«Le Misanthrope», mise en scène par Michel Monty, au Théâtre du Rideau Vert

Alors que Clitandre (Frédéric Pierre) se fait un plaisir manifeste de lire sur son cellulaire les secrets découverts – on imagine – sur les réseaux sociaux à propos de Célimène et que Acaste (Luc Bourgeois) utilise son propre téléphone portable pour filmer la scène d’humiliation pour – on imagine – la partager à tout son réseau, il est impossible de rester de glace et de ne pas se sentir interpellé par le propos.

Si Molière n’avait pas l’option d’écrire une pièce de théâtre sensibilisant à la cyberintimidation, Michel Monty a usé de génie pour suggérer la chose sans changer une seule virgule du texte d’origine, et c’est d’une incroyable efficacité.

Malgré tout pas trop présents, les éléments de technologie moderne – dont un écran placé à côté de l’ascenseur, montrant le visage des gens qui montent à l’étage, qui n’est finalement qu’un gadget un peu dérangeant, mais utile – ont surtout comme résultat d’ancrer Le Misanthrope dans notre propre époque, sans équivoque. Mais l’efficacité de la transmission du message, de la musicalité du texte rimé et des interrogations à propos de notre société et des aspirations et actions de la jeune génération l’est également en raison du jeu de l’impressionnante distribution, dont il ne faut pas oublier de mentionner le jeune Mathieu Richard en sorte de majordome peu bavard, mais bien présent, et le toujours très apprécié David Savard en Philinte, précieux ami et conseiller d’Alceste.

Car tous les comédiens ont ici leur importance, brillant chacun à leur moment, tels de petits numéros d’humour en solo, où ils ont débité leur lot de répliques en alexandrins avec une aisance, un naturel et une fluidité impressionnants. C’était là, d’ailleurs, la force de Molière: trouver la façon juste de rire malgré le dramatique d’une situation. Et malgré les réflexions apportées par la mise en scène intelligente de Monty, rassurez-vous, on n’oublie pas de rire.

La pièce Le Misanthrope de Molière, mise en scène par Michel Monty, est présentée au Théâtre du Rideau Vert jusqu’au 28 février 2015, dans le cadre de Montréal en Lumière.