LittératureDans la peau de
Crédit photo : Sylvain Plante
Maryse, tu es une autrice et une scénariste «passionnée par le fait de raconter des histoires». On est curieux: d’où est né ce vif intérêt pour l’écriture?
«J’ai fait carrière comme recherchiste avant de scénariser et d’écrire. Un jour, un producteur, qui produisait des biographies d’artistes pour la télé et qui avait aussi une maison d’édition, m’a offert d’écrire une biographie papier sur l’un d’eux. J’avais le choix entre tous ces artistes, et j’ai choisi Martin Deschamps (Martin Deschamps: portrait d’un rocker (2005), aux Éditions Au Carré). J’ai su, à ce moment-là, que ce ne serait pas mon dernier livre. L’écriture a fait jaillir en moi une profonde satisfaction.»
Ces dernières années, tu t’es consacrée tout particulièrement à la rédaction de romans jeunesse et de biographies. Est-ce que tes années de carrière en tant que recherchiste dans les médias a joué un rôle dans ton inclinaison pour l’écriture de biographies, et si oui, pourquoi?
«Définitivement. D’ailleurs, si ce producteur télé et éditeur m’avait proposé d’écrire, c’est qu’il appréciait particulièrement mes rapports de recherche, qui étaient tous des petites histoires en soi. J’ai réalisé des centaines, pour ne pas dire des milliers de pré-entrevues dans ma carrière. C’était ma tâche préférée. Je pose aussi beaucoup de questions dans la vie. J’ai une curiosité maladive. Je m’intéresse à l’humain.»
Ton livre Woody Belfort: Pourquoi marcher quand on peut voler? sortira le 26 août prochain aux Éditions de l’Homme. Il s’agit d’une biographie sur un jeune sportif québécois au parcours hors du commun qui souffre du syndrome de Little. Peux-tu nous en dire plus sur le processus de récolte d’informations, d’anecdotes, d’analyse d’entrevues et de discussions avec Woody pour retracer le plus fidèlement possible son parcours?
«J’ai vu Woody pour la première fois à la dernière émission de TLMEP de la saison 2018-2019 en avril. J’ai eu un coup de foudre. Je voulais en savoir plus sur lui. En bonne recherchiste, j’ai fouillé, et je suis tombée sur un excellent reportage de la journaliste Diane Sauvé (Podium Roller Derby: défaire les mythes, Radio-Canada) et sur plusieurs vidéos de ses spectaculaires performances. Il n’en fallait pas plus pour que j’aie envie de le connaître davantage et, surtout, de le faire connaître au plus grand nombre de gens possible.»
«J’ai donc communiqué avec les Éditions de l’Homme et ils ont décidé d’embarquer dans mon idée de publier un livre sur ce jeune homme inspirant. Il fallait maintenant le convaincre. Au début, il ne comprenait pas la pertinence d’être le sujet d’un livre. «Je n’ai même pas réalisé le quart de ce que je veux faire dans la vie», m’a-t-il donné comme argument. Mais je l’ai convaincu, et on a débuté l’aventure.»
L’entrée la plus remarquée en 15 ans de #tlmep avec Woody Belfort et son fauteuil roulant! pic.twitter.com/iSv4ZNyYtT
— Tout le monde en parle (@OFF_TLMEP) April 22, 2019
«J’ai lu tous les articles sur lui, visionné trois fois plutôt qu’une toutes les vidéos de lui en entrevue ou en perfo. On a passé l’été 2019 ensemble. Des dizaines d’heures d’entrevues où tout a été abordé. Aucun tabou avec Woody! J’ai aussi parlé à sa mère, à ses amis, à ses entraîneurs. Je suis allée le voir jouer au basket, l’ai accompagné à son gym, où il s’entraîne. Plus d’une fois, j’ai eu peur qu’il casse ma télé ou mes pots de fleurs quand il faisait des hands stand dans mon salon. Parce que, Woody, c’est ça… à part quand il tombe endormi en pleine entrevue après un dîner bien copieux!»
«J’étais devenue obsédée par son compte Instagram. Il est tellement actif, j’avais peur de manquer quelque chose d’important. Notre éditrice a été compréhensive parce que, même si la rédaction était terminée, elle a accepté que j’ajoute quelques trucs au fur et à mesure que notre héros en ajoutait!»
Durant l’écriture de cette biographie, qu’est-ce qui t’a spécialement émue ou étonnée dans l’histoire de ce jeune homme d’à peine 23 ans?
«Oh! Beaucoup de choses! Je me souviendrai toujours de la fois où il m’a raconté sa rencontre avec son père biologique. Il a réussi à me faire rire, mais c’était très émouvant et j’espère avoir réussi à transmettre cette double émotion dans le livre.»
«J’ai été très étonnée par le côté «philosophe» ou vieille âme de Woody. J’aime particulièrement le chapitre sur l’amour où il parle de sa réflexion face à ses relations avec les femmes. Et dans le contexte que l’on connaît concernant cette vague de dénonciation, c’est tout en son honneur.»
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Si tu avais carte blanche pour la rédaction d’une prochaine biographie sur une personne dont tu admires la personnalité et l’accomplissement, de qui aimerais-tu parler, et pourquoi?
«Tout au long de ma carrière, j’ai presque toujours préféré travailler avec des personnes moins connues qui gagnaient à l’être. Je n’ai jamais été une groupie de vedettes ou de personnalités publiques. Alors, je dirais que la prochaine bio sera mon prochain coup de foudre! Pour consacrer autant de temps à quelqu’un, pour passer autant de temps avec cette personne et se réveiller la nuit pour noter une question ou un sujet à ne pas oublier d’aborder, il faut vraiment sentir qu’il ou elle a quelque chose d’exceptionnel à livrer.»
Pour découvrir nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/nos-series/dans-la-peau-de.
*Cet article a été produit en collaboration avec les Éditions de l’Homme.
L'athlète Woody Belfort en images
Par Jonathan Bordeleau @ Tous droits réservés