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Crédit photo : Camille Dubuc
«Mon père ne voulait pas de funérailles conventionnelles. Il l’avait mentionné quelques années avant sa mort. On était justement à des funérailles, puis il trouvait ça ennuyeux», confie Alex Vallée. Pour le réalisateur, cet évènement devait plutôt être «une célébration de la vie».
C’est la raison pour laquelle son fils a songé à lui offrir des obsèques sous la forme d’une exposition, sauf que, considérant toute l’organisation qu’engendre un tel évènement, le délai était beaucoup trop court pour que ce projet se concrétise rapidement.

Photo de l’exposition «Mixtape» sur Jean-Marc Vallée au Centre PHI de Montréal.
Par chance, avec la collaboration de la fondatrice et directrice Phoebe Greene, du directeur de création Sylvain Dumais et de la productrice exécutive Émilie Heckman du Centre PHI, le projet s’est développé au cours des deux dernières années et l’exposition est enfin présentée au public, jusqu’au 4 mai.
Selon son fils aîné, celle-ci rend un bel hommage à son père: «Je trouve que ça le met sur un piédestal», a-t-il lancé le jour de ma visite.
Partager l’amour de la musique
Même si Jean-Marc Vallée est surtout connu pour ses œuvres cinématographiques, l’exposition, qui porte le nom Mixtape, se concentre davantage sur une autre passion chère au cinéaste et moins connue du public: la musique.
Pourtant, il ne fait aucun doute que celle-ci occupait une place de choix dans la vie de l’artiste, qui s’assurait toujours qu’elle soit mise à l’honneur dans ces nombreux longs métrages.
«C’était le background sonore de sa vie personnelle, puis c’est ce qui l’inspirait à créer. Je pense qu’il préférait même la musique au cinéma. Il faisait son cinéma avec la musique», a souligné Alex Vallée.

Photo de l’exposition «Mixtape» axée sur Jean-Marc Vallée au Centre PHI de Montréal.
Afin de bien illustrer ses propos, on n’a qu’à penser à l’un des plus grands succès de Jean-Marc Vallée, C.R.A.Z.Y., et au personnage de Zachary Beaulieu (interprété par Marc-André Grondin), un véritable passionné de musique rock. La fameuse scène dans laquelle il se déhanche sur l’air de «Space Oddity» de David Bowie est certainement l’une des plus marquantes du film.
Le nom de l’exposition renvoie également aux compilations de pièces musicales que le mélomane avait l’habitude de partager avec son entourage.
Durant la visite, on pouvait d’ailleurs entendre son fils nous raconter la toute première fois où son célèbre père lui a concocté et dédié une «mixtape», intitulée «musique pour bébé», qu’il lui avait fait écouter en plaçant «ses gros écouteurs de DJ» sur le ventre de sa mère pendant sa grossesse!
Aller à la rencontre d’une figure marquante du cinéma québécois
L’exposition nous transporte, entre autres, dans l’enfance du réalisateur québécois, avec une maquette reproduisant la maison où a grandi Jean-Marc Vallée, sur la 26e avenue, dans le quartier Rosemont.
«Ce qui différenciait la maison des Vallée de celles du quartier, c’était la musique qui l’habitait et qui s’échappait parfois d’une porte entrouverte», raconte Alex Vallée, qui nous apprend également que ses grands-parents s’étaient rencontrés dans un magasin de disques, et que l’amour de la musique s’est transmis de génération en génération dans la famille.
Dans la même pièce, un défilé des images de ses films les plus connus est projeté sur des écrans: Démolition (2015), Café de Flore (2011), Wild (2014), C.R.A.Z.Y. (2005), ou la minisérie Big Little Lies (2017), lesquels sont accompagnés de leurs trames sonores. Cet environnement nous permet de nous imprégner totalement de l’univers créatif du cinéaste.
Un peu plus loin dans le parcours, on peut enfiler un casque et manipuler une console de mixage afin d’entendre les chansons les plus aimées de l’artiste, ou encore les témoignages de ses nombreux collaborateurs, parmi lesquels figurent Vanessa Paradis, Marc-André Grondin, Denis Villeneuve, Reese Witherspoon, Laura Dern, Matthew McConaughey, pour ne nommer que ceux-là.

Photo de l’exposition «Mixtape» axée sur Jean-Marc Vallée au Centre PHI de Montréal.
Dans cette partie plus interactive, ceux et celles qui ont côtoyé le réalisateur révèlent également aux visiteurs quelques anecdotes amusantes et discutent de la passion évidente du réalisateur pour la musique.
«Jean-Marc m’a souvent dit qu’il voulait être une rock star et qu’il était réalisateur par dépit. Je lui avais dit: “Pour quelqu’un qui fait ça par dépit, tu t’en es bien tiré!”», a confié l’auteure-compositrice-interprète Beyries, en riant.
Denis Villeneuve, quant à lui, parle de C.R.A.Z.Y. comme étant «un film extrêmement québécois qui avait quelque chose d’universel». Il admet avoir été «subjugué» par la scène de la messe de minuit, durant laquelle le personnage principal lévite avec, en fond sonore, la musique des Rolling Stones.
Notre visite s’est terminée avec une vidéo plus personnelle à travers laquelle on peut voir Jean-Marc Vallée, l’air heureux, chanter lors d’une soirée karaoké!
On repart inévitablement du Centre PHI avec l’image d’un homme qui était apprécié de tous, qui aimait la vie, et qui la vivait à fond.
Si l’exposition Mixtape sur Jean-Marc Vallée vous intéresse, sachez qu’elle sera présentée jusqu’au 4 mai 2025 au Centre PHI (407, rue Saint-Pierre) avant de partir en tournée à travers le Québec, et peut-être ailleurs dans le monde, qui sait! Sur ce, bonne visite!
L'exposition «Mixtape» au Centre PHI en images
Par Camille Dubuc
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