Les 20 meilleurs albums anglos et francos de 2017

Top 10 des sorties francos

Charlotte Gainsbourg – Rest

Est-ce que l’actrice et chanteuse a sa place sur un top francophone? Pourtant, lorsque l’on pense à Charlotte Gainsbourg, on l’associe irrémédiablement à son père, ce monstre sacré de la chanson française. Et même si elle entremêle la langue de Shakespeare et celle de Molière sur Rest, sa musique possède un charme français indéniable. Pour ce cinquième album, elle signe les textes, une première pour l’artiste qui n’a jamais voulu écrire ses paroles. Cette fois-ci, c’était différent, elle avait besoin d’un exutoire.

Et pour cause, elle doit accepter la perte de sa sœur (Kate) et faire le deuil de son père (Serge Gainsbourg). Elle possède une voix feutrée très douce, comme si elle voulait chuchoter plutôt que chanter. Celle-ci s’harmonise parfaitement avec les sonorités à la Daft Punk qu’elle privilégie. Sa musique est éthérée, parsemée d’accents d’électro, moderne et rétro à la fois. De plus, le rythme accentue le côté «musique de style cafés parisiens» qui émane de cette offrande. Force est de constater que cette formule fonctionne très bien pour elle.

Paupière – À jamais privé de réponses

Après un premier EP, Jeunes Instants, la formation nous offre enfin un opus complet. Offrant une pop électro actuelle qui puise ses influences dans le new wave des années 80, ce trio est une véritable bouffée d’air frais. Pierre-Luc Begin (We Are Wolves) et ses deux acolytes (Julia Daigle et Eliane Préfontaine) offrent une pop légère, presque enfantine, axée sur les synthétiseurs et les échantillons psychédéliques. Bien que visiblement inspiré par Depeche Mode et Human League, le groupe est cependant beaucoup plus vaporeux.

En effet, la cadence est très entraînante sans être effrénée. Le mélange de paroles romantiques et mélancoliques est très bien équilibré. Le résultat est un album contemporain et intemporel. Malgré la froideur que l’on associe généralement aux synthétiseurs, l’amalgame des voix féminines et masculines confère une chaleur très humaine à la musique.

Bref, il s’agit d’un plaisir coupable que l’on assume sans aucune gêne.

Mat Vezio – Avant la mort des fleurs cueillies

Cet auteur redoutable et musicien qui a une propension pour les sonorités fines et empreintes d’émotion. Il façonne à merveille ses récits à propos de l’amour, de cœurs brisés, de solitude, de deuil et de la réalité qui est parfois morose. Une guitare douce, une voix des arrangements efficaces et sans artifice permettent aux paroles de prendre tout leur sens. De plus, le jeu d’instruments à cordes est somptueux et dramatique, un joli complément aux paroles et à la mélodie, tout comme les chœurs, qui sont pudiques mais bien sentis.

Réalisé par Antoine Corriveau, Mat Vezio a su utiliser de façon astucieuse l’influence du musicien pour créer un premier disque d’une grande qualité. Cette offrande est par moment triste, mais elle démontre une certaine grâce et douceur. Nous sommes impatients de connaître la suite pour Mat Vezio, mais surtout, de le voir développer sa propre identité musicale.

Samuele – Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent

Sa poésie, sa musicalité et sa fougue ne font que s’entremêler sur cet album aux couleurs folk-rock, blues et indie sans complexe. La poète-musicienne se situe hors des standards; elle s’affirme haut et fort; elle prend sa place; elle revendique grâce à des textes engagés mais surtout au diapason des préoccupations, valeurs et réalités actuelles, qui parlent du féminisme, de l’amour et du désir comme nul autre.

Son univers musical est ponctué de rock expérimental et de blues. Bien qu’inégales dans leur style et leur rythmique, ce qui se répercute à l’écoute, les douze compositions s’avèrent accrocheuses. La guitare est omniprésente: il s’agit presque d’une extension de la chanteuse. Ce faisant, elle s’en sert autant dans les mélodies les plus rock que dans les «ballades» plus tristes. Mais ce sont les magnifiques textes de Samuele qui séduisent avant tout.

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Jacques Jacobus – Le retour de Jacobus

Jacques «Jacobus» Doucet, membre de Radio Radio, et ex-Jacobus et Maleco, propose enfin un premier album solo, drôlement nommé; Le retour. Cette idée de revenir avec un premier album n’est pas si farfelue. En effet, force est de constater que dans les deux derniers opus de la formation rap électro, on assistait tranquillement à la disparition du grand Jacobus (plus fortement marquée dans le très (trop) clinquant Light the Sky).

Il revient donc bel et bien avec un ensemble rond et cohérent où l’on semble retrouver son essence, ou du moins ce qu’on avait commencé à connaître de lui. Et il revient bien accompagné; Arthur Comeau est présent sur Le retour de Jacobus. Le maître du beat et des ambiances, grand disparu de Light the Sky, est ici de retour avec ses rythmes intoxicants et uniques, toujours aussi musicalement complice avec le grand brun. Avec deux albums solos derrière la cravate, Comeau a offert un écrin remarquable à l’univers de Jacobus.

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