel, mais avec l’ouverture des salles, on reste sur le qui-vive pour voir comment les choses vont évoluer. Sinon, j’ai commencé à réaliser de la musique pour d’autres musiciens, et j’ai plein de petits projets qui sont en cours. Il y a toujours un nouveau projet, je suis très rarement sur le neutre! Je ne peux rien dévoiler encore pour l’instant, alors… stay tuned!»