LittératureRomans québécois
Crédit photo : Leméac Éditeur
Léon Renaud a 15 ans, des pellicules plein la tête et se passionne pour la graphologie. Entrer dans sa vie, c’est: lire sa correspondance (par la poste!) avec la belle Léonie, essayer de ne pas trop juger son ami Carl qui est le sosie du loup-garou dans Twilight et tenter de percer le mystère Antoine Renaud, son grand frère. Ce n’est pas tant le quotidien de Léon, mais la vie des trois autres qui permet d’aborder les enjeux plus sérieux du roman.
Déjà, son amitié avec Carl n’est pas simple, et peut-être pas tout à fait saine. Agissant comme son fou du roi, Léon est complexé face à ce modèle de beauté au corps déjà découpé. Tout en servant d’intermédiaire à Katy Mossalim, surnommée Kate Moss, qui cherche à conquérir cette version québécoise de Taylor Lautner, Léon se doit d’éloigner son rival de sa correspondante. Autrement, la guerre serait perdue d’avance.
Cette Léonie, dont il ne faudrait surtout pas prendre les propos au pied de la lettre, plaît effectivement aux deux garçons. Décrivant une vie mouvementée et ponctuées de points d’exclamation, les lettres qu’elle rédige mettent la banalité de la vie de Léon en évidence. Leur amitié n’est qu’épistolaire, comme elle vit à Québec et lui à Montréal, jusqu’au moment où il l’accueille chez lui le temps d’un week-end. Sera alors révélée la véritable nature de cette adolescente, ce qui sera tout un test pour leur relation.
Plus sérieusement, contrairement à l’usage courant, c’est le grand frère de dix-huit ans qui nous apparaît le plus fragile. Il voue un culte au cinéma de la Nouvelle Vague, d’où est tiré le titre du roman. Comme il n’est pas le narrateur, il est intéressant de découvrir ce personnage brisé et mal dans sa peau par le regard de son jeune frère. Antoine Renaud gagne en importance tout au long du récit. Choix audacieux que d’offrir la perception de la famille sur son anorexie. On découvre entre les deux garçons une protection fraternelle réciproque et touchante.
Certes, on remarque des particularités narratives adaptées au public adolescent, comme des redondances et des répétitions pour créer des évidences ainsi que des interjections du narrateur dans son propre discours, mais en prenant son public au sérieux quant aux thèmes qu’il aborde, Boulerice permet aux lecteurs adultes de prendre plaisir à se plonger dans ce roman. La quatrième de couverture l’annonçait avec justesse, «Jeanne Moreau a le sourire à l’envers brosse le portrait d’une famille aussi attachante qu’imparfaite et à travers laquelle il est facile de se reconnaître.»
Par ailleurs, les fans de l’auteur n’ont pas à s’inquiéter. Il y aura certainement du nouveau pour lui en 2014, dont la suite de sa nouvelle série «M’as-tu vu?»
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de la rédaction