«La petite anecdote de…» Olivier Arteau, artiste multidisciplinaire et directeur artistique du Théâtre du Trident – Bible urbaine

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«La petite anecdote de…» Olivier Arteau, artiste multidisciplinaire et directeur artistique du Théâtre du Trident

«La petite anecdote de…» Olivier Arteau, artiste multidisciplinaire et directeur artistique du Théâtre du Trident

L'amour, le vrai et au-delà des mots

Publié le 30 janvier 2023 par Mathilde Recly

Crédit photo : Stéphane Bourgeois

Chaque semaine, Bible urbaine demande à des artistes de tous horizons de raconter une anecdote ludique, touchante ou simplement évocatrice sur un thème inspiré par son œuvre. Cette fois, on a demandé à Olivier Arteau, artiste multidisciplinaire, directeur artistique du Théâtre du Trident et cofondateur du Théâtre Kata de se prêter au jeu. Et ce dernier, qui a plus d'un tour dans son sac, a habilement transformé le souvenir de sa rencontre avec son amoureux pour lui adresser par la même occasion une jolie lettre d'amour... On vous laisse découvrir!

J’ai consulté durant plus d’un an un sexologue pour parvenir à me comprendre par le biais du corps.

C’était à l’époque où nous nous étions vus pour la première fois, où nous avions dansé ensemble, où ta présence m’avait traversée et où je tentais obstinément de faire abstraction du passage de tes phéromones sur moi. T’en rappelles-tu?

C’était lors d’un laboratoire de création, dans une ville qui n’était ni chez moi ni chez toi. Tu avais déposé, de façon naïve, tes empreintes digitales sur mon ventre. Et à partir de ce moment, j’ai été happé… viscéralement.

C’était sur la chanson «Blouson noir» d’AaRON qu’on a improvisé la première fois. Sans paroles, nous étions contraints à une succession de gestes. Des gestes qui auront eu sur moi un effet permanent.

Ç’a été le début d’une époque de doutes, certainement, mais cette incertitude fut salvatrice.

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Olivier Arteau avec son amoureux Fabien Piché, lors des répétitions de «L’éveil du printemps» au Théâtre du Trident. Photo: Stéphane Bourgeois

Avec toi, je me rends compte de l’impact du silence. Étant danseur, ta pratique artistique m’a happé au point de vouloir taire les mots pour laisser parler la peau. Tu t’es inscrit dans mes plus récents projets (L’éveil du printemps de David Paquet et ma création Pisser debout sans lever sa jupe) afin de pervertir le théâtre, le faire muter, annihiler la cognition pour aller là où se sont révélés nos inconscients quelques années auparavant: dans des gestes.

Ça doit être la trentaine. La crise des chiffres. Le nouveau zéro, mais j’ai peur. Je crains le jour où la lumière du dimanche matin sur ma peau ne sera plus un signe d’érotisme pour toi, mais un unique constat du temps qui passe.

Car dès que je saurai de quoi demain sera constitué, je commencerai doucement à crever. Il me semble que le seul vrai plaisir, c’est de ne pas savoir comment ça va finir. Nos vies comme nos projets, nos ébats comme nos désirs. Crois-tu en la métamorphose, toi?

Si je te disais que c’était vraiment possible de se transformer en monarque… sens-tu soudainement l’étincelle de vie qui nous ferait voler jusqu’au Mexique?

J’ai l’impression, avec toi, d’aller là où je ne me connais pas.

Tu révèles en moi, par ta disponibilité, ton engagement corporel, ton accès privilégié aux moindres pétillements, des parts de mon être que je ne croyais pas exister.

J’ai désormais envie de privilégier, dans nos impulsions artistiques, le silence à l’abondance de bruit, l’authenticité à l’originalité, l’honnêteté à la gloire, la porosité à la rigidité et le nomadisme à l’immobilisme.

Je t’aime, mon amoureux. Et aucun mot n’est plus révélateur que la vibration de mon être en ta présence.

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Jusqu’au 18 février, découvrez L’éveil du printemps au Théâtre du Trident: le spectacle est mis en scène par Olivier Arteau et les chorégraphies ont été créées en collaboration avec son amoureux Fabien Piché! Et pour lire d’autres petites anecdotes, c’est par ici.

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