«Un paradis pour tous» de Robert Morin

Jean-Guy Simard, ou Buster pour les intimes, est un employé du fisc qui gère ses dossiers d’une main de maître, ayant à cœur la justice et l’équité. Jusqu’au jour où il est mis à la porte, avec une belle enveloppe en guise de «remerciements» par-dessus le marché… dès lors, notre justicier décidera de se venger… en préparant un guide 101 de l’évasion fiscale.

Personnage à la personnalité et à la morale douteuses (il faut l’entendre parler de son enfance entourée de drogues, sexe et diverses figures paternelles pour voir que Buster est un être de zones grises…), ce qui ne fait qu’ajouter à l’ironie de la situation.

Pour les habitués de Robert Morin, ces 76 minutes vous réjouiront. Comment ne pas être séduit devant l’habileté du créateur de faire avec si peu et avec une très petite équipe? (4 personnes en tout).

Plans subjectifs, caméra à l’épaule (ou au cou!), transformations de personnages à l’écran, calculées, certes, mais qu’on devine improvisées… Le réalisateur et son acolyte s’amusent ferme et on se délecte de les sentir avoir du «fun», comme on dit. Ça devait être beau sur le plateau…

La démarche pour faire la promotion du film est également ingénieuse; Jean-Guy Simard parle de l’évasion fiscale à l’aide de petites vidéos YouTube, capsules «éducatives», entretiens avec des experts, etc. Il a même une boîte vocale personnalisée, rien que ça! Quand la réalité rencontre la fiction, c’est souvent gagnant.

Que dire de Stéphane Crête! Son talent d’improvisateur est mis à l’honneur ici. Entre hommes d’affaires véreux, femme amoureuse, bandit à la petite semaine ou autres personnages farfelus, tout y passe.

Sans les comparer certes, mais on se souviendra de The Big Short d’Adam McKay, qui a expliqué de manière décomplexée et amusante les mécanismes ô combien compliqués de la Bourse, et bien, on se souviendra également de ce Paradis pour tous, qui met en lumière de façon brillante et ludique les paradis fiscaux. Pari risqué, certes, il faut l’avouer. Mais il faut tout autant lui donner le crédit d’user d’humour pour dénoncer une telle situation…

Le cinéma a cela de merveilleux quand il réussit à sortir de son propre cadre, amener ailleurs, décloisonner les genres et offrir un produit divertissant, unique et intelligent. Sur ce point, Morin et sa bande de joyeux lurons ont une note parfaite au compteur.

La sortie en salles au Québec est prévue le 1er avril 2016.