«Béa» de Mick Gordon au Théâtre Prospero – Bible urbaine

ThéâtreCritiques de théâtre

«Béa» de Mick Gordon au Théâtre Prospero

«Béa» de Mick Gordon au Théâtre Prospero

On ne peut pas être défectueux toute une vie

Publié le 3 mai 2015 par Solveig McClure-Poirier

Crédit photo : Laurence Dauphinais

Béatrice est malade. Depuis 8 ans, elle est prisonnière de son corps, condamnée à demeurer au lit, dans sa chambre enfantine. Et puis un jour, Raymond se présente, un jeune homme coloré et drôle avec qui elle pourra enfin s’évader un peu de la lourdeur de son quotidien.

C’est sans aucun doute pour le jeu sans failles de Yanick Chapdelaine que la pièce est un incontournable du printemps. Dans une mise en scène d’Olivia Palacci, il tient le rôle de Ray, un jeune homme rafraichissant qui, un peu à la Intouchables, parviendra à ajouter un peu de folie aux derniers jours de Béa. En effet, c’est avec son aide que Béatrice parviendra à faire face à sa mère et à se délivrer une fois pour toutes, du poids de sa maladie. Mais c’est également grâce à lui qu’elle pourra quitter son corps défectueux avec une grande légèreté et beaucoup de bonheur.

Alexandra Cyr que l’on a connu dans la websérie Quart de vie, notamment, est pratiquement méconnaissable dans le rôle de la jeune malade.  Celle qui enchaine les apparitions au petit écran  livre cette fois une performance touchante, empreinte d’humour et de beaucoup de sensibilité. Étendue dans un lit pour l’entièreté des deux heures de la pièce, ses gestes rares et la rigidité de son corps laissent croirent la réalité d’une jeune femme dont la maladie s’est grandement emparée du corps.

Au cours de ces deux heures qui ne présentent aucune longueur, Ray et Béa développent une très grande amitié empreinte d’humour, de confrontations et de questionnements. Si Béa semble s’amouracher de son nouvel aide soignant, ce n’est que pour bien profiter de cette dernière ligne droite avant de quitter la monotonie des dernières années. Ensemble, ils jouent à l’interdit, tentent de se découvrir et connectent grandement, au mécontentement de madame James, la mère de cette dernière. 

En laissant de côté les monologues trop dramatiques qui ne feraient que rendre cette pièce trop lourde, les personnages sont rafraichissants et très attachants. La mère de Béa, incarnée avec justesse par Suzanne Lantagne est confrontée aux limites de l’empathie mais surtout, à la triste réalité de devoir accepter les choix de sa fille. L’évolution du personnage, tout au long de la pièce, est émouvant et surtout très réaliste. Elle permet de regarder la situation sous un autre angle alors qu’elle confrontée à de grandes questions d’éthique.

Puisant dans les thèmes du suicide assisté, de la peur et de l’échec des relations, la pièce basée sur un texte de Mick Gordon est un immanquable de la saison et sera présentée dans la salle intime du Théâtre Prospero, et ce, jusqu’au 16 mai.

L'avis


de la rédaction

Nos recommandations :

Vos commentaires

Revenir au début