Théâtre
Crédit photo : Tous droits réservés (en couverture: Cinq à Sept à ESPACE GO)
1. «Septembre», Espace Libre, du 8 septembre au 2 octobre 2015
Qu’est-ce que cela signifie être parent? Jusqu’à quel point les désirs et les besoins des enfants passent-ils avant tous ceux des parents? Et si on plongeait dans la tête des parents, que découvririons-nous? Sans doute quelques pensées qu’il faut taire, qui ne sont pas acceptables… Les pensées des enfants, quant à elles, sont plus honnêtes, mais sont-elles uniquement heureuses pour autant?
Autant de questionnements soulevés par Evelyne de la Chenelière, alors que son personnage, une mère, est appelée par l’école de sa fille pour aller la chercher, car celle-ci a mal au ventre. Plutôt que de se ruer au secrétariat, la mère prend son temps en contemplant la cour d’école où les enfants s’amusent durant la récréation, et se met à s’inventer de drôles de scénarios en imaginant des pensées et des vies aux enfants et aux adultes se trouvant dans la cour et tout autour.
L’écriture d’Evelyne de la Chenelière ne m’a jamais laissée indifférente; elle m’a même toujours portée vers de grandes réflexions, et j’espère que l’expérience se répétera avec Septembre. Le tandem Brière et De la Chenelière est efficace, et sa façon de collaborer et de travailler est singulièrement attrayante pour quiconque aime se plonger dans l’imaginaire, les non-dits et les fantasmes.
De plus, il s’agira d’une occasion unique de voir à l’œuvre le talent d’interprétation d’Evelyne de la Chenelière, qui livrera ce texte intime en solo, pour la première fois de sa carrière.
Texte et interprétation d’Evelyne de la Chenelière, mise en scène et scénographie de Daniel Brière.
2. «As is (tel quel)», chez Duceppe, du 9 septembre au 17 octobre 2015
J’ai été surprise de voir que cette création originale du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui et de Simoniaques Théâtre allait être reprise chez Duceppe. La scène semble immense, il faudra y empiler encore plus d’électroménagers, de vêtements et d’autres bidules de toutes sortes pour recréer l’ambiance tout à fait singulière du sous-sol de l’Armée du Rachat (un genre d’Armée du Salut) dans lequel évoluent les personnages hauts en couleur imaginés par Simon Boudreault.
Mais avec une distribution aussi solide et impressionnante que Denis Bernard, le jeune mais tout aussi talentueux Jean-François Pronovost, Geneviève Alarie, Félix Beaulieu-Duchesneau, Marie Michaud et Catherine Ruel (avec Marc St-Martin en remplacement de Patrice Bélanger), et un texte aussi original, drôle et rythmé, la pièce que j’avais choisie comme étant ma favorite de l’année 2014 devrait encore une fois faire bonne figure à la prochaine saison.
Tout compte fait, je suis ravie que cette reprise offre la chance à davantage de gens de découvrir ce spectacle éclaté et de passer un aussi bon moment de théâtre.
Texte et mise en scène de Simon Boudreault.
3. «Peepshow», ESPACE GO, du 15 septembre au 10 octobre 2015
Il y a dix ans, l’auteure, comédienne et metteure en scène Marie Brassard donnait vie à sa création dans le cadre du Festival TransAmériques, et le succès était tel que le spectacle allait être présenté jusqu’en Belgique, en Allemagne et même en Australie.
Une décennie plus tard, dans une volonté de faire voir le talent des auteurs féminins, on a donné la même partition à Monia Chokri, l’une des jeunes comédiennes qui se rapprochent probablement le plus de l’audace et de la détermination de Brassard. Celle que l’on a pu découvrir dans Les Amours imaginaires de Xavier Dolan ou, plus récemment, dans la série télé Nouvelle Adresse, est effectivement tout indiquée pour donner vie à ce spectacle audacieux, duquel les sons et la musique sont partie intégrante.
Beautiful se réjouit de s’être perdue en forêt et d’ainsi croiser la route de différents personnages, tous pris dans la spirale du désir. Que ce soit en tant que voyeur ou exhibitionniste, tous vivent à leur façon des sentiments plus ou moins avoués suite à leur rencontre fortuite avec Beautiful, et la curiosité peut mener bien loin, comme devant une cabine de peepshow, où le désir l’emporte sur l’interdit.
Partition pour solo où l’interprète devra pourtant jouer une multitude de personnages, Peepshow ne peut qu’ébahir à nouveau, grâce à une comédienne brillante, ainsi qu’un texte et une metteure en scène déjà établis et applaudis.
Texte et mise en scène de Marie Brassard.
4. «Sauvageau Sauvageau», Théâtre d’Aujourd’hui, du 22 septembre au 10 octobre 2015
Mettant en opposition le Sauvageau de 24 ans, dans les années 70, à la veille de se donner la mort, et le Sauvageau tel qu’il le serait – on se l’imagine – s’il était toujours vivant, Sauvageau Sauvageau a d’abord l’avantage de compter sur le jeune Gabriel Szabo, que j’avais adoré découvrir dans Pig au Théâtre Prospero en 2013-2014 puis, en reprise, en 2014-2015. C’est sans oublier Paul Savoie (Un sur deux, O’, Trauma) en Sauvageau d’aujourd’hui et l’excellent David Giguère, qui signera un univers musical original pour la pièce.
Ce sera une belle occasion pour les plus jeunes de découvrir l’esprit tourmenté de l’artiste de théâtre avant-gardiste Yves Sauvageau, décédé trop tôt pour laisser une œuvre à la hauteur de son génie. Car dans son adaptation et sa mise en scène, Christian Lapointe s’est fait un point d’honneur de comprendre les contradictions et la tourmente chez le jeune homme, en imaginant ce dialogue qu’il devait forcément avoir avec lui-même, tanguant entre la force de résister, de devenir grand, et la faiblesse d’abandonner pour être soulagé.
Adaptation et mise en scène de Christian Lapointe, d’après l’œuvre d’Yves Sauvageau.