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Le spectacle aurait pu tourner à la sauce Walt Disney. C’est ce qu’annonçait la cadence du générique d’ouverture qui était trop unie et léchée pour réellement faire écho à l’ambiance expressionniste allemand qui se dégage avec panache du classique de Murnau. Fort heureusement, cette impression s’est vite dissipée, laissant ainsi la place à une musique beaucoup moins convenue.
Gabriel Thibaudeau, qui avait fait auparavant une excursion dans le chef d’oeuvre Metropolis de Fritz Lang, récidive dans la création d’une trame musicale du classique d’un second réalisateur germanique Friedrich W. Murnau. Thibodeau a élaboré cette fois une partition très structurée, mais avec pour particularité de laisser des espaces aux musiciens pour l’improvisation. Cela dit, pour une écoute unique, il est bien ardu de faire ressortir les parties improvisées du reste de la trame.
C’est en majeure partie guidé par le son singulier du cymbalum (instrument protéiforme, un croisement entre le clavecin et le xylophone) que le chef d’orchestre a pu recréer une ambiance inquiétante de l’ordre du fantastique. Chapeau pour cet élément baroque qui a apporté beaucoup de caractère aux actions perpétrées à l’écran par Nosferatu et Hutter, protagoniste principal du film.
Thibodeau est un virtuose. Rien à redire là-dessus. Sa fougue et sa passion pour aider à véhiculer l’émotion de l’écran au spectateur sont contagieuses. La composition d’hier manquait néanmoins des éléments plus contemporains qui auraient apporté à l’expérience un affranchissement complet de la musique originale écrite en 1922 par Hans Erdmann. L’appropriation aurait été tangible et la revisite véritable. Il manquait cruellement de clins d’oeil aux formes longilignes, aux décors déstructurés et aux lignes brisées qui sont le propre de l’expressionnisme allemand.
N’empêche qu’il est privilégié d’avoir assisté à une trame sonore en direct. Moment nostalgique de ce temps où les musiciens au cinéma étaient tout aussi importants que le film, et ce, peu importe le chef-d’oeuvre à l’écran.
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