20 pièces de théâtre québécoises à voir pour la saison 2015-2016

9. «Cinq à sept», ESPACE GO, du 17 novembre au 5 décembre 2015

Après le succès de la trilogie sur la quête d’identité Un, Deux et Trois de Mani Soleymanlou, le créateur s’est lancé dans une autre sorte de triptyque, cette fois plus ludique, mais tout aussi réussi.

Abordant la génération des trentenaires en révélant ce qui les anime, ce qu’ils désirent, ce qu’ils recherchent et ce qui les préoccupe, la trilogie amorcée avec Ils étaient quatre, au printemps dernier à La Licorne, met en scène la même soirée, sous l’angle d’abord masculin, puis, avec Cinq à sept, sous l’angle féminin.

Rythmé, juste et divertissant à souhait, le premier volet comptait sur une distribution de choix et nous a complètement embarqués dans le grand party. Il est donc normal que la seconde partie soit attendue, d’autant plus qu’on a laissé le soin à une auteure féminine de signer la partition avec les interprètes elles-mêmes, pour mieux cerner la gent féminine.

Fanny Britt, alliée à Kathleen Fortin, Julie Le Breton et Geneviève Schmidt, ça ne peut que donner un spectacle tout à fait survoltant, où fous rires et phrases punch fuseront de partout. Jouant leur propre rôle de comédiennes réunies dans un cinq à sept et partageant leurs insides sur le milieu, les trois femmes verront bientôt poindre, leur consommation d’alcool aidant, les doutes et les angoisses vis-à-vis les incertitudes du métier, et même, l’insatisfaction et l’ennui à propos de la vie en général…

Ce Cinq à sept sera certainement drôle, mais portera aussi très certainement à la réflexion.

Texte de Fanny Britt avec la collaboration des interprètes, mise en scène de Mani Soleymanlou.

10. «Table rase», Espace Libre, du 18 novembre au 5 décembre 2015

Véritable portrait d’une jeune génération de femmes, de par le sujet et par l’aspect collectif de la création de l’œuvre, Table rase promet de faire réagir.

Car souvent, dans la vingtaine, sinon à un moment ou à un autre dans sa vie, tout le monde se questionne à savoir où s’en va sa vie, à quoi elle aspire, si les fondations bâties sont croches, s’il ne vaudrait pas mieux recommencer, repartir à neuf… Mais est-ce seulement possible d’avoir une deuxième chance, de se reprendre, sachant qu’on ne peut retourner en arrière?

Là est la réflexion promise dans Table rase, alors que six femmes dans la vingtaine affirmeront bien fort leur besoin d’exister, d’aspirer à plus grand, de ne pas avoir une existence vaine, vouée à l’oubli et à la désuétude. Ces six jeunes femmes célébreront la vie, et je crois qu’il fera bon d’assister à cette grande fête réflexive, sinon pour découvrir la nouvelle génération de comédiennes, talentueuse et passionnée.

Texte du Collectif Chiennes avec la collaboration de Brigitte Poupart, dialogues de Catherine Chabot, mise en scène de Brigitte Poupart.

11. «Ma tête est une ruche», Théâtre La Chapelle, du 1^er au 5 décembre 2015

Dans un texte vrai qui nous interpelle, voire qui nous happe, Sébastien Tessier aborde les relations interpersonnelles et nos perceptions de ces dernières. Est-ce possible d’entretenir une relation durable en ne disant toujours que la vérité? Ou sommes-nous condamnés à mentir pour sortir de sa solitude et entrer en relation avec les autres?

Voilà la prémisse de l’auteur pour créer cette pièce présentée en différents tableaux aux personnages qui tantôt se dévoilent franchement, tantôt se confrontent de façon absurde, mais toujours arrivent à la même conclusion: nous sommes très seuls.

Présentée par de jeunes comédiens, dont Philippe Thibault-Denis, le D’Artagnan des Trois Mousquetaires de Serge Denoncourt l’été dernier, et un jeune metteur en scène qui signe ici sa deuxième mise en scène seulement, Ma tête est une ruche a été créée à la suite d’un laboratoire où des gens d’une même tranche d’âge et de milieux similaires ont dialogué, se sont confié, et ont mis cartes sur table pour faire ressortir certaines réalités et certains questionnements, de vraies réflexions qui me semblent pertinentes.

Texte de Sébastien Tessier, mise en scène de Patrick R. Lacharité.

12. «Le long voyage de Pierre-Guy B.», Théâtre d’Aujourd’hui, du 19 janvier au 6 février 2016

On retrouve le tandem Christian Essiambre et Philippe Soldevila, qui nous avait donné le superbe et impressionnant Les trois exils de Christian E. – d’ailleurs repris au même théâtre simultanément, du 15 janvier au 2 février – agrémenté cette fois-ci de Pierre Guy Blanchard au texte et à l’interprétation.

Essiambre et Soldevila se sont associés au compositeur, percussionniste et conteur qu’est Blanchard, afin de créer une ode à l’amitié, à l’intégrité et au refus d’un confort engourdissant. Utilisant le même procédé de fiction biographique aux couleurs acadiennes, les comparses raconteront l’histoire de Pierre-Guy B., un voyageur vagabond de retour après sept ans d’exil.

Et si on se fie au dynamisme et à la force des mots et des images de Les trois exils de Christian E., tout en se disant que Le long voyage de Pierre-Guy B. offrira en plus un univers musical singulier, cette pièce promet!

Texte de Philippe Soldevila, Christian Essiambre et Pierre Guy Blanchard, mise en scène de Philippe Soldevila.