«Ce soir» un EP numérique de Madame Moustache

On ne redécouvre pas un autre groupe, pas plus qu’on régresse quant aux projets précédents, avec Ce soir; le EP réalisé par Guy St-Onge est tout simplement en continuité directe avec les autres albums, exactement à sa place, complètement dans l’esprit de ce qu’est la formation Madame Moustache. Avec ces quatre nouvelles compositions en attendant un troisième album complet à l’automne, les filles – et leurs comparses masculins Mathieu Vigneault, Ugo Di Vito et Guillaume Duchesneau – nous font tantôt danser, tantôt se balancer doucement ou même nous donnent envie de s’attriquer d’une chemise à carreaux et de les suivre dans les bois; on peut donc dire que la magie opère encore.

Débutant avec une jolie mélodie à la mandoline et au violon, la pièce-titre «Ce soir» constitue une douce mais joyeuse à la fois ode à la nature. Avec des paroles comme «Mon amie la forêt vieille», «Ce soir je boirai de l’eau de pluie», «Ce soir je cueillerai le petit fruit» ou «C’est le bouleau blanc qui me l’a dit», le groupe nous embarque dans un joyeux délire comme à son habitude, et on reconnaît bien là Madame Moustache, avec ses paroles un peu loufoques.

Ça se poursuivra surtout avec «Cassée», sur laquelle les chanteuses explorent différentes situations qui arrivent dans la vie d’une personne «cassée» et sans le sou. De «Le gaz est trop cher / pis j’ai pas pris de REER / parce que j’suis cassée» à «J’ai des trous dans mes bas pis mon bazou part pas», les paroles de «Cassée» font bien sourire, et son instrumentation riche en cuivres amène une belle couleur au morceau, tout en collant bien avec la déchéance et le pathétisme du texte.

C’est enfin «Lazy Boy» qui nous donnera envie de danser, avec ses sonorités très country et son dynamisme. En chantant «Rien de mieux à faire que de tirer du gun à plomb sur d’la Pabst en cannette accotée sur des boîtes en carton», Geneviève Néron et Julie Ross prouvent vraiment leur statut de filles «de bois», actives et, surtout, country. Mais par le fait même, elles établissent une fois de plus la beauté de leurs voix en harmonie, et on se rappelle à quel point cette formule est parfaite pour elles.

La pièce de clôture, «Tu as changé ma vie», change complètement d’ambiance, en se montrant nettement plus lente, sans entrain et presque monotone, même, mais permet de montrer toute la palette de couleurs de Madame Moustache, qui ne fait aucune discrimination dans le country. De celui plus vivant, avec mandolines et violons, à celui plus lancinant, moins moderne, avec guitare hawaïenne presque d’une autre époque, le quintette navigue dans n’importe lequel de ces types de musique, tant qu’en fin de compte, il y a du plaisir!