«Le Misanthrope», mise en scène par Michel Monty, au Théâtre du Rideau Vert – Bible urbaine

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«Le Misanthrope», mise en scène par Michel Monty, au Théâtre du Rideau Vert

«Le Misanthrope», mise en scène par Michel Monty, au Théâtre du Rideau Vert

Réussir à ancrer Molière au 21e siècle

Publié le 9 février 2015 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Jean-François Hamelin

Le pari était risqué pour le metteur en scène Michel Monty de vouloir moderniser Le Misanthrope de Molière en allant jusqu’à intégrer téléphones intelligents, tablettes électroniques et autres gadgets à sa proposition. Et la réussite n’était pas si évidente alors que François Papineau et David Savard déclamaient leurs premiers alexandrins, cellulaire à la main. Mais force est d’admettre que le naturel du jeu des acteurs, le bon dosage au niveau technologique, et surtout l’intemporalité du texte auront permis de crier victoire et de bel et bien ramener l’écrivain du 17e siècle au goût du jour sur la scène du Théâtre du Rideau Vert.

Il est aisé de le constater en recevant les mots si savamment choisis par Molière et si musicalement délivrés par la troupe actuellement en place au Théâtre du Rideau Vert: le texte du dramaturge français est autant d’actualité aujourd’hui, dans notre société du bien-paraître et d’individualisme, qu’il l’était en 1666, alors que l’auteur créait ces dialogues pour se venger de la Cour du roi Louis XIV qui avait mal reçu son œuvre précédente, Tartuffe.

Le niveau de langage du Misanthrope, avec ses vers en alexandrins et ses rimes, pourrait en rebuter quelques-uns, d’autant plus qu’il contraste de façon importante avec le contexte très actuel dans lequel on a voulu l’insérer. Mais peu importe si les alexandrins nous ravissent ou nous perdent, il est impossible de ne pas trouver à travers le texte une magnifique vérité.

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C’est que cet Alceste (François Papineau, d’une redoutable efficacité), si horripilé par l’hypocrisie, l’attention portée à l’image et la superficialité du monde dans lequel vit celle qu’il aime, la toujours bien mise et d’une élégance incontestable Célimène (Bénédicte Décary, d’un naturel toujours convaincant), goûtera à la dureté des mots dans Le Misanthrope.

Le personnage incarné si adroitement par Papineau est effectivement très classique, lui qui souhaite que sa bien-aimée lui témoigne un peu plus d’amour, et un peu moins à tous ces hommes qui viennent faire la fête chez elle un peu trop souvent au goût d’Alceste. La belle joue certainement au jeu de la séduction, mais ses rapports sont-ils aussi insignifiants qu’elle le prétend?

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