Le roman post-apocalyptique «Station Eleven» d’Emily St. John Mandel – Bible urbaine

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Le roman post-apocalyptique «Station Eleven» d’Emily St. John Mandel

Le roman post-apocalyptique «Station Eleven» d’Emily St. John Mandel

Le choc d’être en vie

Publié le 3 octobre 2016 par Marc-André Amyot

Crédit photo : Éditions Alto

Que se passerait-il si 99% de la population s’éteignait en quelques jours? Une fois la civilisation effondrée, les valeurs sociales délaissées, les magasins et les demeures dévalisés, peut-être reste-t-il l’espoir. Le souhait de trouver un peu de l’Ancien monde. La volonté de mettre la main sur quelque chose, dans le Nouveau monde, qui fasse oublier à quel point on est «étranger à soi-même».

Arthur Leander, comédien et ancienne étoile du cinéma, s’écroule sur scène lors d’une représentation du Roi Lear, une pièce de Shakespeare, suite à un arrêt cardiaque. Il s’agit de la première victime d’une longue liste. La grippe de Géorgie s’apprête en effet à décimer la quasi-totalité de la population humaine, et seuls les plus chanceux éviteront l’hécatombe.

Vingt ans plus tard, tout ce qui rappelle l’ère moderne tombe en ruine. Les grandes villes s’apparentent à d’immenses cimetières desquels personne n’ose s’approcher. Les petites bourgades et leurs quelques commerces miteux sont dorénavant les seuls lieux où se concentrent les dernières âmes qui vivent. Une troupe itinérante de comédiens passe de village en village pour présenter des concerts et des pièces de théâtre. La vie semble avoir repris son cours dans un élan positif, jusqu’à ce que la troupe croise la route du prophète et des souvenirs de l’Ancien monde qui marchent dans son ombre.

Roman dystopique et post-apocalyptique, Station Eleven n’a rien de ce qui pourrait nous conforter dans nos préjugés face à ce genre littéraire. Au contraire. L’élégance de l’écriture et l’émotion qui transite par la plume de Mandel nous gardent les deux pieds bien ancrés sur terre. Un fabuleux contraste entre une époque terrible et la beauté de l’imaginaire nous transporte tout au long de ce roman choral. On ressent bien la détresse, mais aussi l’exaltation des personnages lors de chaque rencontre ou souvenir vécus. Il y a un étrange phénomène qui s’opère à mesure que l’on avance dans ce roman.

Peu à peu, l’auteure nous permet d’entrer dans son univers, de nous questionner sur ce qui est essentiel à notre bonheur.

Même dans un monde où tout s’est écroulé, Mandel propose l’espérance et la force. Un espoir empreint de réalisme, jamais naïf, et une force teintée d’art, d’histoire, de mémoire et de liens fraternels. Le temps d’une lecture, on arrive à penser comme le Dr Eleven, et on finit par se dire qu’il est si facile d’oublier la douceur de la vie sur Terre.

«Station Eleven» d’Emily St. John Mandel, Éditions Alto, 432 pages, 29,95 $.

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