Sorties
Crédit photo : Marie Planeille
Leur musique se fait l’écho d’une voix, celle d’un peuple souffrant à cause de la guerre. Certains membres de Tinariwen ont participé à la rébellion touareg contre le gouvernement malien dans les années 1990. «On a appris à faire de la musique quand on était militaires. On jouait beaucoup de chansons de la résistance», expliquait récemment Abdallah, guitariste, chanteur et compositeur du groupe, au journal français Le Figaro. On raconte qu’ils ont fait la rébellion contre le gouvernement malien armés d’une kalachnikov à l’avant et d’une guitare électrique dans le dos. Leur musique circulait alors dans le Sahara sur des cassettes et portait au peuple des messages d’espoir et des appels à la solidarité. De véritables cris de ralliement, quoi!
Militants, encore et toujours
Quand le conflit avec le Mali a pris fin, Tinariwen a pu se consacrer entièrement à la musique tout en portant les valeurs et les traditions de son peuple. Le groupe a continué de militer en abordant dans ses chansons des thèmes comme les problèmes d’accès à l’eau, l’état des routes ou le manque d’éducation. En filigrane, on sent dans les compositions des musiciens tout l’amour qu’ils ont pour leur désert natal.
Réussissant le pari de rendre actuelle leur musique traditionnelle, ils lui font traverser les frontières. En 2012, c’est la consécration nord-américaine lorsqu’ils remportent le Grammy du meilleur album de musique du monde avec Tassili. Ce succès international les emmène à parcourir le monde et à diffuser leur message aux quatre coins de la planète. Ils se retrouvent même en première partie des Red Hot Chili Peppers en 2012!
Ambassadeurs du Sahara
Les membres de Tinariwen sont toujours nomades, mais ils ont troqué les dunes pour les grandes villes du monde. Malheureusement, les tournées se sont transformées en exil forcé lorsqu’ils se sont rendu compte que leur terre d’appartenance, l’Adrar des Ifoghas, n’était plus sécuritaire, étant contrôlée par les djihadistes depuis 2012. L’un des chanteurs du groupe, Abdallah Ag Lamida, a même été kidnappé pendant une vingtaine de jours en 2013.
Lorsqu’est venu le temps de trouver un lieu pour enregistrer leur huitième album, Elwan, ils ont cherché un studio dans un autre désert et ont opté pour le parc national Joshua Tree, en Californie, ainsi que pour une oasis dans le sud du Maroc. Elwan («éléphant») fait allusion aux hommes qui écrasent tout sur les terres sillonnées par les Touaregs.
Le spectacle que présente Tinariwen à la Place des Arts le 13 avril est une ode à la terre qu’ils espèrent retrouver. Car ce désert, c’est eux: il a nourri leur vie, leur âme et est au cœur de leur œuvre (Tinariwen signifie d’ailleurs «les déserts»).
Émotion, nostalgie et rythmes fascinants seront au rendez-vous lors du spectacle des rois du blues nord-africain!