LittératureRomans québécois
Crédit photo : Leméac Éditeur
Léon, 17 ans, a parfaitement réglé l’horaire de son été entre le secondaire et le cégep. Chaque matin, il travaille au service de garde de son école de quartier et, à 10 h pile, il embarque sur le vélo stationnaire du Nautilus et ouvre un recueil de poésie québécoise. Écrivain en herbe armé de son sac de sport, il rencontre des personnages aussi grinçants que la lumière des néons du gym, comme Félindra, la fée Adidas aux kilos en trop, et Marky Mark, le bodybuilder au cœur tendre.
En empruntant le format d’un programme d’entraînement, Simon Boulerice offre une réflexion savoureuse sur le corps et le désir, thèmes de prédilection de l’auteur. Bonne nouvelle, c’est d’ailleurs le même Léon que les lecteurs ont adoré dans Jeanne Moreau a le sourire à l’envers.
Boulerice est connu pour être un virtuose des mots. Sa plume regorge de choses à dire, une qualité qui peut toutefois être à double tranchant. À certains moments, on remarque que l’auteur avait peut-être trop d’éléments à couvrir sur un peu plus d’une centaine de pages. Les thèmes sont accrocheurs, mais sont à peine effleurés. La structure semble pourtant décousue alors qu’elle est bien en place, quoique légèrement enterrée sous un trop-plein d’idées. Les figures de style sont utilisées à toutes les sauces, et c’est certes un exercice remarquable. Cependant, l’expression «trop, c’est comme pas assez» est de mise pour un roman d’une si petite taille.
Malgré tout, ce ton sans prétention se prête bien à l’univers des haltères, et le développement des personnages reste admirable, chacun étant une véritable allégorie. Les personnages ont la qualité de flirter avec les fantaisies du lecteur tout en se mariant à sa réalité. Simon Boulerice maîtrise ici la formidable technique de s’inspirer des stéréotypes pour mieux les remodeler à sa façon. Si ce roman devait avoir une morale, c’est celle de ne pas se fier aux apparences.
Bref, Paysage aux néons offre une belle incursion poétique et originale dans l’univers d’un jeune athlète lettré. Le vocabulaire est simple mais bien ficelé et saura plaire autant aux jeunes auxquels le roman est destiné qu’aux lecteurs plus matures. L’important, c’est de le lire avec un cœur jeune et réceptif aux couleurs du monde éclaté de son auteur.
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de la rédaction