MusiqueDans la peau de
Crédit photo : Baghir, Kmeron et Anouk Lessard
2- Si vous aviez le choix d’adapter à la sauce Baden Baden trois grands classiques de la chanson française, quels seraient-ils et pourquoi?
JULIEN: «La difficulté, c’est que les grands classiques de la chanson française sont souvent repris à outrance par les nouveaux artistes. Faire une énième version de «Ne me quitte pas» de Jacques Brel, par exemple, n’est pas forcément le choix le plus singulier, et je pense qu’il ne faut pas s’obliger à le faire. Il y a beaucoup d’artistes, actuels ou plus âgés, qui sont moins connus et qui ont écrit de très belles mélodies.
On s’est déjà essayé à reprendre des chansons qui nous tenaient à cœur avant tout. Comme «L’autre bout du monde» d’Emily Loizeau à nos débuts. Plus récemment, nous avons adapté le «Courage des Oiseaux» de Dominique A, un grand artiste et parolier. Nous avons aussi joué «La vie ne vaut rien» d’Alain Souchon, qui est beaucoup plus connu, et repris Léo Ferré à l’occasion d’un concert pour les FrancoFolies de la Rochelle. Tous ces artistes plus ou moins populaires ont leurs classiques.»
ÉRIC: «En fait, on ne peut pas répondre, car c’est toujours à une occasion. Plus que le fait d’aimer ou pas un classique. Faire une reprise, c’est toujours un imprévu… L’histoire s’écrit au fur et à mesure, et on aime l’idée de ne pas trop préméditer les choses. Par exemple, la reprise d’Emily, à l’origine c’était pour faire un cadeau à ma copine de l’époque… Ou bien la reprise d’Alain Souchon, c’était un hasard: On travaillait sur un instrumental et, à un moment, on a trouvé que ça ressemblait… On pouvait chanter «la vie ne vaut rien» dessus. Alors on est allés jusqu’au bout de l’idée.»
3- Analysez la chanson de votre choix sur l’album Mille éclairs et dites-nous pourquoi, à votre avis, elle est l’une de vos plus belles réalisations.
ÉRIC: «Une des plus belles je ne sais pas, mais une des plus atypiques, ce serait «M.A.C.». C’est un de mes titres préférés de l’album et un des premiers composés lorsque je me suis exilé quelques mois loin de Paris au bord de la manche dans une petite maison côtière. L’ambiance de bord de mer, le début du printemps, les premiers rayons de soleil, les premiers apéritifs en terrasse de la saison… on retrouve un peu tout ça dans ce titre. Une forme d’insouciance dans la musique, de plaisir simple, immédiat, éphémère lié à l’exil.»
«Le texte s’inscrit dans cette ambiance, mais de manière faussement naïve. La première phrase en Français dit «tu ne me regardes plus». J’imaginais Bardot dire ça dans un film de Truffaut. Ou bien une actrice des années 70 avec un accent anglais comme Jane Birkin. C’était presque parodique au départ et ça me faisait rire… D’ailleurs la maquette s’appelait «Mac Truffaut». (Mac pour Mac Demarco… pour le côté détente).
Mais au-delà de cette première phrase, le texte est plus contrasté, plus sombre: Il parle de l’absence. En écrivant les paroles, j’imaginais un personnage dans une ambiance clair-obscur, au bord d’une mer déchainée, et regardant un autre s’éloigner au loin. Une sorte de métaphore de la mort, de toute séparation inacceptable qu’on conjure en interprétant les manifestations de la nature: le vent comme son souffle, la pluie comme ses larmes, etc.»