SortiesHumour
Crédit photo : Mathieu Pothier
On connaît certes la tendance du festival d’oser les expérimentations de tout acabit et, justement, Charles Beauchesne en a profité pour faire bouillonner son envie de repousser les limites de l’humour en prouvant qu’il était possible de faire rire avec n’importe quoi. C’est donc dans cette perspective qu’il profite de la période la plus sombre de l’humanité pour divertir son public.
Et il ne passe pas par quatre chemins; il n’y a pas d’arnaque, tout est au sens le plus littéral qu’on puisse imaginer. Exit, donc, le stand-up conventionnel, Charles Beauchesne parle véritablement de la peste noire pendant soixante minutes! C’est d’ailleurs avec autodérision qu’il annonce en ouverture «qu’on a payé pour une conférence historico-comique», tout en criant au loin de «barrer les portes!»
Par contre, la surprise n’est pas totale pour ceux qui sont familiers avec son univers singulier qui ne renie jamais ses fortes influences théâtrales. Et c’est là qu’il y a certainement une petite différence dans cette proposition qui cadre fort bien, d’ailleurs, avec l’univers singulier de Charles Beauchesne. Au-delà de cette leçon d’histoire soutenue en faits recherchés et en un document PowerPoint concis, on bénéficie des dons de conteur de l’humoriste qui a une façon bien à lui de raconter les choses. Dans cet ordre d’idées, il faut l’entendre parler des Flagellants, des guerriers tartares, ou encore des docteurs de la peste, pour comprendre que personne d’autre n’aurait pu mieux raconter cela que lui.
Après tout, il fallait un certain panache pour parler d’un sujet aussi sombre et imposant, de ses origines à son historique chronologique, jusqu’à ses symptômes et ses répercussions, en plus de bien d’autres catégories interreliées. Bien sûr, la mise en scène aurait pu être un peu plus fouillée et on aurait gagné à mieux dynamiser l’ensemble, ne serait-ce qu’avec d’autres accompagnements que le PowerPoint, ou même la présence d’acolytes, puisque l’exposé ne finit par n’être qu’un… exposé!
Il y aussi ce petit creux en plein milieu où on se perd un peu dans les allées trop bien organisées de la présentation, et surtout le fait que le conférencier semble vouloir trop en dire dans le peu de temps alloué. Malgré l’intérêt indéniable de ce sujet qu’on connaîtra beaucoup mieux par la suite, il manque ce petit quelque chose pour aller au-delà et avoir entièrement sa place à titre de spectacle d’humour.
Néanmoins, le travail de recherche est immense, et Charles Beauchesne prouve ici qu’il ne fait décidément rien comme les autres. Avec son sens du gag, sa façon d’embrasser son sujet et de nous partager sa passion, en plus d’une finale réfléchie sur le génie des Memento Mori, pour ceux qui auront envie d’un cours d’histoire avec un humour unique, voilà le spectacle rêvé.
Qui a dit que l’humour ne pouvait pas être intellectuel?
Charles Beauchesne parle de la peste noire pendant 60 minutes est en supplémentaires au Théâtre Ste-Catherine au mois de juillet le dimanche 26 et le mercredi 29 à 20h30 ainsi que le lundi 27 et le vendredi 31 à 22h.
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de la rédaction