Littérature

7 romans au centre desquels gravitent des personnages qui ont le courage de leurs convictions

La force de caractère pour se faire justice (pour le meilleur ou pour le pire!)

Publié le 27 janvier 2023 par Éric Dumais

Depuis la nuit des temps, la littérature a accueilli en son sein des héros et héroïnes qui ont marqué – et qui continue de marquer encore de nos jours – l’imaginaire collectif. Et s’ils sont devenus des modèles auxquels plusieurs se sont associés, c’est qu’ils sont habités d’une force de caractère qui les élève au rang de personnages d’exception, et ce, même si quelques-uns ont connu un destin tragique… Au cœur de ce plus récent dossier de lectures, je n’ai pas la prétention de vous présenter des protagonistes de la trempe de Cyrano, Manon Lescaut, Quasimodo ou Emma Bovary, mais plutôt des personnages qui ont le courage de leurs convictions. En sont-ils pour autant des héros et héroïnes? Pas toujours non. Mais l’effort est là!

«Hors-la-loi» d’Anna North ∙ Éditions XYZ

J’ai découvert la New-Yorkaise Anna North – dont le premier roman Vie et mort de Sophie Starck a été récipiendaire du prix Médicis et du prix des Lecteurs de Vincennes – tout récemment, et ce, grâce aux Éditions XYZ qui ont eu l’éclair de génie, oserais-je avancer, de publier la traduction française d’Outlawed par l’irréprochable Jean Esch.

Best-seller aux États-Unis, et pour cause, l’ouvrage a été traduit en sept langues et fait désormais partie de mes livres coups de cœur de 2022.

Dans ce western d’émancipation où les bad girls n’en font qu’à leur tête et où est déconstruite l’image du mâle viril qui tire plus vite que son ombre (excusez-moi l’analogie tout-à-propos avec Lucky Luke!), j’ai fait la connaissance d’Ada, une jeune femme courageuse et ultra lucide de dix-sept ans seulement, dont le destin va prendre une solide débarque lorsqu’elle apprendra qu’elle est stérile et qu’elle ne pourra donc jamais enfanter.

«Si une femme accomplissait ses devoirs vis-à-vis de son mari et du Petit Jésus, et si malgré cela, elle ne tombait pas enceinte, cela signifiait sans doute qu’une sorcière lui avait jeté un sort, généralement une femme elle-même stérile qui voulait transmettre son mal à d’autres…»

Or, la pauvre Ada n’est pas née sous une bonne étoile ni dans le meilleur des contextes historique et religieux, car à Fairchild, une petite communauté catholique du Texas, fin XIX^e siècle, les femmes qui ne sont pas en mesure de donner la vie sont vite accusées d’être des sorcières jetant de mauvais sorts et répandant le mal autour d’elles.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Ada, une sage-femme douée qui a appris les rouages de son métier de la meilleure au village, sa maman, va devoir choisir entre l’habit religieux ou la fuite si elle souhaite éviter les foudres du shérif Branch, qui a laissé entendre qu’il n’hésitera pas à l’envoyer au pilori ou en prison à vie s’il l’attrape par le collet…

Bon, je pourrais vous en dire plus, mais je déteste les divulgâcheurs, et je suis sûr que vous aussi, c’est pourquoi j’ai envie de vous laisser la surprise intacte. Alors, on en reste là, mais je n’ai pas dit mon dernier mot, que nenni!

Franchement, cet Hors-la-loi a été pour moi une sacrée belle surprise cette année: la plume de l’autrice est fluide et d’une réelle intelligence; le réalisme de sa fiction est «plus vrai que nature», et les dialogues échangés entre les différents personnages sont finement ciselés et traduisent bien les personnalités marginales de bon nombre d’entre eux.

J’ai particulièrement apprécié l’ouverture à l’autre dans ce récit, l’autrice accordant une importance évidente à la notion des genres en littérature. Et par-dessus tout, une dose d’adrénaline vous attend dans le détour avec des scènes de braquages digne d’un bon film western.

Outre le fait que j’aie maintenant envie de découvrir son roman choral Vie et mort de Sophie Starck (Autrement, 2015), qui a été chaudement salué par la critique, il ne resterait plus qu’Hors-la-loi soit adapté au grand écran pour rendre heureux le fan de cowboys en moi… de cowgirls, s’cusez-moi!