MusiqueLes albums sacrés
Crédit photo : Tous droits réservés @ Daft Punk
L’héritage laissé par Thomas Bangalter (casque gris) et Guy-Manuel de Homem-Christo (casque doré), les deux Français les plus anonymement célèbres de la planète, est colossal dans le monde de la musique électronique, tout particulièrement pour la house française.
Et malgré leur triomphe et leurs six Grammys, on ne les reconnaîtrait sans doute même pas à l’épicerie! C’est d’ailleurs avec Discovery que les deux comparses, amis depuis le lycée, allaient officialiser ce passage vers l’anonymat, gardant le contrôle le plus absolu sur leur identité artistique.
Des humains aux robots
Le 9 septembre 1999 (09/09/99), à 9h09, les deux membres de Daft Punk sont devenus des robots.
«Nous n’avons pas choisi de devenir des robots», racontait Thomas Bangalter à l’époque. «Il y a eu un accident dans notre studio. Nous étions en train de travailler sur le sampler quand, le 9 septembre 1999, à 9h09, très exactement, il a explosé. Quand nous avons repris connaissance, nous étions des robots.» N’en demandez pas plus, ce sera la seule explication que Bangalter vous fournira.
Si le duo portait déjà des masques à ses débuts lors de l’album Homework (1997), l’anonymat et l’aura de mystère autour de lui venaient d’atteindre leur paroxysme. Cette transformation (et ce fracassant retour) allait s’officialiser avec Discovery et son fameux premier extrait «One More Time», aujourd’hui devenu un hymne house incontournable. Le morceau, enregistré en 1998, mais sorti en 2000, devient rapidement une bombe, causant l’euphorie sur les pistes de danse de la planète.
Mais certains fans de Homework, le premier album plus acid et techno du duo, étaient peu enthousiastes devant ce premier extrait très auto-tuné et… disco (le nom de l’album est définitivement bien choisi.) Disons que le changement était un peu déstabilisant!
Quand Albator rencontre les robots
En plus d’enflammer les pistes de danse avec Discovery, les deux robots ont aussi fait plaisir aux amateurs de mangas en 2003 en sortant «Interstella 5555», un film d’animation japonais où l’intégrale de la musique de Discovery rencontre les dessins du célèbre Leiji Matsumoto, le père d’Albator.
L’univers du film (et les vidéoclips musicaux qui en découlent) est d’ailleurs très similaire à celui de cette série culte ayant marqué toute une génération à la fin des années 1970 (les gars de Daft Punk en font partie!)
Un petit bijou de production
En dépit de certains morceaux plus répétitifs, Discovery est un véritable feu roulant de solide musique électronique qui allait donner un second souffle à la French touch. Comme tout bon album, Discovery se laisse réapprivoiser avec le temps, et les fans de Daft Punk finissent toujours par y revenir. Il faut dire que la richesse des productions y est pour quelque chose.
Jonglant avec brio avec les samples et les synthétiseurs, Bangalter et De Homem-Christo alternent allègrement entre des moments funk («Voyager», l’un des meilleurs morceaux de l’album), électriques (la très énergique «Aerodynamic»), bounce («Harder, Better, Faster, Stronger», l’un des morceaux parmi les plus connus du duo), romantiques («Digital Love») ou plus downtempo (la superbe «Something About Us»). On entend même des relents de Homework sur la frénétique «Short Circuit»!
Humains après tout
Malgré les voix travaillées au vocodeur, on ressent le génie humain derrière les machines. Car oui, les deux gars de feu-Daft Punk demeurent humains après tout.
Deux humains qui ont révolutionné leur genre et qui ont su le pousser plus loin.
Sur une note plus personnelle, j’ai rêvé pendant près d’une décennie de pouvoir entendre les morceaux de Discovery mixés sur scène (allô, Alive 2007), mais je pourrai toujours me consoler en me disant que cet album me suivra pour toujours.
Bon voyage, les robots, et merci pour tout!