3 bonnes raisons de visionner «Saltburn» – Bible urbaine

Cinéma

3 bonnes raisons de visionner «Saltburn»

3 bonnes raisons de visionner «Saltburn»

Le film choc de 2023 qui divise les critiques

Publié le 15 mars 2024 par Emilie Matthews

Crédit photo : Image tirée du film «Salburn»

Un anniversaire où aucun invité ne connaît le nom de celui qui souffle les bougies. Une scène intime étrange dans un cimetière. Des jaunes d’œufs coulants. Un labyrinthe gigantesque. Des galets en guise de souvenirs d'êtres disparus, lancés dans l'eau. Un ballet de pouvoir, de désir et de manipulations entre deux jeunes hommes. Voilà un résumé de «Saltburn» en quelques bribes de phrases. Votre curiosité est-elle piquée?

Chacun des éléments cités ci-dessus est un moment fort de la satire de classes sortie en salles en novembre 2023 et disponible sur Prime Video depuis trois mois. En tout cas, moi, c’est un film percutant que je n’ai pas pu me sortir de la tête pendant plusieurs jours après l’avoir vu!

Le dernier film d’Emerald Fennell, réalisatrice d’A Promising Young Woman (2020), est difficile à classer: mi-tragédie, mi-drame, mi-comédie, mi-horreur, cette œuvre échappe aux genres et bouleverse les spectateurs. Dans un entretien accordé à Empire en octobre 2023, il s’agit, selon elle, d’une «histoire romantique gothique et moderne».

Oliver Quick, interprété par Barry Keoghan, est admis à l’université Oxford, au Royaume-Uni, grâce à une bourse. Ce dernier incarne le parfait cliché du geek issu d’un milieu modeste: c’est un garçon trop sérieux et souvent maladroit avec les filles, qui porte des lunettes et qui semble posséder toutes les chemises à carreaux du monde. À son arrivée, il réussit à se faire un seul ami, à savoir l’autre geek du campus, un garçon qui finit par lui taper royalement sur le système.

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Image tirée du film «Saltburn»

Sa vie bascule au moment où il fait la rencontre de Felix Catton, interprété par la star montante Jacob Elordi, connu pour ses rôles dans la série télé Euphoria et le long métrage Priscilla de Sofia Coppola, où il interprétait Elvis Presley! Felix, lui, est cool sans trop d’effort. Il a un piercing à un sourcil, des amis, des tatouages. En plus, il fait tourner les têtes de toutes les filles et il a cette chance de provenir d’une famille aisée.

Lors du bal des finissants, Félix lance une invitation qu’Oliver ne pourra pas laisser passer: un été complet à Saltburn, la demeure familiale de Felix. Sauf que les choses vont rapidement prendre un tournant inquiétant…

Je ne vous en dis pas plus! Voici trois bonnes raisons de regarder ce chef-d’œuvre dès ce soir!

Une trame narrative qui tient en haleine

Si vous aimez les histoires à rebondissements, vous ne serez pas déçu∙e par Saltburn!

Le titre de ce long métrage révèle d’ailleurs un indice fort pertinent sur son thème principal, puisqu’il évoque l’expression «mettre du sel sur la plaie», qui symbolise ici la douleur exacerbée par l’acte de frotter du sel sur une blessure, ou plus généralement, de rendre une expérience douloureuse encore plus pénible.

C’est précisément ce qu’un des personnages principaux – je préfère taire son nom! – souhaite faire subir à son entourage. Il n’y a pas à dire, Emerald Fennell a su parfaitement maîtriser l’art d’introduire lentement, et d’une manière presque imperceptible, un sentiment de malaise.

En effet, dès l’arrivée d’Oliver à Saltburn, on nous dévoile une multitude d’indices suggérant le cœur de l’intrigue. Par exemple, la première fois que ce dernier entre dans la demeure, notre regard se pose sur une somptueuse porte d’entrée datant du XIVe siècle, ornée d’une multitude de détails architecturaux symétriques. Aussi, notre œil remarque une petite statue d’un pick-up intégrée dans la façade, un élément qui n’a tout simplement pas sa place en ce lieu. Selon moi, cet anachronisme suggère qu’Oliver ne devrait pas se trouver à Saltburn, à l’instar de cette statue sculptée il y a 700 ans et qui ne devrait pas se trouver dans ce domaine.

Quelques instants plus tard, on découvre une entrée au carrelage élégant, remplie de bustes en marbre et de portraits, ainsi qu’un lustre de diamants où est collé un mystérieux objet: un papier tue-mouches orné d’une centaine de cadavres. Encore une fois, cet élément n’a aucunement sa place ici et est annonciateur d’un mauvais présage.

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De gauche à droite: Elspeth Catton, Sir James Catton, Oliver Quick, Felix Catton, Venetia Catton et Farleigh Start

Tout au long du récit, on fait la rencontre d’une galerie de personnages excentriques qui rythment le récit: la matriarche de la famille, Lady Elspeth Catton, semble vivre dans un monde à part en raison de sa richesse et de son statut. Cette dernière aime prendre sous son aile des individus égarés, comme cette pauvre Pamela, en fuite à Saltburn pour échapper à son ex-petit-ami.

Farleigh Catton, le cousin, est quant à lui un adolescent qui fait preuve d’un sens de la répartie inégalé et qui est prêt à tout pour protéger sa place au sein de la famille lorsque celle-ci se voit menacée.

Quant à la petite sœur de Felix, Venetia Catton, aussi charmante que perspicace, elle se retrouve malheureusement prise dans les filets manipulateurs du protagoniste…

Un terreau fertile pour les références littéraires

Fennell, à travers le scénario, utilise des références connues pour créer une atmosphère de sécurité qui, par la suite, devient étrange et renforce le sentiment de malaise chez le spectateur. Effectivement, rien ne fait autant peur que ce moment où le familier devient effrayant!

C’est ainsi qu’au long du visionnement, on retrouve çà et là une multitude de références littéraires et plusieurs autres tirées de la mythologie grecque. Le mythe du Minotaure tué par Thésée est notamment évoqué, symbolisé par une statue immense du Minotaure placée au cœur du labyrinthe de la propriété. Lors d’une soirée à thème inspirée du Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare, j’y ai reconnu, dans la foulée, le personnage de Nick Bottom, ce tisserand connu pour avoir eu la tête transformée en celle d’un âne par le lutin sournois nommé Puck, de même que des fées, et aussi un invité énigmatique portant des bois de cerf, rappelant ainsi les cornes du Minotaure.

Cependant, dans Saltburn, les rôles sont inversés: c’est le Minotaure qui triomphe, et c’est Thésée qui trouve la mort. Le film explore également des thèmes en lien avec la romance aristocratique homosexuelle à l’instar de Retour à Brideshead d’Evelyn Waugh, ainsi que des jeux de manipulation à l’image de Richard III, autre clin d’œil à Shakespeare. Au fur et à mesure que l’histoire progresse, j’avais l’impression de découvrir des indices sur les événements à venir, et ce, grâce à leurs origines littéraires.

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Image tirée du film «Saltburn»

J’y ai également observé des références au vampirisme dans la littérature. Bien qu’aucun personnage de cette histoire ne soit un vampire, l’un des protagonistes pourrait être comparé à un métamorphe capable de tromper les gens en se faisant passer pour quelqu’un d’autre, à l’instar d’un vampire dissimulant son identité dangereuse.

Saltburn, c’est l’histoire d’un prédateur qui se nourrit de ses victimes tel un vampire avide de sang!

Un voyage dans le temps délicieux

Saltburn se déroule en 2007. Les décors, les costumes et la bande-son nous plongent totalement à cette époque. Felix, à un certain moment, est vu en train de lire le septième tome de la série Harry Potter, Harry Potter et les Reliques de la Mort. Siân Miller, la responsable de la conception du maquillage et de la coiffure de Saltburn, s’est inspirée des séries The O.C. et Mean Girls, des classiques des années 2000, pour les costumes, incluant dans sa palette des paillettes et des polos à col relevé.

Selon Fennell, toujours lors de son entretien dans Empire, la mode de cette époque place en quelque sorte tous les personnages, quelle que soit leur situation socioéconomique, sur un même pied d’égalité: «Des bronzages artificiels irréguliers, des extensions capillaires ratées, des BlackBerry et des petits foulards brillants —peu importe à quel point vous étiez sexy ou riche, il était difficile de bien porter cela.»

Pour ma part, j’ai été ravie d’entendre certains de mes tubes préférés de l’époque, alors que j’étais au lycée, comme «Time to Pretend» de MGMT, «This Modern Love» de Bloc Party, «Mr. Brightside» des Killers, ou encore «I Bet You Look Good on the Dancefloor» des Arctic Monkeys. Ce film a également marqué le grand retour de «Murder on the Dancefloor» de Sophie Ellis-Bextor, une chanson à propos d’une participante à une compétition prête à tout pour éliminer ses rivaux.

C’est tout à fait à l’image de notre personnage vampirique, vous ne trouvez pas?

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Image tirée du film «Saltburn»

Une fois le film terminé, on a l’impression d’émerger du terrier du lapin d’Alice au Pays des Merveilles, en version 17+. Que s’est-il donc passé? Ce chef-d’œuvre est en soi une véritable chasse au trésor remplie d’indices et de références qui vous mèneront jusqu’à la grande révélation finale lors des dernières scènes.

La beauté de ce long métrage réside définitivement dans la manière dont le récit est habilement construit, plutôt que dans un message central puissant livré à la fin. C’est une exploration experte de la psyché humaine qui se concentre sur le fonctionnement des humains en tant que marionnettes et marionnettistes.

Mais qui restera sur scène une fois que le rideau tombera?

Écartez-vous, M. Ripley (L’Énigmatique M. Ripley), Mr. Abagnale (Arrête-moi si tu peux), Mme Dunne (Les Apparences) et autres escrocs du cinéma… Vous n’arrivez pas à la cheville d’Oliver Quick!

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