«The Good Lie» de Philippe Falardeau avec Reese Witherspoon – Bible urbaine

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«The Good Lie» de Philippe Falardeau avec Reese Witherspoon

«The Good Lie» de Philippe Falardeau avec Reese Witherspoon

Le doux mensonge de l'Amérique

Publié le 20 octobre 2014 par Ariane Thibault-Vanasse

Crédit photo : Warner Bros

La vague déferlante des cinéastes québécois brillant et travaillant à l'étranger se poursuit de plus belle. Depuis la nomination de son dernier opus Monsieur Lazhar, pour l'Oscar du meilleur film étranger en 2012, Philippe Falardeau a été adopté par l'industrie hollywoodienne, comme l'a été Denis Villeneuve avant lui ainsi que Jean-Marc Vallée. The Good Lie, avec rien de moins que Reese Witherspoon en tête d'affiche, vient clore la boucle amorcée vingt ans plus tôt par le réalisateur quant à son périple éprouvant au Soudan.

La guerre civile qui a sévi au Soudan est l’une des plus longues et meurtrières du XXe siècle. De 1983 à 2005, ce pays d’Afrique a dû faire le deuil de plus de deux millions de morts. Pour échapper au conflit, des milliers de Soudanais ont marché un nombre effarent de kilomètres afin de rejoindre des camps de réfugiés au Kenya. The Good Lie raconte l’épopée parfois tragique mais pleine d’espoir de trois Soudanais, Mamere, Jeremiah et Paul, frères de tribu et d’histoire, qui sont parvenus à immigrer aux États-Unis pour refaire leur vie. Aidée par la dévouée Carrie Davis (Reese Witherspoon, moins présente que ne le laisse présager l’affiche du film), travailleuse sociale qui s’engagera corps et âme dans leur insertion sociale.

Philippe Falardeau a misé sur l’authenticité. Les trois acteurs principaux proviennent du Soudan et sont eux-mêmes d’anciens réfugiés. La caméra du cinéaste épouse avec beaucoup d’humanité le parcours des protagonistes principaux, qui tentent tant bien que mal de s’adapter à leur nouvelle vie. Élevés dans une campagne africaine rustique et d’un autre siècle, le choc est brutal lorsqu’ils arrivent dans leur nouveau chez soi à Kansas City. Le téléphone, par exemple, peut être un objet plus complexe qu’il ne le paraît. Naïvement, le réalisateur de La Moitié gauche du frigo et de Congorama dresse un portrait sensible sur la rencontre de deux cultures diamétralement opposées, mais qui savent se rejoindre là où les valeurs comptent.

À l’inverse de ses précédents films, Falardeau a travaillé à partir d’un scénario qui lui a été proposé. Bien documenté, le récit initial de Margaret Nagle brille par la force des situations quotidiennes vécues par Mamere, Jeremiah et Paul, mais cherche son rythme. Le film est se divise facilement en deux parties distinctes; la première se déroulant en Afrique, pays enraciné de l’enfance des personnages, et la seconde, en Amérique. Nécessaire à l’histoire, la longue introduction au Soudan semble toutefois moins bien assumée que la partie ludique du Kansas. Cela dit, la photographie est grandiose et les paysages du Soudan reprennent vie sous l’oeil de Falardeau. Des couleurs chaudes et des bleus profonds en viennent presque à faire oublier l’horreur qui se dissimule sous cette beauté bucolique. 

Loin d’être le film le plus mémorable de Philippe Falardeau, The Good Lie est une oeuvre honnête et sans prétention. La première expérience d’envergure à l’étranger de Jean-Marc Vallée était aussi une oeuvre un peu décalée de son univers. Mais après The Young Victoria, Vallée a cartonné avec Dallas Buyers Club. Espérons que la seconde immersion de Falardeau chez nos voisins du sud engendra une oeuvre plus porteuse. Mais comme Philippe déçoit rarement, le futur est très prometteur.

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