SortiesFestivals

La 8e édition du Pouzza Fest ou la messe annuelle des punks

L'une des programmations les plus accomplies du festival

Publié le 23 mai 2018 par Bible urbaine

Crédit photo : Emmanuel Gagné

Ce week-end avait lieu à Montréal la messe annuelle des punks québécois. Les festivaliers étaient nombreux à venir hors de la province, car pour sa 8e édition, le Pouzza Fest y est allé d'une de ses programmations les plus accomplies à ce jour. C'est plus de 175 groupes punk-rock, ska, folk, alternatif, métal et traditionnel qui ont mis le feu aux cinq scènes placées stratégiquement dans des salles qui permettaient des allez-retours faciles, ce qui est grandement apprécié en soi!

À nouveau, la qualité de l’organisation était à la hauteur de sa réputation, et la qualité des groupes dépassait largement les attentes, si bien que le seul point négatif que nous y avons trouvé, c’est qu’on a dû faire des choix déchirants et, par ricochet, manquer plusieurs performances intéressantes. C’est la vie.

Malgré cela, le Pouzza Fest reste l’une des expériences les plus agréables, uniques et représentatives d’une scène alternative chère à Montréal. Bien qu’ils aient été nombreux, il n’était pas nécessaire d’être punks pour apprécier l’évènement. Il y avait, au menu, de la bonne bouffe, de la bonne bière, des activités familiales pour tous, du yoga, du soleil (et même de la pluie!), mais surtout des gens accueillants et sympathiques qui ont prouvé qu’être anti-conformiste ne veut pas nécessairement dire anti-social et surtout anti-plaisir.

Voici sans plus tarder les 5 coups de coeur du week-end de notre photographe Emmanuel Gagné, un vrai punker dans l’âme, présentés dans le désordre pour faire plus punk, bien sûr.

Anti-Flag ou la force du nombre

D’accord, nous sommes vendus à ce groupe depuis belle lurette, mais n’empêche, ils ont livré une performance quasi parfaite en tant que tête d’affiche du premier soir de l’évènement. Les forces du groupe sont nombreuses. D’abord, ils ont toute une feuille de route bien remplie et des classiques qui créent instantanément l’hystérie. Puis, même après toutes ces années, les gars ne se sont clairement pas assagis puisqu’ils ont encore cette rage au coeur et cet engagement politique envers toute forme de fascisme, de racisme et de capitalisme. Une intégrité grandement apprécié de leurs fans. Et finalement, ils ont dans leur rang le chanteur Justin Sane et le bassiste Chris #2, qui sont de véritables bêtes de scène. La foule a d’ailleurs crié haut et fort son appréciation tout au long du spectacle et, au final, on a eu droit au moment classique où Chris et le batteur Pat Thetic s’incrustent dans la foule avec leurs instruments pour finir une chanson, entourés des spectateurs.

Barn Burner ou la bête en furie

La performance coup de pelle dans le visage de la fin de semaine revient à ce groupe montréalais qui s’est réuni, pour l’occasion, cinq ans après son dernier show au Turbo Haus. Signée sur Metal Blade Records, la formation avait créé un grand engouement sur la scène underground avec son son stoner et thrash metal unique, qui a des airs d’Iron Maiden et de Black Sabbath sur le speed. Les fans étaient assez nombreux ce week-end pour être témoins de la bête en furie, et ce, pour une dernière fois sur scène. Et quelle performance! Le son se répercutait comme une tonne de briques, les pièces furent exécutées avec précision, de façon crue et corrosive. Ajoutons à cela une énergie constante de chaque membre sur scène et on avait la recette d’un concert qui fut facilement l’un des (sinon le) meilleur que nous avons vu eu la chance de voir cette année. Merci au Pouzza Fest d’avoir l’idée de créer ce genre de réunion. Un délice des plus brutaux!

GrimSkunk ou ces vétérans qui n’ont pas perdu une once d’énergie

Est-ce que ce groupe a vraiment encore besoin de présentation? Passons directement à la performance plutôt! C’est avec leurs 25 années d’expérience (voire plus!) que les gars de GrimSkunk ont pris la scène d’assaut. Oui, les gars ont les cheveux un peu plus grisonnants, Franz passe même la majorité du show assis (on a qu’une santé, tout le monde!), mais le groupe n’a pas perdu une once de son énergie et de sa bonne vieille fougue. Les vieux punks ne meurent jamais, comme on dit. D’ailleurs, leurs fans non plus, car ils étaient nombreux à chanter et à trasher tout au long de leur set. Il y en avait pour tous les gouts, des classiques comme «La vache» et même «Ya basta», avec Shantal Arroyo (Overbass, Collectivo), ainsi que des extraits de leur plus récent album, qui démontrent parfaitement que le groupe est loin de ralentir la cadence. Vraiment un coup de coeur du festival, ces pionniers de la scène alternative locale qui étaient en grande forme devant une belle foule comme ça.

Bad Skin ou ce quatuor de femmes fortes et charismatiques

Il y avait tellement de groupes que l’on voulait découvrir cette année, et Bad Skin était bien sûr en tête de la liste. Cette formation montréalaise, composée de quatre femmes sympathiques, a tout ce qu’il faut pour se faire un nom parmi les meilleures de la scène locale. D’abord, et elles ne s’en cachent pas, elles sont là pour ramener les femmes au front de cette scène, et elles possèdent d’ailleurs chacune une personnalité forte et plutôt charismatique. En plus, elles dégagent, sur une scène, c’est assez incroyable! Prônant l’inclusivité, la diversité et l’anti-conformisme, les musiciennes du groupe sont aussi là pour avoir du fun et s’assurer que le public y participent aussi. Les chansons sont accrocheuses, livrées de la manière la plus punk qui soit (par des étudiantes de conservatoire, quand même!), et la performance fut à la hauteur de nos attentes. Un groupe à surveiller!

War On Women ou l’enjeu sur la place des femmes en musique

Le débat sur les quotas hommes et femmes était sur la plupart des lèvres des organisateurs d’évènements récemment, et le Pouzza Fest a su démontrer haut et fort sa position en faveur de l’augmentation de la présence des femmes dans son festival. La cofondatrice Hélène Mckoy s’est montrée fière du chemin accompli en un an, car en cette 8e édition, un tiers des groupes comportaient un ou plusieurs membres féminins. Une table ronde a même été organisée avec des actrices importantes du domaine musical pour discuter des enjeux de la place des femmes dans cette grande industrie. La chanteuse de War on Women, Shawna Potter, y était d’ailleurs invitée, étant elle-même une féministe activiste qui n’a pas la langue dans sa poche. Au-delà des textes percutants, le groupe a également offert une solide performance de hardcore punk bien senti devant une foule très chaleureuse, et Chris #2 d’Anti-Flag s’est même joint à la fête le temps de quelques back vocals.

À l’an prochain, punkers!