MusiqueL'épopée musicale de
Crédit photo : Coldplay @ Photo par Dave Meyers
9. A Head Full of Dreams (2015)
La tournée qui a suivi la sortie d’A Head Full of Dreams constitue la cinquième plus lucrative de l’histoire, et ce, derrière des gros noms tels que U2 et The Rolling Stones. Paradoxalement, l’album que le groupe souhaitait promouvoir auprès de ses fans est sans doute le moins bon de sa carrière. Et Coldplay ne semble pas en désaccord! Le seul titre de cet opus qui a été joué en spectacle depuis cette tournée est le simple «Adventure of a Lifetime».
L’année précédente, suite à la rupture très médiatisée entre le chanteur Chris Martin et sa femme, l’actrice Gwyneth Paltrow, le quatuor avait fait paraître Ghost Stories, une œuvre plus intime et plus sombre (intime et sombre pour Coldplay, entendons-nous!) Sans surprise, l’album n’a pas reçu le même succès que ses prédécesseurs, mais au moins il nous a permis de découvrir la chanson «A Sky Full of Stars», l’un de leurs plus grands hits.
Il s’agit en fait de l’antipode de Ghost Stories. Si Coldplay a toujours été un groupe positif qui aime qu’un stade entier puisse entonner ses chansons en chœur, cette facette de leur personnalité a ici été exploitée au maximum et on s’approche dangereusement du «quétaine», par moments.
8. Music of the Spheres (2021)
L’un des gros problèmes de Coldplay au cours de la dernière décennie est sa volonté de plaire à tous. Certes, cela permet aux musiciens de remplir des stades, mais musicalement, ça leur nuit énormément. Il semble qu’à chaque fois que la formation crée un nouveau disque qui la sort de leur formule habituelle, la réception du public se fait moins bonne. Alors, le quatuor rectifie le tir pour l’album suivant, mais avec des résultats souvent désastreux.
Au même titre qu’A Head Full of Dreams était en soi le reflet d’une réponse au plus délicat Ghost Stories, Music of the Spheres vient après Everyday Life, car c’est un album qui se voulait plus expérimental (encore une fois, expérimental pour Coldplay). Sur Music of the Spheres, le groupe retourne donc à sa formule de pop d’aréna des dernières années, et ça n’a pas été un franc succès.
Qu’à cela ne tienne, on y retrouve des collaborations avec BTS et Selena Gomez, question de plaire aux plus jeunes, de même que des pièces nommées par des symboles comme «♡» et «∞», pour faire plus profond, un concept spatial pas très bien défini, et des paroles qui se veulent inspirantes. Mais le sont-elles vraiment? («That you’ve got a higher power, got me singing every second, dancing every hour, oh yeah, you’ve got a higher power, and you’re really someone I wanna know»…)
Je me demande si Music of the Spheres n’est pas en réalité pire qu’A Head Full of Dreams. Ce qui le «sauve», à mon avis, c’est le dernier morceau, l’excellente quoiqu’un peu longue «Coloratura».
Une chose est sûre, ces deux œuvres méritent de se situer au bas de ce classement.
7. Ghost Stories (2014)
Ghost Stories se trouve loin devant les deux dernières entrées, mais il ne s’approche pas du sommet pour autant. L’élément le plus intéressant de cet opus est sans doute sa «petitesse», comparé à la grandiloquence toujours exponentielle des autres albums du groupe.
Tel que mentionné précédemment, Ghost Stories a été composé suite à la séparation du leader Chris Martin. L’album se veut ainsi plus intime, plus sombre, plus expérimental… mais Coldplay ne peut s’empêcher de rester Coldplay, c’est pourquoi ses musiciens expérimentent donc «en surface». La preuve, le simple «A Sky Full of Stars» détonne complètement et semble exister uniquement pour devenir un succès radio.
Et c’est cette volonté de plaire à tous qui rend le disque banal en fin de compte. Des albums qui abordent une rupture, il y en a plein dans l’histoire de la musique, et de bien meilleurs. Et des albums de Coldplay, il y en a aussi de bien meilleurs.
6. Mylo Xyloto (2011)
Mylo Xyloto, même s’il ne figure pas parmi les meilleurs parutions du quatuor, est possiblement l’album le plus représentatif de Coldplay, pour le meilleur et pour le pire. Si l’on retrouve des éléments présents sur les quatre premiers opus, c’est ici que le groupe devient réellement pop, avec des chansons plus rythmées et beaucoup plus de sonorités électroniques. Mylo Xyloto fait le pont entre les débuts de Coldplay et ce que la formation fera paraître par la suite.
Le problème, c’est que les premières offrandes de la formation britannique étaient beaucoup plus intéressantes que celles qui ont suivi (d’ailleurs, il y a une raison pour laquelle elles figurent toutes dans le top 5 de ce classement). Mylo Xyloto est loin d’être mauvais; c’est leur meilleure œuvre purement pop, et ce, bien devant A Head Full of Dreams et Music of the Spheres.
Les singles «Every Teardrop Is a Waterfall» et «Paradise» sont efficaces. En ouverture, «Hurts Like Heaven» est très bonne, et «Us Against the World» ainsi que «Up in Flames» montrent que Chris Martin est encore capable d’écrire d’excellentes ballades.
Cependant, le reste est un peu fade et facilement «oubliable». Même «Princess of China», un duo avec la star Rihanna, n’offre rien de mémorable.
5. X&Y (2005)
Lorsque X&Y est sorti, Coldplay était en voie de devenir le groupe le plus populaire de la planète. L’album n’a rien fait pour arrêter leur lancée et l’a même décuplée avec des succès monstres tels que «Fix You» et «Speed of Sound».
Cependant, et au-delà des hits commerciaux, ce n’est pas l’œuvre la plus intéressante. C’est un peu la même chose que sur les disques précédents, mais en plus grandiose. Ou du moins, Chris Martin et sa bande ont tenté de faire plus grandiose. Malheureusement, les ballades sont pour la plupart banales, et les pièces plus rythmées, un peu pompeuses.
Contrairement aux opus qui se retrouvent plus bas dans ce classement, la majorité des morceaux ici restent agréables à écouter. En fait, X&Y se laisse apprécier, mais son manque flagrant d’originalité le fait glisser au cinquième rang de ce classement.
4. Everyday Life (2019)
Voici le meilleur album du groupe en plus d’une décennie! Lors de sa sortie, j’ai eu un léger espoir que Coldplay retrouve ses repères et, du même coup, sa pertinence. Cependant, la parution subséquente de Music of the Spheres a anéanti cet espoir…
Ici, le quatuor renoue avec ce qui a fait son succès lors de ses premières années d’existence, et en profite également pour ajouter quelques cordes à son arc. On reconnaît certains échos propres aux sonorités de leurs chansons plus douces depuis leur premier effort, Parachutes, ainsi que des influences world beat, et même certains morceaux qui s’approchent plus de leurs offrandes pop parus ces dernières années. Or, au sein d’une œuvre plus variée comme celle-ci, ces chansons passent beaucoup mieux.
Au contraire de X&Y, Everyday Life n’est pas l’album qui contient les pièces les plus accrocheuses, mais la diversité qu’il propose par rapport au reste du catalogue le fait monter dans notre échelle d’appréciation.
3. Viva La Vida or Death and All His Friends (2008)
Après trois albums au succès populaire indéniable, Coldplay, en 2008, cherchait à se «prouver» sur le plan artistique. Pour ce faire, ils ont engagé le légendaire Brian Eno avec l’idée de le faire travailler sur la production. Le résultat est l’un de leurs meilleurs efforts.
Eno a eu l’éclair de génie de ne pas les pousser hors de leur zone de confort, mais plutôt de les faire expérimenter à l’intérieur de celle-ci. Coldplay est beaucoup trop poli pour pouvoir changer trop radicalement, et leur volonté de plaire à tout un chacun les empêche de faire une transformation trop importante.
Viva La Vida or Death and All His Friends est sans doute ce qui se rapproche le plus d’un changement de cap majeur. L’ensemble est si bien réalisé qu’il contient certaines de leurs chansons les plus accrocheuses, dont «Viva La Vida» ainsi que «Lost», et aussi certaines de leurs meilleurs morceaux comme «Violet Hill» ou «Death and All His Friends».
Au moment de sa sortie, on pouvait croire que X&Y n’était qu’un léger faux pas et que le meilleur était encore à venir. Malheureusement, ce ne fut pas le cas…
2. Parachutes (2000)
Je me souviens d’avoir acheté ce disque et de l’avoir écouté en boucle alors que le groupe était encore sous le radar au Québec. À ce moment, il était impossible de prédire à quel point Coldplay deviendrait populaire. Et il aurait été intéressant de voir ce qu’ils auraient pu faire s’ils avaient continué dans cette lignée.
Parachutes une œuvre beaucoup plus intime, menée entre autres par l’excellente «Don’t Panic» en ouverture, et par la magnifique balade «Trouble». Jamais, par la suite, le quatuor n’a réussi à montrer autant de vulnérabilité et de sincérité. Alors que le plus grand défaut du groupe est sans doute de toujours paraître «calculé», cette offrande est sans doute leur album le plus organique.
Ironiquement, et alors qu’ils ont ensuite donné davantage dans la pop d’aréna, leur chanson qui se rapproche le plus d’un hymne reste «Yellow».
1. A Rush of Blood to the Head (2002)
Après le succès de Parachutes, Coldplay a choisi d’élargir sa palette musicale. Et ça s’entend dès «Politik», un premier morceau plus agressif que n’importe quel titre qui l’a précédé. Alors que Parachutes sonnait généralement calme et intime, A Rush of Blood to the Head se voulait plus explosif et extraverti.
Des pièces comme «Daylight» et «God Put a Smile Upon Your Face», beaucoup plus énergiques que ce à quoi ils nous avaient habitués, les ont propulsés vers les arénas dès ce moment (entraînant avec elles des comparaisons avec U2 qui les suivront pour le restant de leur carrière).
Ailleurs, on retrouve certains de leurs plus grands (et meilleurs) succès, comme «Clocks», «In My Place» et «The Scientist», mais aussi, pour clore le tout, deux de leurs plus belles pièces, soit la chanson-titre et «Amsterdam».
Alors qu’il soufflera vingt chandelles dans quelques mois, A Rush of Blood to the Head reste encore à ce jour le plus grand chef-d’œuvre du groupe.