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«Le repas des fauves» de Denise Filiatrault au Théâtre du Rideau Vert
Transformer une tragédie humaine en comédie «dramatique»
Crédit photo : François Laplante Delagrave
C’est d’ailleurs André, le personnage de Marc Béland – impeccable dans son rôle – qui ironiquement, sera le plus lâche en mettant le plus d’effort pour faire couler tout le monde sauf lui. Égoïste, vicieux, hypocrite et manipulateur, André est prêt à absolument tout pour sauver sa peau et n’a aucune malice à envoyer quelqu’un se faire tuer si c’est pour l’épargner lui-même. Malgré quelques accros au texte lors de la première, Béland est sans doute le comédien qui a le mieux maîtrisé son personnage complexe, joué avec beaucoup de nuances.
Mais au final, il faut bien avouer que chacun, sans exception, sera capable des pires mensonges et bassesses pour tenter de survivre, et tous les comédiens tirent leur épingle du jeu à un moment ou à un autre en révélant tout le potentiel – ou toute l’horreur – de leur personnage.
Cependant, malgré la trame très dramatique, certaines situations sont tellement poussées qu’elles deviennent presque absurdes, et on tombe dans le burlesque. Les éclats de rire, plutôt nombreux, désamorcent la situation, certes, mais rendent le propos moins crédible. Rit-on jaune ou rit-on de bon cœur de voir les expressions faciales de l’excellent Patrice Coquereau? Toujours est-il que l’on rit, et que cela fait en sorte que l’on se laisse moins toucher par cette histoire qui aurait pu être hautement poignante. Est-il seulement possible de rire autant d’un tel sujet?
Au final, cette presque comédie nous remuera à une ou deux reprises, par exemple alors que Pierre, l’ami aveugle (impressionnant Benoît McGinnis) est laissé à lui-même dans une situation dangereuse, alors qu’on lui avait promis que quelqu’un s’occuperait toujours de lui, car tout le monde a tenté de sauver sa peau en pensant uniquement à lui-même, mais on en retiendra surtout que la gravité de l’histoire n’a pas été prise assez au sérieux, lui enlevant de sa crédibilité.
Ministre de la défense du théâtre
Bachelière en journalisme, Alice aime l’idée de réunir ses deux plus grandes passions: la culture et le fait d’avoir la chance de s’exprimer.
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