Littérature
Crédit photo : Montage: Lucie Laumonier
Du roman à la BD: La servante écarlate de Renée Brault et Margaret Atwood
La servante écarlate est une adaptation graphique du roman éponyme de Margaret Atwood, paru en 1987 dans sa première traduction française. L’œuvre de science-fiction se déroule dans la République de Gilead, autrefois les États-Unis, tombée entre les mains de fanatiques religieux après un coup d’État.
L’histoire est centrée autour de Defred, une «servante» qui a pour seule fonction sociale de faire des enfants pour les hommes des classes dominantes dont les épouses sont stériles.
Dystopie féministe et politique, le roman a connu un immense succès, accru ces dernières années à la faveur d’une adaptation télévisée, lancée en 2017, qui met en vedette la comédienne Elisabeth Moss. En outre, Margaret Atwood a publié une suite de La servante écarlate en 2019, intitulée Les Testaments. Le livre originel, paru il y a plus de trente ans, est désormais transposé sous une forme graphique par l’autrice canadienne Renée Nault, établie en Colombie-Britannique.
Qu’en est-il, alors, de cette adaptation BD? Elle est réussie! Les dessins aquarellés sont fouillés et soignés, portés par un beau trait de crayon et une mise en couleur éclatante. La narration suit globalement celle du roman, avec des ellipses rendues nécessaires par le travail d’adaptation.
Seul bémol, le roman graphique semble offrir une version un peu édulcorée du récit original à l’ambiance plus noire et pesante. Mais il s’agit peut-être d’un effet d’optique tant la colorisation de l’album m’a séduite! En résumé: c’est une très belle BD qui rend pleinement justice à l’œuvre originale.
La servante écarlate de Margaret Artwood, adaptée par Renée Nault, décembre 2021, Éditions Robert Laffont, 248 pages, 34,95 $.
Du baume au corps et au cœur: Symptômes de Catherine Ocelot
L’autrice et dessinatrice québécoise fait son grand retour, après avoir fait paraître La vie d’artiste en 2018, avec une bande dessinée poétique qui est centrée sur nos rapports complexes au corps, à la maladie et à la santé mentale.
Catherine, le double littéraire de l’écrivaine, est aux prises avec de grands et de petits maux qu’elle tâche tant bien que mal de résoudre, allant de médecin en médecin dans des scènes cocasses qui plongent souvent dans l’absurde.
Diagnostiquée avec un «trouble de la solitude» par sa psychologue, Catherine rejoint un groupe de femmes, des espèces de solitaires anonymes avec lesquelles elle noue des liens étroits. Le fil narratif permet des digressions sensibles qui traitent de l’amitié, de l’absence, du rapport à soi et à son corps, ce qui donne l’occasion à l’autrice de dessiner de belles doubles pages métaphoriques.
Le trait de Catherine Ocelot est simple et tracé au stylo. La tendresse du propos compense l’allure un peu raide des personnages, marque de fabrique de la bédéiste québécoise.
Les dialogues savoureux et bienveillants portent le récit jusqu’à sa finale emplie de sororité. Un ouvrage dans lequel je suis entrée sans trop savoir à quoi m’attendre, mais dont je suis ressortie conquise.
Cette BD apporte du baume au cœur et au corps.
Symptômes de Catherine Ocelot, janvier 2022, Éditions Pow Pow, 288 pages, 35,95 $.
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