«Le Misanthrope», mise en scène par Michel Monty, au Théâtre du Rideau Vert

Dans son costume tout ce qu’il y a de plus traditionnel, avec ses bretelles et sa chevelure gominée ramenée vers l’arrière, Alceste peut-il réellement concurrencer avec les jeunes hipsters à la mode, quelque peu excentriques, qui tournent autour de Célimène, et qui ont avec elle des discussions tout ce qu’il y a de plus futile (aux yeux d’Alceste) à propos d’un tel ou d’une telle qui fait les choux gras des potins et qui l’amusent, elle? L’incompatibilité entre les deux amants est manifeste, mais pourtant, celui qui est incapable de mensonges et de faire semblant est épris de celle qui utilise son entourage pour en retirer certains avantages.

C’est d’ailleurs lors d’une belle scène avec Arsinoé (Isabelle Vincent, solide) qu’il est aisé de comprendre l’hypocrisie qui habite chacun des membres de cette clique bien mise, mais trop adepte de vantardise. Réunis dans un grandiose décor rappelant un hôtel chic et très huppé, les dandys (Frédéric Pierre, Luc Bourgeois et Stéphane Jacques, amusants), la belle Célimène et sa cousine Éliante (Catherine de Léan, malheureusement trop effacée et sans aplomb) profitent bien de la vie, de leur beauté, et de leur situation, à défaut de profiter de relations interpersonnelles authentiques et durables.

Est-ce vers cela que les réseaux sociaux et la communication toujours davantage virtuelle nous mènent? Est-ce cette prise de conscience qui a poussé le metteur en scène à user de la technologie pour illustrer la vacuité de nos conversations, de nos relations et le côté malsain de la vengeance?