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Crédit photo : Tous droits réservés @ Théâtre du Rideau Vert
L’insoupçonnable pouvoir du savoir
Selon Eda Holmes, les premières lignes du texte, dans sa version originale, ont été rédigées par Kate Hennig au moment où Hillary Clinton lançait sa campagne politique. C’était un excellent moment de faire réfléchir la société canadienne sur le patriarcat et le manque de pouvoir des femmes encore aujourd’hui.
Femme de tête, l’inspirante Catherine Parr, dénommée Kate, use de son intelligence et de son accès au savoir pour parvenir à réconcilier son mari avec ses deux filles, Marie et Élisabeth. Ainsi, leurs chances d’accéder au trône s’étaient élevées. Avec son indéfectible détermination, elle réussit même à diriger elle-même l’Angleterre durant trois mois.

Marie-Pier Labrecque dans le rôle de Kate Parr en répétitions pour «Sa dernière femme». Photo: David Ospina
«Dans le milieu anglophone, l’histoire de Catherine Parr, ainsi que celle de l’Angleterre, est connue par les émissions de télévision, mais au Québec, on ne la connait pas tellement. C’était très intéressant et important, pour nous, de la clarifier et, pour ça, c’était un cadeau de le refaire», a reconnu Eda Holmes.
Il était donc essentiel de présenter cette pièce au public et de l’ancrer dans la mémoire collective des francophones également.
L’art de moderniser une histoire du XVIe siècle
«Cette fois, j’ai été très inspirée par la série de télévision intitulée Succession, parce que c’est le même niveau d’histoire familiale de pouvoir. C’est plus facile de connecter avec les situations et de moderniser une histoire, car qu’on soit coincés en 2024 ou en 1524, l’humain demeure un animal de la même façon. Nous n’avons pas tellement changé avec le temps. Pour moi, c’est comme ça que j’ai adapté l’idée de la pièce, à partir d’anachronismes», a exprimé la metteuse en scène.
De son côté, Marie-Pier Labrecque nous a révélé qu’elle s’était incroyablement sentie interpelée par ce rôle féministe inspirant dès sa découverte. Incarner une femme ayant marqué l’Histoire est venu éveiller ses convictions profondes.
«La petite fille en nous ne peut pas être autrement qu’appelée par cette lutte féroce que mène Catherine Parr dans la pièce. Je me suis accrochée à ça pour composer ce personnage qui a du front, de l’audace et de la répartie. Elle laisse parfois échapper des commentaires qui provoquent des réactions chez Henri, mais c’est plus fort qu’elle. C’est une combattante!», a-t-elle raconté.

Henri Chassé dans le rôle d’Henri VIII et le jeune Nathan Savoie en répétitions pour «Sa dernière femme». Photo: David Ospina
Une belle chimie s’est rapidement installée entre elle et Henri Chassé, l’interprète d’Henri VIII, ainsi qu’avec toute la distribution composée de Mikhaïl Ahooja (Tom), Mounia Zahzam (Marie Tudor), Lauren Hartley (Reine Élisabeth 1er), Julien Désy et Nathan Savoie (tous deux jouant le prince Eddie, futur roi Edouard VI).
«Dès la première lecture, on savait qu’on s’entendrait bien avec les enfants aussi. La synergie vient bousculer, d’une certaine façon, ce qu’on est habitués de faire. Ça nous challenge, et c’est un super beau défi», a poursuivi la comédienne, en avouant qu’elle s’est instantanément sentie en confiance auprès d’eux.
Des enjeux d’hier qui résonnent encore aujourd’hui
Cette quête féministe d’émancipation, de savoir et de pouvoir peut se traduire dans toutes sortes de réalités tant passées qu’actuelles. Elle peut d’autant plus inspirer les femmes à suivre leurs rêves ainsi que les hommes à leur laisser une place légitime au sein de la société.
Pour l’interprète de la grande Kate Parr, le message s’adresse à tous: «C’est l’idée de la transmission, de la pérennité, que les bonnes actions qu’on fait vont plus loin que dans le moment présent. Il y a un futur raccordé à ça, ce n’est pas vain», a-t-elle confié.
«C’est vraiment une pièce dramatique. Le personnage d’Henri est incroyablement instable. Un moment, il fait une blague, et l’instant d’après, il tue son interlocuteur. Avec le travail de scénographie de Loïc Lacroix Hoy et la musique incroyable de Laurier Rajotte, on a voulu recréer l’ambiance d’un rêve éveillé, d’un sentiment de tourbillon», a décrit Eda Holmes, pour nous donner un aperçu de l’ambiance qui se trame sur scène.
Elle conclut en ajoutant: «Pour moi, le meilleur théâtre, c’est celui qui commence une conversation»!
C’est sans aucun doute ce qui vous attend avec cette pièce mettant en lumière une reine qui a marqué l’histoire!