«Dans la peau de...» Micheal Lemire, artiste multidisciplinaire... nouvellement metteur en scène! – Bible urbaine

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«Dans la peau de…» Micheal Lemire, artiste multidisciplinaire… nouvellement metteur en scène!

«Dans la peau de…» Micheal Lemire, artiste multidisciplinaire… nouvellement metteur en scène!

Du 21 au 25 juin, laissez-vous porter par le souffle de 37 poètes lors du spectacle «Poèmes de la résistance»

Publié le 17 juin 2022 par Mathilde Recly

Crédit photo : Bennett Malcomson

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur d’être dans sa peau, l’espace d’un instant. Aujourd'hui, on a jasé avec Micheal Lemire, un artiste multidisciplinaire hyper inspirant dont le mot d'ordre a toujours été «Je veux tout faire!» C'est la raison pour laquelle il multiplie aujourd'hui, du haut de ses 21 ans, les chapeaux de comédien, auteur, réalisateur, clown et... metteur en scène! En effet, du 21 au 25 juin, il présentera son spectacle «Poèmes de la résistance» à La Nouvelle Scène Gilles Desjardins à Ottawa, une invitation du Théâtre Tremplin. Laissez-vous porter par le souffle de résistance de 37 voix de poètes franco-ontariens qui militent contre le fameux «jeudi noir» imposé par le gouvernement Ford, le 15 novembre 2018!

Micheal, nous sommes ravis de faire ta connaissance! Toi qui es comédien, auteur, réalisateur, clown et artiste de la relève, pourrais-tu nous dire d’où t’est venue la piqûre pour la création et l’interprétation artistiques dans des formes aussi multiples et variées?

«C’est en voyant des shows incroyables, dont j’aurais voulu faire partie ou être le créateur, que ça m’a donné la piqûre pour la création et l’interprétation artistique. Le genre de spectacle où tu te dis: Wow, j’aurais tellement voulu penser à ça!”

«Je crois aussi que j’aime beaucoup apprendre. Je suis perfectionniste, et je vais toujours au bout de mes projets. Souvent, étant une personne très ouverte, j’ai l’opportunité d’aller à la rencontre de nouvelles personnes et d’apprendre de nouvelles aptitudes. Ça m’ouvre des portes. J’aime tout essayer. Chaque fois où on m’a demandé ce que je voulais faire dans la vie, ma réponse a toujours été: Je veux tout faire”

«J’ai étudié à Sudbury, en français, où il y avait une plus petite communauté et plus d’opportunités, et c’est donc ce qui m’a permis d’élargir mes horizons et d’ajouter des cordes à mon arc.»

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Micheal Lemire, metteur en scène. Photo: Bennett Malcomson

Du 21 au 25 juin prochains, tu présenteras le spectacle Poèmes de la résistance à La Nouvelle Scène Gilles Desjardins à Ottawa, et il s’agira là de ta toute première mise en scène officielle! Voudrais-tu nous dire ce qui t’a donné l’élan d’assumer ce rôle et d’apposer ta vision artistique à cette création théâtrale?

«En fait, ce fut un processus assez drôle. Au début, c’est mon ami Zackari, qui fait maintenant partie de la distribution, qui a été approché pour faire la mise en scène. Ce n’est pas quelque chose qui l’intéressait, mais il a tout de suite pensé à moi. Je ne pourrais pas en être plus reconnaissant! Le Théâtre Tremplin et moi, c’est un match parfait.

Dans mon parcours, j’ai déjà aidé à la direction artistique de plusieurs projets, fait de l’assistance à la mise en scène, et complété un cours universitaire de théorie de mise en scène. Avec tout ce bagage du haut de mes 21 ans, je me sentais fin prêt à assumer ma première mise en scène.»

«De plus, je me sentais beaucoup plus à l’aise à l’idée de mettre en scène un spectacle pour une compagnie de théâtre aussi ouverte à l’apprentissage, comme l’est le Théâtre Tremplin. Plusieurs professionnel.le.s du milieu ont fait leurs premiers pas ici. Je suis fier que mon nom s’ajoute à la liste.»

Affiche officielle du spectacle «Poèmes de la résistance». Graphisme: Amélie Trottier

Pour l’écriture des textes, 37 poètes franco-ontariens se sont alliés sous la direction d’Andrée Lacelle et ont laissé libre cours à leur imagination «dans un mouvement de mobilisation artistique et citoyen face aux attaques du gouvernement Ford à l’encontre de la collectivité franco-­ontarienne.» Plus précisément, ces artistes se sont unis pour créer «un recueil de poèmes inspiré des coupures du gouvernement conservateur en novembre 2018, le fameux jeudi noirÀ la lecture de ces créations littéraires, quels sentiments as-tu pu ressentir personnellement?

«Ç’a été un grand moment de déjà-vu… J’ai eu l’impression de revivre les événements du “jeudi noir” de novembre 2018 et les émotions fortes qui ont suivi. Dès la lecture des poèmes, j’avais des idées, des images et des concepts pour la mise en scène. Mais honnêtement, j’étais aussi un peu intimidé…»

«Ce sont des auteurs pour qui j’ai beaucoup de respect, des icônes de la francophonie ontarienne, des lauréats des Prix littéraires du Gouverneur général, etc. Les textes et les différentes perspectives me touchent beaucoup. L’un de mes textes préférés s’intitule Je ne me savais pas francophone d’Elsie Suréna. Ce texte me donne des frissons depuis ma première lecture! C’est aussi un poème qui occupe une place très importante dans le spectacle.»

«Dans le préambule du recueil des Poèmes de la résistance, Andrée Lacelle écrit: “Mais comment dire la marge-même de l’appartenance franco-ontarienne?”. Et c’est bien vrai! Pour une personne née en Afrique, le français, c’est la langue des colonisateurs, des assimilateurs… et en Ontario français? Le français est la langue des assimilés… c’est un contraste important que j’ai tenu à souligner dans ma mise en scène.»

Et alors, pour quels choix artistiques as-tu opté afin de faire ressortir la puissance de ces poèmes de résistances culturelle et artistique?

«Sans trop dévoiler le concept du spectacle, j’ai vraiment voulu passer par les émotions. Littéralement.»

«En tant qu’artiste multidisciplinaire, l’une des formes d’arts qui m’inspirent le plus est l’art clownesque. En clown, on explore dans l’espace à partir des impulsions du corps, mais aussi à partir d’émotions et de couleurs. Par exemple, ton genou droit peut réagir d’une certaine manière en s’inspirant de la couleur jaune (qui est souvent associée à l’innocence, la joie, la pureté, l’humour). Et ton genou gauche, quant à lui, peut réagir d’une autre manière en s’inspirant de la couleur rouge (qui peut être associée à la colère tout autant qu’elle peut être associée à l’amour).»

De gauche à droite: Christine Bouchard, Anjie Hamel, Ama Ouattara, Mauricio Campbell Martinez, Aurel Pressat et Zackari Gosselin. Photo: Micheal Lemire

«Pour la mise en scène des Poèmes de la résistance, je me suis donc beaucoup inspiré de la corporalité clownesque à partir des couleurs et des émotions. Au niveau de la partition, j’ai évidemment dû faire des choix. Avec 38 textes de 37 auteurs, c’était impossible de tout garder (même si j’aurais bien voulu faire une mise en scène de cinq heures!)»

«Ça a donc été un défi immense de faire des coupures… Finalement, ce sont 26 textes qui demeurent dans le spectacle.»

À plus ou moins long terme, comment penses-tu que le français et la création francophone pourront se maintenir et cohabiter avec l’anglais en Ontario?

«Avant de pouvoir cohabiter avec l’anglais en Ontario, on doit trouver comment cohabiter avec nous-mêmes, les Franco-Ontarien·ne·s et avec les francophones hors Québec.»

«Personnellement, je trouve qu’il y a cette culture négative debon” et de “mauvais” accents que je n’apprécie pas du tout. Ça créer une grande insécurité linguistique auprès des communautés francophones minoritaires.»

«Ayant étudié au nord de l’Ontario, j’ai pu voir une symbiose incroyable qui n’existe pas dans l’Est. Malheureusement, il y a aussi beaucoup de jalousie, et ce, partout en Ontario français. On doit vraiment mettre de l’avant les collaborations inter-régions. Il faut faire comprendre aux gens que nous avons tous la même piqûre de l’art et le même amour de notre langue.»

«Je ne sais pas à quel point nous sommes prêt·e·s nous, les Franco-Ontariens, à cohabiter avec le milieu anglophone, si nous-mêmes on a toujours des petites frictions à même notre famille francophone. Je suis bien optimiste, mais il y a encore du chemin à faire!»

De gauche à droite: Micheal Lemire, Dominique Payer, Aurel Pressat, Ama Ouattara, Mathilde Hountchégnon, Christine Bouchard, Lionel Lehouillier, Zackari Gosselin et Gilles Néron lors de la première lecture de la pièce en avril dernier. Photo: Amélie Trottier.

L’équipe de création

  • Texte: Collectif d’auteurs·trices sous la direction d’Andrée Lacelle;
  • Mise en scène: Micheal Lemire; Régie: Dominique Payer;
  • Conception musicale: Jordan Kassis;
  • Éclairage: Déborah Bailly;
  • Décor et costumes: Micheal Lemire et Dominique Payer;
  • Appui au décor et costumes: Andrée-Ève Archambault;
  • Direction artistique: Lionel Lehouillier;
  • Communications et marketing: Amélie Trottier;
  • La distribution: Christine Bouchard, Mauricio Campbell Martinez, Zackari Gosselin, Anjie Hamel Mathilde Hountchegnon, Gilles Néron, Ama Ouattara, Aurel Pressat et Sylvie Touchette.

Vous êtes curieux de savoir ce que ces 37 poètes vous réservent en termes de poèmes de la résistance? Rendez-vous sur le site du Théâtre Tremplin pour en savoir plus ou pour acheter vos billets en cliquant ici. Pour découvrir nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/nos-series/dans-la-peau-de.

*Cet article a été produit en collaboration avec le Théâtre Tremplin.

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