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Crédit photo : Mathieu Pothier
Explosions in the Sky est l’un de ces groupes incomparables, une formation à part capable d’élever sa musique vers des hauteurs démentielles. À la faveur d’un trip orageux favorisant les détonations apocalyptiques d’une efficace vélocité, les post-rockeurs n’annihilent pas pour autant les accalmies successives qui plafonnent. Expérimentale, la formation texane l’est sans commune mesure, mais sans tâtonner, le groupe n’a pas pour habitude de tergiverser, et c’est davantage un véritable travail d’orfèvre que les musiciens dévoilent devant public.
En studio comme sur scène, Munaf Rayani et sa bande poursuivent depuis plus de quinze ans leur dantesque épopée. Insaisissable et ne s’apprivoisant pas toujours dès les premières interactions, la musique d’Explosions in the Sky force indubitablement le respect, capable d’accrocher au détour d’un labyrinthe mélodieux par de limpides cordes sur fond de roulements de tambours qui terrassent.
Dans la moiteur d’un été agonisant prêt à laisser sa place à l’éclatante saison automnale, les Texans ont, sans l’ombre d’un doute, triomphé devant une audience avertie de Montréalais férus des détonations successives du groupe. Par une fine combinaison dénuée de rupture, Explosions in the Sky est revenu brillamment sur une carrière émérite et sans écueil répondant somptueusement aux expectatives du public montréalais.
Sans brouiller les pistes et dans une logique imparable, la formation a puisé dans les trois albums qui, au cœur des années 2000, ont assis leur réputation. Du cap originel maintenu par All of a Sudden, I Miss Everyone (2007) avec les pièces «The Birth and Death of the Day» ou «Catastrophe And the Cure», jusqu’aux douces progressions mélodieuses du délicieux The Earth is Not a Cold Death Place (2003), dont le sublime «Your Hand in Mine», la formation étincelait le Métropolis.
L’efficace grondement progressif de «Greet Death», ou encore l’inlassable persuasion de «With Tired Eyes, Tired Minds, Tired Souls, We Slept», paru dans le deuxième opus studio du groupe Those Who Tell the Truth Shall Die (2001) confirmaient la capacité du groupe d’Austin de passer du déchaînement orageux aux accalmies languissantes, bien que la menace tempétueuse reste palpable et évidente.
Au cœur de cet enchevêtrement des compositions du passé, Explosions in the Sky ne s’est pas dérobé, offrant quatre pièces convaincantes de The Wilderness, l’ultime tour de force en date du groupe. Et si «Wilderness» laisse un peu pantois, «Logic of a Dream» force le respect, et «Disintegration Anxiety» ou «Colors In Space» assoient les mérites de Mark Smith, Chris Hrasky, Munaf Rayani et Michael James.
Dix-sept années après ses premières crépitations, Explosions in the Sky tisse toujours aussi brillamment sa toile majestueuse dans l’univers du rock instrumental. Triomphant de ce paysage musical post-rock à travers lequel ils se révèlent incontournables à l’instar des Mogwai ou Godspeed You! Black Emperor (au Théâtre Paradoxe pour quatre dates cette semaine), la formation d’Austin n’a pas déçu et comblé les deux mille spectateurs présents dans l’estimable Métropolis.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Wilderness
2. Catastrophe and the Cure
3. The Ecstatics
4. Greet Death
5. Logic of a Dream
6. The Birth and Death of the Day
7. With Tired Eyes, Tired Minds, Tired Souls, We Slept
8. Color in Space
9. Your Hand in Mine
10. Disintegration Anxiety
11. The Only Moment We Were Alone