7 romans au centre desquels gravitent des personnages qui ont le courage de leurs convictions – Bible urbaine

Littérature

7 romans au centre desquels gravitent des personnages qui ont le courage de leurs convictions

7 romans au centre desquels gravitent des personnages qui ont le courage de leurs convictions

La force de caractère pour se faire justice (pour le meilleur ou pour le pire!)

Publié le 27 janvier 2023 par Éric Dumais

«Mrs March» de Virginia Feito ∙ Le Cherche midi éditeur

Dire que le premier roman de Virginia Feito est juste correct, mais sans plus, relève d’un euphémisme (de pure mauvaise foi, qui plus est), tellement la plume de l’autrice espagnole, qui a vécu toute sa vie entre Paris et Madrid, coule de source. De fait, cette dernière fait usage d’un vocabulaire riche, avec de judicieux choix de mots, qui prouve que la «grande» littérature existe toujours, même à une époque où le langage parlé est supposément cool.

Dès que j’ai ouvert ce roman, j’ai eu la sensation que cette Mrs March m’en ferait voir de toutes les couleurs. Et mon intuition ne m’a pas trompé.

Déjà, son air chic et pincé semble révélateur d’une personnalité qu’on ne peut tromper – qui oserait s’essayer, de toute manière? – et le cafard aux longues antennes qui se balade sur sa cuisse est annonciateur d’une multitude de couches d’interprétation que c’en est hyper stimulant. Autant il peut symboliser un sentiment de profonde lassitude, autant il peut avoir des airs d’acte irréfléchi, comme pris sur une impulsion.

Et cela sied parfaitement à la personnalité introspective de Mrs March, dissimulée derrière le nom de famille de son mari George, un écrivain à succès dont les livres ont atteint le rang de best-sellers, avec lequel elle entretient un quotidien morne et exempt de passions, à l’instar du mutisme qui a pris possession de son fils Jonathan.

Mais le vrai hic, il est au-delà des apparences; le vrai «problème» de Mrs March, ce n’est pas seulement son mari, avec son air détaché et ses affectueux «ma puce», comme il se plaît à l’appeler à outrance; ni son fils, qui a l’air aussi joyeux qu’un croque-mort; c’est le nouveau roman de George March qui va faire basculer Mrs March dans le gouffre de la folie, au moment précis où elle va apprendre par la boulangère que la protagoniste Johanna, une vraie putain celle-là, lui ressemble comme deux gouttes d’eau…

Et cette coupure de journal qui traîne sur le bureau de son mari où l’on apprend l’assassinat de la jeune Sylvia Gibbler à Gentry… l’intuition de Mrs March la pousse à croire que George March, l’écrivain qui fait tourner les têtes, est (possiblement) un meurtrier qui répand le mal autour de lui.

«Un millier de voix différentes retentirent dans son crâne. Une coïncidence, juste une coïncidence, criait l’une. Et si ça n’en était pas une, rétorquait une autre. Après tout, sur combien de coïncidences une femme peut-elle fermer les yeux? N’est-ce pas ainsi que les meurtriers finissent par être interpellés, quand une âme observatrice emboîte toutes les pièces du puzzle?»

Il n’y a pas à dire, Mrs March est convaincante, et lorsque son imagination se met à lui jouer des tours, on a envie de la croire. Mais doit-on vraiment lui faire confiance, ou elle a déjà basculé?

Vous avez lu Le pigeon de Patrick Süskind? Évidemment! Et vous vous souvenez de ce moment clé de l’histoire où Jonathan Noël tombe face à face avec un pigeon? L’auteur nous décrit la scène avec la précision d’un horloger. Après cet épisode phobique, c’est comme si sa réalité n’avait plus de sens…

Eh bien, dès que Mrs March est persuadée que son mari qui «[…] a une imagination très noire» lui a donné vie à travers sa fiction, qu’elle finit par exécrer, c’est comme si sa vie entière était chamboulée, tellement l’humiliation lui est insupportable.

Vous savez ce qu’est le plus beau dans tout ça? Vous n’avez aucune idée jusqu’où une femme en colère peut aller!

350 pages, 34,95 $.

Appréciation: ⭐⭐⭐⭐  1/2

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