Les 20 meilleurs albums anglos et francos de 2017

Catherine Leduc – Un bras de distance avec le soleil   

Catherine Leduc fait à nouveau équipe avec Matthieu Beaumont (tous deux de la défunte formation Tricot Machine, il l’avait également épaulée pour Rookie, paru en 2014) pour son deuxième album studio solo; Un bras de distance avec le soleil.

Cette offrande est un univers en soi, et ce, à part entière. Leduc nous ouvre la porte de son jardin imaginaire, empli de délicatesse et de légèreté, soutenu par une profusion de piano, de textes poétiques et d’une voix apaisante. Malgré son attirance pour le folk, elle réussit à créer une trame musicale qui conviendrait à un voyage intersidéral.

Elle élabore avec précision des textures sonores qui sont autant raffinées et que rustiques; elle n’hésite pas à faire le saut entre la guitare, le synthétiseur et le piano, optant pour des rythmes langoureux et planants.

Par ailleurs, ses talents de parolières brillent sur ce disque; évocateurs et rêveurs, ses mots permettent à l’auditeur de se laisser transporter, de rêvasser et de retourner son jardin personnel. À écouter pour se réconforter lorsque la réalité devient trop rébarbative.

Philippe B – La grande nuit vidéo

Le musicien s’est donné un défi impressionnant pour ce nouvel album; il a construit une réflexion cinématographique sur sa vie et sa relation de couple. Philippe B possède cet incroyable talent de faire côtoyer le majestueux grandiose et la douce simplicité pour confectionner des chansons marquantes à tous coups. Le magistral, il est partout: on le retrouve notamment dans l’instrumentation orchestrale d’une grande beauté, qui donne une tout autre dimension au récit d’«Explosion», et qui est aussi riche que sa voix parfois caverneuse, dès la pièce d’ouverture.

Si on constate aussi rapidement qu’Ornithologie, la nuit, son dernier disque, n’est pas bien loin dans les choix de mélodies et d’ambiances; on est aussi dépaysés, par moments, surtout grâce aux pièces qui utilisent à bon escient la voix divine de Laurence Lafond-Beaulne (Milk & Bone).

>Lire la critique complète ici

Keith Kouna – Bonsoir Shérif

Vif, audacieux et muni d’une attitude très «et vlan dans les dents», Kouna incarne l’esprit punk à merveille sur Bonsoir Shérif. Le chanteur des Ghoules ne fait pas dans la complaisance et fonce, tête première. Nous avons l’impression qu’il est un (digne) héritier de Bérurier Noir et des Secrétaires Volantes, et ce, même si ce n’est pas tous les titres de cette galette qui possèdent une cadence endiablée. Néanmoins, l’influence de la musique punk française des années 90 est bien présente, du début à la fin.

C’est le cas, par exemple, du titre «Shérif», qui sonne comme une tonne de briques. Très politique, Kouna alterne entre des mélodies plus rythmées et d’autres plus pop pour étayer ses paroles à caractère social. Toutefois, le sentiment d’urgence est omniprésent. Il utilise par moment une voix très mordante et nasillarde pour chanter à pleins poumons, comme sur «Les Vaches», ou encore, il parle, toujours sur un ton nasillard, pour cracher son fiel, c’est le cas avec «Poupée» et «Congo». Il s’improvise même crooner pour l’extrait «Doubidou».

Un excellent album, très pertinent en cette ère incertaine.

Yes Mccann – PS. Merci pour le love (EP) 

Yes McCan ne s’éloigne pas trop du style de Dead Obies et démontre son talent pour les paroles fluides et pertinentes, ancrées dans le franglais qui caractérise le groupe dont il est l’un des six membres, effleure des sujets tels que la vie urbaine, la vingtaine, la rançon de la gloire, les choix de vie et la place du rap au Québec.

Les rythmes ont un petit quelque chose de très apaisant et entraînant. Les échantillons aux influences électro apportent une touche de modernité qui se différencie du rap américain. PS. Merci pour le love est un album incontournable dans le paysage musical québécois, peignant un portrait contemporain de la culture actuelle.

Un maxi est cependant trop court cependant, un album complet constituerait un véritable ravissement.

Peter Peter – Noir éden 

Musique électro qui évite avec brio le piège de la nostalgie, Peter Peter offre du synthwave plutôt expérimental. Captivant, rêveur et introspectif, l’artiste se questionne et sillonne diverses expériences humaines, plus spécialement la solitude et l’errance. Ayant finalement décidé de demeurer à une adresse fixe à Paris, il s’attaque à l’écriture de Noir Éden et profite de son studio maison pour jouer avec les différentes sonorités et ajouter des couches de textures complexes et raffinées à sa musique. La réalisation est particulièrement limpide. Il réussit à créer un univers enveloppant et fantasmagorique dans lequel il est très facile de se perdre, et ce, avec délectation.

Le seul petit bémol est la voix légèrement monocorde. Et malheureusement, les chœurs sonnent trop artificiels pour y infuser un peu de dynamisme. Cependant, cela n’empêche d’apprécier Noir Éden pour ses grandes qualités; imaginatif, substantiel, poétique et novateur.

Bonne année 2018 à tous! Souhaitons-nous plein de merveilleux albums à découvrir dans les prochains mois!