7 romans au centre desquels gravitent des personnages qui ont le courage de leurs convictions – Bible urbaine

Littérature

7 romans au centre desquels gravitent des personnages qui ont le courage de leurs convictions

7 romans au centre desquels gravitent des personnages qui ont le courage de leurs convictions

La force de caractère pour se faire justice (pour le meilleur ou pour le pire!)

Publié le 27 janvier 2023 par Éric Dumais

«La disparition des miroirs» de Daniel Leblanc-Poirier ∙ VLB éditeur

Je me souviens d’avoir lu d’une traite Le deuil tardif des camélias, deuxième roman de Daniel Leblanc-Poirier, auteur qui a eu la gentillesse de nous faire entrer dans sa bulle lors du confinement en mai 2020, qui m’a fait réaliser que Réjean Ducharme, l’une des voix les plus marquantes du Québec à mon sens, avait visiblement fait des petits. Et c’est bien tant mieux.

J’ai en effet eu un réel coup de cœur avec la plume crue mais jamais déplacée de celui qui a vu le jour au Nouveau-Brunswick, avec ses personnages d’un réalisme vibrant qui se retrouvent comme enlisés «dans un imbroglio amoureux» – le quatrième de couverture m’enlève les mots de la bouche! C’est comme si on pouvait tous se reconnaître dans les traits de Laurent et Étienne, deux étudiants de l’UQAM qui ont tous deux le nom Florence marqué au fer rouge sur le cœur (à leur grand désarroi, il faut le dire).

Ah, la vie n’est pas un long fleuve tranquille, ça, Daniel Leblanc-Poirier l’a bien compris, c’est pourquoi il ne peut s’empêcher d’assaisonner l’existence de ses personnages en leur compliquant la vie, sûrement parce que, quelque part, il aime ça les regarder s’escrimer à essayer de trouver la voie vers le bonheur (ou un semblant de bonheur).

C’est ainsi qu’on découvre Robert Laramée dans La disparition des miroirs, paru chez VLB éditeur, un musicien has been qui a connu le succès dans les années 1990 – et dont tout le monde se souvient encore (il n’est peut-être pas si has been que ça finalement!) – mais qui se retrouve à un point critique de sa vie où, vraiment, rien ne va plus. En effet, son quotidien est morne, comme sur repeat, ses journées sont vides de sens, et en plus il n’a plus l’inspiration d’antan pour écrire des chansons et ainsi relancer sa carrière, au grand dam de son gérant Géatan, qui n’attend que le déclic pour le remettre sur les ondes.

Je l’avoue, l’envoûtement a été un peu moins enchanteur avec cette troisième œuvre de fiction que j’ai tout de même bien appréciée; et c’est ça que j’aime de l’univers de Daniel Leblanc-Poirier: c’est qu’il a le don d’ouvrir une fenêtre sur un monde qui pourrait être le nôtre, mais qui ne l’est pas tout à fait.

Et cette subtilité, je l’ai particulièrement trouvé bien réussie dans ce roman, puisque l’auteur joue avec la réalité afin de faire entrer par la petite brèche une part de fantastique, destinée à flouter notre compréhension du monde pour rendre son intrigue étrangement intrigante. Et le meilleur exemple pour symboliser cela réside en la personne de Benjamin, un gérant d’artiste qu’on pourrait qualifier d’inquiétant rapace, puisqu’il suit Robert à la trace (mais vraiment partout, partout, partout). Comme une sangsue.

«Benjamin engluait ma vie. Je l’aurais écrasé du talon comme une limace visqueuse». Ça vous donne une idée?

Mais où s’en va cette histoire? C’est aussi la question que je me suis posée à plus d’une reprise. Comme à son habitude, Daniel Leblanc-Poirier ne donne pas trop d’indices, et il n’est pas du genre non plus à sortir les confettis pour enjoliver son univers, et c’est bien correct. Je me suis laissé balader dans Montréal, ma ville, en témoin-voyeur d’un gars qui a envie de trouver un sens à sa vie, de trouver le grand amour aussi, et de faire son grand comeback. Mais à son rythme.

Sauf que la vie est parfois parsemée d’embûches – la preuve, plusieurs personnages tombent comme des mouches dans ce récit! – et ce n’est pas toujours évident d’avoir confiance envers les autres. Je ne citerai pas de noms pour ne pas vous gâcher la surprise.

Bon, avant de mettre le point final à cette critique, j’ai un dernier commentaire à exprimer. C’est rare, extrêmement rare que je prenne le temps de m’insurger (façon de parler) contre la qualité de révision d’un ouvrage, car dans tout roman, qu’il soit publié chez Boréal, Gallimard, Seuil ou VLB, il y a des fautes d’orthographe ou de syntaxe, et c’est courant. La perfection n’existe pas, right?

Mais il y a toujours de saintes limites à écrire (et à envoyer chez l’imprimeur) «Je mangeait en marchant» ou «comme si de rien» (alors qu’on sait tous que l’expression c’est «comme si de rien n’était». Vraiment, je trouve ça impardonnable.

Faites attention, pour l’amour (de notre belle langue!)

143 pages, 22,95 $.

Appréciation: ⭐⭐⭐

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